Se libérer de son passé (Terminé)

24.2 Sable fin et soleil éblouissant

Lui

Alex acquiesce et son regard se voile quelques instants avant qu'elle ne se reprenne.

Toujours cette foutue manie à vouloir cacher ce qu'elle ressent.

Deux semaines et demie. Deux semaines et demie qu'Alex et moi sommes un couple. Deux semaines et demie que j'apprends à la connaître davantage. Deux semaines et demie à savourer sa présence, à chaque fois que je la vois. Mais aussi deux semaines et demie à remarquer sa tendance à ériger une barrière immense entre ses émotions et moi. Entre son passé et moi.

Alors, je laisse couler. Pour l'instant. Je lui laisse du temps. J'avais déjà bien compris lors de notre dîner chez Anne-Marie que ses parents étaient un sujet sensible. Alors, je me suis efforcé de ne pas l'aborder. Mais, jour après jour, je constate que lorsqu'il s'agit d'Alex, tout sujet peut rapidement devenir sensible. Et à mesure que je lui confie des bribes de mes souvenirs, des anecdotes de mon passé, je constate que de son côté, elle parle bien plus facilement du présent, de son travail ou de ses amis que du reste.

Son passé semble être LE sujet sensible en fin de compte.

Alors même si j'ai décidé de lui laisser du temps pour parvenir à se livrer, je n'en demeure pas moins désireux d'apprendre à la connaître. Et donc, irrémédiablement, je me retrouve parfois à la questionner sur ce qu'elle a pu vivre ou aimer, avant. En m'attendant la plupart du temps à une pirouette de sa part pour éviter de s'étaler.

Alors quand elle a parlé de son ami décédé spontanément, la deuxième fois depuis que je l'ai retrouvée inconsciente, j'ai vu là une autorisation de sa part, voire même une volonté déguisée, de m'en apprendre plus sur ce qui les liait.

Mais Alex reste Alex, et quel que soit la raison pour laquelle elle a accepté de parler de Marc, elle a très vite repris ses bonnes habitudes, à savoir ravaler sa tristesse plus que palpable.

Et moi, soucieux qu'elle ne s'autorise pas à ressentir ou à montrer sa tristesse, je n'ai pas pu m'empêcher de le lui faire remarquer.

Et j'espère de tout cœur qu'elle finira par me faire suffisamment confiance pour ne plus me cacher ce qu'elle ressent. Heureusement, je sais être patient.

Notre déjeuner se poursuit paisiblement et Alex se détend à nouveau, se laissant aller sur un sujet plus léger.

- Tu te rappelles quand je suis venue me présenter ?

- Comment oublier... Ricané-je, en levant les yeux au ciel. Je t'ai ouvert en caleçon !

Alex rigole et son regard pétille à ce souvenir.

- Je ne suis pas prête d'oublier, moi non plus, dit-elle en m'adressant un coup d'œil complice. En fait, c'est la faute de Claire tout ça.

- Comment ça ? Demandé-je, curieux.

- Elle m'a mis dans la tête qu'il fallait que je rencontre mes voisins, que j'aille me présenter et que, peut-être, derrière une porte, je ferai une jolie rencontre...

Alex secoue la tête et sourit à ce souvenir.

- Eh bien. C'est une amie avisée. Il faudra que je la remercie lorsque je la rencontrerai.

- Elle a toujours des idées loufoques, si tu savais...

Elle rit et j'observe son visage détendu. Le repas est fini et je lui propose de partir. La journée est bien entamée et j'aimerais profiter de la mer avant que nous reprenions la route.

Nous nous chamaillons au moment de payer, Alex insistant pour payer la moitié de l'addition. Intransigeant, je coupe court et parviens à la faire taire en plaquant mes lèvres sur les siennes. Quand je m'écarte d'elle après notre baiser, elle se contente de lâcher un "D'accord" résigné.