Quelques jours plus tard, Victor et Clémentine connurent un peu de répit. Un suspect avait été arrêté. Il s'agissait de Luke Molina, le fils d'Arnaud. Après avoir d'abord porté leurs soupçons sur son père – Victor n'y avait jamais cru – les policiers avaient amassés suffisamment de preuves contre Luke qui avait fini par avouer être entré chez Clémentine. Voilà des semaines qu'il suivait sa professeure de sport, la prenait en photo, épiait ses conversations. Pour seule explication il avait confessé être tombé amoureux d'elle. Ça avait commencé au cœur de l'été, bien avant la rentrée scolaire, quand elle fréquentait assidûment la plage, que ce soit pour nager, un bain de soleil ou un verre à La Paillote, le bar de plage qui s'installait chaque année à même le sable pour la saison.
— Tu as l'air d'aller mieux, constata Victor.
— Oui, j'ai bien dormi cette nuit. Je suis soulagée de savoir qu'ils l'ont arrêté. Tu te rends compte que j'aurais dû l'avoir en cours toute l'année !
Elle sourit comme il ne l'avait plus vu faire depuis des jours. Il avait une nouvelle fois délaissé son travail pour la retrouver chez elle, certains clients commençaient vraiment à grincer des dents. Ils avaient préparé ensemble un déjeuner frugal qu'ils avaient dégusté sereinement en parlant de choses et d'autres – essentiellement de Garance, qui selon sa mère n'envisageait pas avec assez de sérieux sa première année de fac, et de Timothée, qui avait une petite amie américaine. Ils prirent leur café au salon, et une fois leurs tasses avalées, Clémentine se recroquevilla sur le canapé, appuya sa tête sur les genoux de Victor, puis lui prit la main pour qu'il la pose sur sa taille. Ainsi calée, elle lui assura se sentir parfaitement rassurée.
— Merci d'être là pour moi, fit-elle. J'en avais besoin.
Le bout des doigts de Victor effleura la ligne des cheveux de Clémentine, du haut de son front jusque derrière son oreille. Il répéta le geste plusieurs fois.
— Tu pourras toujours compter sur moi, dit-il. Que notre relation dure ou non, je serai toujours là pour toi. Et je suis désolé si je m'y prends mal parfois.
Victor faisait allusion aux tentatives qu'il avait faites de lui imposer ses méthodes – comme mettre la pression aux flics en appelant le préfet, l'expédier dans une chambre d'hôtel ou lui coller un vigile sans lui demander son avis – alors qu'elle ne voulait rien de tout cela.
— L'argent, les costumes, les belles bagnoles, ce n'est que du vernis, reprit-il. La vérité c'est que je n'ai jamais été éduqué, alors je suis un vrai connard parfois.
Clémentine tendit le bras vers son visage et lui caressa la joue. Sa barbe de trois jours était moins subtilement taillée que d'habitude, et des cernes mangeaient ses joues sous ses yeux sombres.
— Ça va, toi ? demanda-t-elle.
— Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.
Clémentine se redressa en gardant contre elle le bras de Victor qui lui ceignait la taille.
— Si, dis-moi. C'est Lou ?
— Lou, le boulot... Je perds tous mes repères depuis que je t'ai rencontrée.
— Je suis désolée. Ça n'a jamais été mon intention de nuire à ton couple, tu le sais.
— Je crois qu'elle m'a quitté.
— Quoi ?
— Elle a compris pour nous deux. Et ce matin, quand tu m'as appelé, elle m'a dit que si je décrochais c'était fini.
— Oh Victor ! Tu n'aurais pas dû prendre mon appel ! Elle sait depuis quand ?
— Je ne sais pas exactement, elle a bien vu que je ne suis plus à la maison depuis que je te connais. Et puis elle a trouvé un cheveu à toi sur une de mes chemises. Je ne lui ai pas confirmé que c'était le tien, mais bon, elle n'est pas idiote.
— Je suis désolée, répéta Clémentine.
— Pas moi. Tu m'as ouvert les yeux, Clémentine. Ça fait des mois qu'avec Lou on ne fait que se croiser. On travaille ensemble, on s'appelle pour se présenter des clients, on partage des déjeuners d'affaires. Nous ne sommes que deux associés vivant sous le même toit, rien de plus. Je ne veux plus de cette vie-là. C'était bien le temps que ça a duré, mais aujourd'hui ça n'a plus de sens pour moi.
— Mais ça change tout entre nous, je ne suis pas certaine que ça me convienne, déplora Clémentine. Après ce que j'ai vécu avec Maxime, et le divorce qui n'est pas finalisé, je ne suis pas prête à m'engager dans une nouvelle relation de couple.
— Je le sais ça, je t'ai entendue. Mais tu ne peux pas m'empêcher d'être fou de toi. Et je le suis, tu peux en être sûre. Alors pour l'instant je suis là, c'est tout, je ne te demande rien de plus. Tu veux bien ?
Silencieusement, Clémentine hocha imperceptiblement la tête en signe d'approbation. Victor approcha son visage et l'embrassa tendrement. Avoir ouvert son cœur à Clémentine le délivra. Quoiqu'il se passe entre eux désormais, il se sentit plus proche de l'homme auquel il aspirait être, qu'il savait tapi au fond de lui. Celui que peu de gens connaissaient, Arnaud peut-être, et Lola, avant. Même pas Lou.
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Dans l'ombre du démon (Demain nous appartient - Clemor - ROMAN)
FanfictionQuand Victor décida de charmer Clémentine, il n'imaginait pas être pris au piège de ses émotions. Pouvait-elle être celle qui le soulagerait de la souffrance du deuil ? Serait-il capable de l'aider à affronter ses angoisses ? Avait-il droit au bonhe...