𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 11- Heila

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Jonathan me tire la chaise pour que je m'asseye. Je me rapproche de la table pendant que lui s'installe près de moi. Nous sommes en face du salon. Je suis pied nus et en robe de soirée dans cette grande demeure d'une beauté inégalée, quel contraste. Par la baie-vitrée, je peux voir de grands immeubles luxueux, bien différent de la vue que j'ai habituellement, ce qui me fait dire que nous ne sommes plus dans Brooklyn. Vu la personnalité de Jonathan et ses moyens, je pense que nous sommes dans l'Upper East Side surnommé le « Districts des bas de soie » dans le nord-est de Manhattan. Si c'est le cas, je suis bien loin de mon appartement.

Deux couverts ont été installés pour nous par ses domestiques, je me demande combien il en a vu l'agitation autour de nous.

– Combien avez-vous de domestiques ? demandai-je.

Jonathan répond en posant son portable près de lui :

– J'ai deux cuisiniers, deux domestiques, un jardiner et un chauffeur. On peut compter aussi Antoine.

Antoine...

Je ne sais pas qui il est et pourquoi il passe son temps à me fixer comme s'il me surveillait ou je ne sais quoi mais il commence à me faire peur.

– C'est impressionnant... chuchotai-je.

Une domestique en tenue noire avec un tablier blanc arrive, elle a des longs cheveux noirs retenus en chignon et de beaux yeux verts. Elle m'adresse un sourire et me pose une assiette, elle fait de même pour Jonathan. La domestique pose ses yeux sur moi et me demande en voyant que je regarde les œufs au plat et le bacon grillé avec un air médusé :

– Vous désirez autre chose ?

– Non merci, ça ira.

Elle continue de sourire et s'en va, à vrai dire, je n'ai pas réellement faim. Jonathan demande en saisissant un couteau :

– Je crois que vous m'aviez demandé qui j'avais perdu ?

Je sens que ma gorge s'assèche, j'acquiesce en piquant du nez dans mon assiette.

– J'ai perdu la fille dont j'étais follement amoureux.

Je relève la tête vers lui.

– Comment s'appelait-elle ?

Jonathan fait de grands yeux et je vois qu'il hésite avant de dire son nom. Il tapote nerveusement la table et murmure :

– Heila.

– C'est un joli prénom.

Il me regarde avec des yeux de chien battu.

– J'ai le droit de vous demander comment elle est morte ?

– Je suis navré Mademoiselle Collins mais je n'ai pas envie d'y répondre.

– Je comprends oui, excusez-moi.

– Ce n'est rien.

J'aurais voulu qu'il me le dise pour que je sache pourquoi il était désolé. Jonathan me regarde et je détourne les yeux.

J'ai son prénom.

Essayer d'invoquer son fantôme pourrait être une bonne idée. Je suis partagée entre la peur et le sentiment d'avoir trouvé une perle rare.

– Ça nous fait comme un point commun alors, dis-je en joignant mes mains devant moi.

Jonathan tapote la table.

– Votre sœur n'est pas morte.

– Je sais mais...

– Ce n'est pas vraiment le meilleur point commun à avoir avec une personne.

Le Pacte de l'Ange Noir (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant