Provocateur

51 6 1
                                    

C'est sûrement la première chose que vous auriez remarqué à mon propos. Je suis provocateur.

Mon seul but, notre seul but dans la vie est de mourir. On vit pour mourir. On est programmé depuis la naissance, par nos animaux, nos amis, notre famille, à devoir faire face à la Mort. Elle est omniprésente, un faux pas et s'en est fini de votre petite vie minable et sans intérêt, vous serez sûrement pleuré quelques temps, puis les souvenirs s'effacerons, le temps fera son oeuvre comme on dit.

Au final, les personnes vous ayant pleuré mourront à leur tour, d'autres personnes préparées à les voir mourir les pleurerons, recommençant le cycle éternel de la vie et de la mort... Les meilleures amantes n'ayant jamais existé.

Alors si votre vie n'est qu'une marche funèbre, pourquoi se conforter dans la volonté de donner du sens à ce que vous voyez ? Rien n'a de sens. Même l'univers marche lentement vers sa fin, et lui aussi finira par baisser les bras, détruit par l'entropie, détruit par le chaos.

L'entropie. Le niveau de désordre d'un système isolé. De chaos.

Avez vous déjà ressenti ça ? Cette volonté de faire quelque chose de mal, une connerie, vous savez que c'est mal, mais une pulsion irrépressible vous murmure à l'oreille chaque seconde que vous devez le faire. Vous savez pas pourquoi, vous avez toujours été une personne sage. Pourtant, vous allez faire une connerie qui détruira une partie plus ou moins grande ou insignifiante de votre vie. Cette pulsion irrépressible de chaos. Cette volonté de destruction. C'est une pulsion inhérente au genre humain, à chaque système isolé. C'est ce qui vous pousse à fumer. A tromper votre femme ou votre mari. A voler. A tuer.

Poussant toujours plus loin le bouchon, vous vous disiez que ce n'était pas trop grave, puis ça prend une place de plus en plus importante dans votre vie, dans votre conscience, cela vous obsède, vous voulez passer à autre chose mais vous n'y arrivez pas et continuez à survivre au système autodestructeur auquel vous vous rattachez tel le misérable parasite que vous êtes. Si vous êtes courageux vous baisserez le niveau d'entropie du monde et vous suiciderez. Mais on sait tous que vous ne l'êtes pas.

Ce livre est un poison, mon poison. Aussi malsain que de regarder des photos et vidéos de personnes décapitées sur Internet, vous observez et constatez à quel point le monde va mal pour vous rassurer en vous disant que vous n'êtes finalement pas trop mal dans votre routine toujours aussi chiante, cette routine qui vous gangrène sans relâche, routine qui finira par vous faire faire des choses que vous ne faisiez que regarder avant.

Tout le monde s'empoisonne, en fumant, en mangeant mal, en se droguant, mais d'autres s'empoisonne l'esprit, sacrifiant leur raison, leur conscience et leur dignité au prix de chimériques visions d'un monde meilleur. Mais tous se trompe dans leurs actes, ils se rattachent à l'espoir qu'un jour tout ira mieux dans le meilleur des monde... mais évidemment ils se fourvoie. Rien ne changera, rien n'était mieux avant et rien n'ira mieux après.

Alors pourquoi ne pas s'amuser un peu ? C'est tout ce qui nous reste.

Le don de clairvoyance est un fardeau immense, sa toxicité l'est tout autant, alors la seule chose qui nous reste est de s'amuser de ceux qui ne le possède pas, et surtout de ceux qui ne le comprenne pas.


Voilà pourquoi je hais le genre humain, il est si... provocateur.

Courtes pensées d'un SociopatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant