Se libérer de son passé (Terminé)

22. Amende honorable

Lui

Je déglutis en repensant aux événements d'il y a deux jours tandis que je boutonne ma chemise.

Putain, je n'arrive toujours pas y croire !

Avoir retrouvé Alex dans cet état, pendant mon service, me hante depuis quarante-huit heures.

Je suis estomaqué, scié, abasourdi. Et un peu énervé aussi. Carrément énervé même. Contre elle, contre moi, contre ses amis. Contre tout le monde en fait.

Mais au fond, je me sens surtout mal. Parce que je me dis que j'aurais dû le voir venir.

Au moins, je sais qu'elle n'a eu aucune conséquence majeure à son acte irréfléchi. Je m'en suis assuré avant de rentrer chez moi.

Mais, n'empêche, est-ce que je n'aurais pas dû faire quelque chose avant ?

Je soupire, las. Ce soir, l'heure n'est pas aux remises en question. Je suis attendu dans moins d'une heure chez mes parents, avec mon pote Julien qui ne devrait pas tarder à arriver, pour fêter l'anniversaire de mon paternel.

Julien... Qui me conseille de lâcher l'affaire.

Est-ce que c'est ce que je devrais faire ? Est-ce que c'est la décision la plus raisonnable ? Est-ce que j'ai envie d'être raisonnable ?

La sonnette retentit et je me dirige vers la porte que j'ouvre, persuadé d'y trouver mon meilleur ami derrière.

Si je m'attendais à ça...

C'est en réalité Alex qui se tient là. Toujours aussi belle. Toujours aussi fragile même si elle essaye de faire croire le contraire.

Elle me regarde de ses yeux émeraude et triture ses doigts, dans un signe évident de nervosité.

- Salut, dit-elle.

- Salut, réponds-je, en mode automatique.

Un silence embarrassant s'installe. Elle est gênée, je le vois à sa manière de gigoter et de serrer ses mains l'une contre l'autre. Et moi ? Eh bien, j'ignore comment je suis censé réagir. Par conséquent, je ne réagis pas.

Alex lâche un petit rire nerveux et envoie valser une de ses longues mèches brunes derrière son épaule.

- Je suis sortie de l'hôpital cet après-midi. Et... Euh... Je voulais te parler. Fabrice m'a dit que tu étais présent l'autre soir...

Elle s'arrête de parler, fronce les sourcils, puis finit par détourner le regard quelques instants.

Et moi, eh bien, je suis incapable de la laisser galérer davantage, si bien que je m'écarte et lui fais signe de rentrer.

Cette discussion n'a pas à se tenir dans un couloir, même si j'ignore encore le sujet principal.

Alex me passe devant, après m'avoir adressé un petit sourire reconnaissant, mais s'arrête dans l'entrée, sans oser s'aventurer plus loin.

Je referme la porte et me poste dos à celle-ci, face à ma visiteuse, attendant qu'elle prenne la parole, ce qui ne tarde pas.

Alex s'arme de courage, tantôt en me regardant dans les yeux, tantôt en détournant le regard.

- Je voulais te dire que j'étais désolée. Désolée que tu aies assisté à cette erreur de jugement. Et aussi désolée pour l'autre soir où tu as voulu m'aider...

- D'accord.

- Je... C'était un moment très compliqué pour moi. Ça l'est toujours d'ailleurs. Et c'était simplement... Trop. Trop d'un coup pour moi.