Le Pacte de l'Ange Noir (ancienne version)

𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 10- L'espoir

Me revoilà de nouveau dans ce même coin obscure mais cette fois le rayon de la lune est plus grand et l'obscurité est moins dense. Jonathan est déjà là, à genoux, sur le sol en bois, ses grandes ailes derrière lui, l'entourant comme un voile protecteur. Il est toujours torse-nu, la marque est toujours là, sur son ventre, le bas de son torse est taché de sang. Il lève la tête vers moi et ses yeux me frappent de plein fouet. Ils me font tellement peur et me paraissent si rassurant. Il a des explosions de sang sur son visage et sur son cou, je le vois pleurer. Pourquoi pleure-t-il ? Pourquoi y a-t-il du sang ? A qui appartient-il ?

Ses deux mains sont ouvertes, posées sur ses cuisses les paumes tournées vers le ciel. Elles aussi sont tachées de sang.

– Je suis tellement désolé, dit-il.

– Je sais.

J'ai encore prononcé ces deux mots. « Je sais ».

Non ! La Heather témoin de ce spectacle ne sait pas !

– J'aimerais tellement que tu me pardonnes...

Jonathan reste dans le silence et murmure :

– Ton pardon est la seule chose dont j'ai besoin pour me libérer...

Se libérer ? De quoi parles-tu Jonathan ? Je suis une spectatrice impuissante de mes rêves et j'en suis consciente.

Ses pleurs se transforment en rires et il me regarde avec noirceur avant de murmurer :

– Tu ne devais pas être ici.

Il se met à hurler :

– Tu ne devais pas te trouver là !

J'ouvre les yeux d'un coup. Suis-je morte ?

Je me racle la gorge puis je bouge d'abord mes doigts de pieds ensuite mes doigts puis mes deux jambes, mes deux bras et ma tête, je cligne des yeux. Je passe ma main sur mon front et je sens un pansement. Tout semble opérationnel. J'ai la bouche sèche et j'ai une vive douleur qui me prend au niveau de la côte et de la tête. Je me souviens qu'une voiture m'a percutée alors que j'essayais de fuir. Fuir quoi ?

Tout me revient en tête comme des flashs incontrôlables. Jonathan a volé quelque chose à cette fille et elle est morte. Il avait deux grandes ailes noires et ses yeux brillaient comme dans mon rêve sauf que je ne rêvais pas. C'était réel. Bien réel. Ce n'était pas une crise. Je suis complètement... complètement quoi ? Terrifiée et perdue...

J'avais l'habitude de ce genre de choses dans mes livres, les films mais pas dans la vraie vie. Je n'étais pas préparée à ça, je ne voulais pas vivre ça. Est-ce qu'il sait que je l'ai vu ? Où est-il ? Et qu'a-t-il fait du corps de cette pauvre fille ? Je cligne des yeux, ma vision est floue. Où suis-je ?

Je tourne la tête et je me rends compte que je suis dans un très grand lit mais je ne reconnais pas cette pièce, ce n'est pas chez moi ni chez Marine, je suis peut-être chez Gregg alors...

Non c'est trop luxueux pour Gregg.

La pièce est grise et seul un bureau blanc trône devant le lit, il y a une grande porte en verre près d'une très grande fenêtre qui donne sur un building de New York. J'essaye de m'asseoir mais une forte douleur me prend à la tête. Est-ce que j'étais saoule quand j'ai vu cette fille mourir ? Mais c'était si réel...

J'espère que Marine et Gregg vont bien, d'ailleurs que sont-ils devenus ?

Je porte ma main à ma tête, j'ai un pansement sur mon front. Je regarde mes bras, j'ai quelques hématomes qui tirent déjà sur le jaunâtre. Je suis trop sonnée pour commencer à m'inquiéter du fait que je me trouve chez un inconnu avec des goûts de luxe.