18. Et l'histoire se répète

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La mort, tels les ténèbres, t'emporte dans son sillage.

La mort, tel un souffle, ne fait pas de vacarme.

La mort, perfide et sournoise, est pourtant bien là.

La mort, ô la mort, ôte la vie ici-bas.

***

Elle

Le passé me hante. Impossible à oublier. Impossible de s'en défaire.

Chuter.
Tomber.
Le corps envolé.
Tête fracassée.
Tel un oiseau dont les ailes sont brûlées, elle ne s'est pas relevée.
Aucun bras pour la rattraper.
Personne pour la sauver.

La mort
Fatale
Elle est là
Encore
Elle a emporté Enara
Salope
Elle finira par me prendre
Évidemment
A quoi bon se défendre
Et pourtant

Et l'histoire se répète.

Je me noie dans mon chagrin et je me perds dans ma culpabilité.
Mon passé et mon présent se télescopent et ne me laissent aucun répit.
Rien ne semble pouvoir arrêter mes sombres pensées. Elles ne me quittent jamais. Je ne fais qu'y penser.

Et l'histoire se répète.

Chuter.
Tomber.
Le corps envolé.
Tête fracassée.
Tel un pantin dont les fils ont été coupés, il s'est effondré.
Aucune protection pour le sauver.
Personne pour le rattraper.

La mort
Fatale
Elle est là
Encore
Elle a emporté Marc
Salope
Je finirai par me pendre
Évidemment
Ou par être emportée par les stupéfiants
Si seulement

C'est la chute. C'est ma chute.

Et l'histoire se répète.

***

Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Cela devrait sûrement me faire peur mais je suis comme anesthésiée, incapable de ressentir la moindre émotion, la moindre sensation. Hormis la douleur, omniprésente. Car j'ai mal. Partout et nulle part à la fois. Bien plus que dans mes sombres souvenirs.

J'ignore comment je survis encore. Car depuis quelques jours, je ne vis plus, oh non. Je survis. Mais je suis pourtant bien là. Mon corps existe, mon cerveau fonctionne, mais la machine est rouillée. Cassée. Brisée.

Même la présence de Claire auprès de moi, pourtant si lumineuse, n'a pas suffi à réactiver la moindre étincelle de chaleur dans mon enveloppe corporelle.

Depuis l'annonce de sa mort, elle est la seule que j'ai vue. La seule que j'ai autorisée à me voir dans cet état.

Elle m'a appelée, le lendemain de la chute, toute guillerette, souhaitant savoir comment s'était passée la soirée avec Jonathan.

Jonathan...

Je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas réussi à parler. Alors elle est venue chez moi et je lui ai dit. Juste une fois. Trois petits mots.

Marc est mort.

Et elle a compris.

Je n'ai pas pleuré. Même lorsqu'elle a pris mes mains gelées dans les siennes, si chaudes et si vivantes. Même lorsqu'elle m'a offert une douce étreinte à mon corps figé. Même lorsqu'elle a murmuré des paroles réconfortantes à mon cerveau accablé. 

Se libérer de son passé (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant