24 : Mensonge

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  « La manière dont ils vous ont traité mon cher Major, c'est vraiment regrettable… »

  Erwin acquiesça, une ombre de sourire sur le visage.

  « En effet, mais finalement les choses se sont arrangées d'elles-mêmes. Isadora a été tuée et l'on m'a acquitté.
  — Isadora… depuis le jour où elle a mangé à notre table, j'ai deviné que quelque chose ne tournait pas rond chez cette jeune femme.
  — En effet, elle a bien caché son jeu… »

  Erwin se redressa.

  « Lady Hildegard, je m'excuse mais le devoir m'attend au quartier général et je vais devoir vous quitter. Merci encore pour votre hospitalité. »

  D'un ample geste de sa main manucurée, Lady Hildegard balaya les remerciements du Major et sourit.

  « Ne vous en faites pas mon cher. Et n'hésitez pas à revenir quand vous le voudrez. Dois-je mander quelqu'un pour vous raccompagner ?
  — Non, ne vous en faites pas, la rassura poliment Erwin, je connais le chemin. »

  Sans un mot de plus, Erwin s'inclina et fit volte-face avant de s'éloigner dans les couloirs de la vaste demeure Edelstein.

  Suite à ses deux jours de captivité mouvementés, Erwin avait décidé de passer la nuit chez les Edelstein avant de rentrer au QG. Il affirmait à qui voulait l'entendre que son épuisement l'y obligeait, mais en réalité, le Major n'était venu que dans le but d'officialiser la "mort" d'Isa à Lady Edelstein. Il savait pertinemment que cette dernière s'empresserait d'aller colporter la nouvelle dans toutes les oreilles de son entourage. En quelques heures seulement, l'information se répandrait comme une traînée de poudre, et le monde entier serait vite au courant du décès d'Isa Keith, anciennement Isadora Bell. Alors seulement, le plan pourrait être considéré comme achevé.

  Dehors, il régnait un temps propice à se prélasser au soleil. Mais le Major Smith était un homme affairé et il devait absolument regagner le quartier général du Bataillon. Il suivit le chemin de graviers, dépassa une fontaine au tintement cristallin et franchit à grands pas le portail de fer forgé. À l'extérieur de l'enceinte l'attendait une calèche décorée du blason du Bataillon et deux chevaux tout harnachés.

  Le Major s'avança et après un signe de tête au cochet, ouvrit la porte du véhicule. Mais alors qu'il s'apprêtait à y monter, une voix l'interpella, venant de derrière lui. Erwin descendit le marche-pied et se retourna pour faire face à une jeune fille qui approchait d'un pas léger.

  « Êtes-vous bien le Major Smith ? s'enquit-elle doucement en s'arrêtant à distance respectueuse. »

  Erwin fronça légèrement les sourcils et hocha la tête.

  « Oui, c'est bien moi, mais excusez-moi je n'ai pas vraiment le temps de discuter. »

  Pourtant, inexplicablement malgré le temps qui lui était compté, Erwin ne monta pas dans la calèche et continua de fixer la jeune fille. Quelque chose dans ses traits fins comme de la dentelle retenait son attention, mais il n'aurait su dire quoi. D'une quinzaine d'années, avec ses longues boucles brunes et son ossature délicate, elle aurait pu être parfaitement banale. Cependant quelque chose d'indéfinissable émanait d'elle. Peut-être était-ce cette douceur pleine de grâce, cet air aussi mélancolique qu'un matin d'automne ou cette flamme étrange brûlant au fond de ses grands yeux marrons.

  « Je suis une amie de Katarina Edelstein, déclara-t-elle d'une voix douce et claire.
  — Enchanté. »

  La jeune fille le détailla pendant un court instant avant d'incliner brièvement la tête.

𝐌𝐄𝐌𝐎𝐑𝐀𝐁𝐈𝐋𝐈𝐀 - LeviXOcOù les histoires vivent. Découvrez maintenant