21. Et puis se relever

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Elle

J'ai la bouche pâteuse et le corps lourd.

Bip bip.

J'entends des voix qui s'affolent et des mains qui me touchent. Et puis plus rien.

C'est étrange comme notre cerveau arrive à se connecter à la réalité quand notre corps en est à des kilomètres.

Bip bip.

Je perçois de l'inquiétude, des voix familières, sans réellement parvenir à distinguer clairement ce qu'elles disent.

Je ne sais pas si c'est le présent, un rêve ou un souvenir.

Des mains qui me touchent, encore. Un sol dur, désagréable.

Et des bruits, partout. Certains deviennent plus clairs.

- Alex !

La voix de Fabrice, sûrement.

Bip bip.

Et ce bruit, régulier, qui ne s'arrête pas. Discret, en arrière-plan, mais toujours là. Impossible de me concentrer dessus pour le moment, il est trop lointain et les voix se rapprochent.

Une en particulier. Plus familière que je ne l'aurais pensé. Plus agréable que dans tous mes souvenirs. Et plus inquiète qu'elle ne le devrait.

- Alex ?!

- Tu la connais ?

- C'est ma voisine.

Que fait Jonathan dans mon rêve ? Ou alors, c'est un souvenir ? Et ce sol, si dur. C'est franchement désagréable.

- C'est quoi ce bordel ?

Ma bouche est pâteuse et cette sensation me râpe la gorge. Je tente de déglutir. J'ai soif.

Bip bip.

La voix de Jonathan s'éteint et est remplacé par ce tempo agaçant.

Je tente de lever la main pour chasser ce bruit, sans succès.

- Alex ?

Une autre voix. Celle de Fabrice, j'en suis sûre cette fois.

Je sens un poids se matérialiser à mes côtés.

Bip bip.

Alors je reprends doucement conscience. Le sol n'est plus dur. Le brouhaha s'est estompé. Ma gorge est asséchée et je sens une étoffe sous mes doigts.

Un drap.

Le poids à mes côtés se déplace légèrement et se rapproche de mon visage. Je sens un souffle l'effleurer et une main entourer la mienne, inerte.

- Alex ?

Je serre sa main pour le rassurer. Car la voix de mon ami est empreinte d'inquiétude. A cause de moi. Et je voudrais que cela cesse.

Aussitôt que Fabrice sent que je suis avec lui, il lâche un soupir de soulagement qu'il semblait retenir depuis des heures.

Bip bip.

Je sais qu'il est temps pour moi d'affronter la réalité et ce bruit ne fait que me le rappeler. Car je sais pertinemment où je suis et pourquoi. Je me rappelle également distinctement ce que Fabrice attendait de moi avant que je ne fasse tout foirer, encore une fois.

Plus de fuite cette fois. L'heure des révélations a sonné.

J'ouvre les yeux et les referment aussi vite, très vite éblouie.

Se libérer de son passé (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant