𝕞𝕖𝕞𝕠𝕣𝕒𝕓𝕚𝕝𝕚𝕒 (𝕟.𝕞) - en anglais, choses collectées en souvenir d'un événement ou de quelqu'un
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𝕀𝕤𝕒 𝕗𝕦𝕚𝕥. C'est ce qu'elle a toujours fait. Une course vers l'avant que rien n'arrête : ni la...
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Erwin était parti.
Et maintenant, Levi Ackerman se tenait face à elle, de l'autre côté des barreaux. Le visage du vétéran se révéla encore plus blafard qu'auparavant. Ses cheveux lui retombaient sur le front, comme une courte cascade de pénombre, et la lumière jouait avec la surface sans plis de sa chemise, ainsi que le foulard immaculé qui lui enserrait le cou. C'était la première fois depuis qu'elle l'espionnait, que Cha le voyait sans uniforme et sans harnais d'équipement.
Il paraissait différent, ainsi. Oh, pas moins intimidant, non. Mais plus vulnérable.
Sans le moindre mot ni le moindre regard pour elle, Levi lui tourna le dos et récupéra le trousseau de clés, sagement suspendu à un crochet. Le métal tinta entre ses doigts, à l'instar d'une promesse de mort imminente. Or, enchaînée comme elle l'était - coupable comme elle l'était - Cha se trouvait bien incapable de protester. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était regarder cet homme plonger la clé dans la serrure, franchir le seuil et refermer la porte dans un claquement sec. Coincée. Cha était désormais coincée avec lui, prise au piège comme une souris par un chat. Et de la même façon qu'un rongeur, son instinct primaire d'animal traqué lui hurlait de bondir et de fuir.
Pars, cours, danger, mort, cours !
Mais Cha refusais d'écouter la souris en elle, qui cherchait à s'échapper. Quitte à crever, elle préférait crever humaine.
Un regard attentif lui apprit vite que le chat ne semblait pas au meilleur de sa forme. Les mouvements qu'il s'autorisait étaient lents et un peu raides, comme esquissés avec prudence. Et malgré un visage lisse, froid, sa mâchoire se crispait régulièrement.
Levi souffrait.
Pourtant, même diminué, ce dernier dégageait une aura absolument terrifiante. Il accrocha le trousseau à sa ceinture, sans prêter attention aux tintements rouillés qui accompagnaient désormais le moindre de ses pas. Ceux-ci étaient d'ailleurs les seuls sons venus troubler un silence de plomb. Car malgré la douleur Levi avançait sans bruit, avec les pas feutrés d'un félin en chasse. Il se posta à quelques mètres de la couchette, et prunelles rivées au mur, laissa les secondes s'écouler, tomber sur eux deux comme une grêle de pierres froides. Cha sentait chacune d'entre elles lui peser un peu plus sur l'estomac. La clouer au matelas.
Et puis enfin, Levi daigna baisser les yeux et la regarder.
Cha les sentit la heurter de plein fouet comme deux balles de pistolet, perforer la peau de son visage pour mieux s'y enfoncer et ne jamais en ressortir. C'était à peine si elle parvenait à respirer, maintenant. Les prunelles de Levi étaient une chambre froide... Ce dernier l'observa, plongé dans un silence assourdissant. La dévisagea d'abord, puis la déshabilla du regard. Pas exactement comme Erwin, qui analysait en un coup d'œil et savait immédiatement à quoi s'en tenir. Levi Ackerman jaugeait comme un prédateur. Une créature sur le point de bondir et de dépecer sa proie, détectant tous ses points faibles, captant le moindre de ses tremblements, attendant le bon moment.