7. Répartie contre poings

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Elle

Samedi soir arrive et je me mets sur mon trente et un. Après tout, il s'agit du premier événement de la sorte auquel je vais assister, alors je mets le paquet.

J'enfile ma petite robe bleu marine à fine bretelles que j'affectionne particulièrement, me maquille un peu plus qu'à l'accoutumée et m'attache les cheveux en chignon en laissant quelques mèches s'en évaporer.

Je me contemple dans le miroir et esquisse un sourire.

Pas mal pour une fois.

Je n'irais pas jusqu'à dire que je ne m'aime pas physiquement, je sais qu'à la loterie du physique, même si je n'ai pas gagné le gros lot, je ne suis pas repartie bredouille non plus.

On me complimente souvent sur mes yeux verts, les mêmes que mon père, que les gens trouvent magnifiques. Pour ma part, même si je me surprends parfois à les aimer, la plupart du temps, je les abhorre pour des raisons évidentes.

Je sais que la gente masculine n'est pas insensible à mon physique, mes seins et mes fesses rebondies capables de contenter tout un chacun. Qui plus est, j'aime m'habiller de manière féminine mais sans jamais tomber dans le vulgaire.

Alors oui, en général, je plais. Mais ce n'est qu'une question de physique, une apparence, un mensonge. Ce n'est pas la réalité et je n'en tiens pas compte. Parce que plaire à quelqu'un, plaire vraiment à quelqu'un, ce n'est pas juste une attirance physique. C'est apprécier ce que l'on voit mais aussi ce que l'on ne voit pas.

Et ce que l'on ne voit pas chez moi est bien trop laid pour plaire à qui que ce soit.

Alors que deux coups retentissent à ma porte, je me fais la réflexion que s'il y a bien une personne au monde pour qui mon allure n'aura jamais la stricte importance, c'est bien pour celle qui se trouve derrière ma porte.

J'ouvre le battant et laisse entrer Marc qui m'embrasse sur le front.

- Ça va sœurette ?

Il m'inspecte quelques instants et fronce les sourcils.

- Putain, c'est pour jouer les gardes du corps que tu m'as invité ce soir ?

Je le contemple à mon tour et je dois reconnaître que je suis bluffée. Marc, que je ne connais qu'affublé de ses sempiternels jeans bruts et tee-shirts noirs ou blancs selon son humeur a revêtit une chemise blanche parfaitement repassée et un pantalon de costume noir.

Un pantalon à pinces !

- Tu parles, toi aussi tu as mis le paquet !

Marc baisse la tête sur sa tenue et hausse les épaules.

- Qu'est-ce que tu crois ? Tu m'invites à une soirée branchée de ta boîte, je me prête au jeu.

Je souris, pas dupe.

- Qui t'a filé la tenue ?

Marc grogne.

- Tu crois que ce ne sont pas mes fringues ?

Je lève les sourcils, dubitative, le forçant à avouer.

- Laurent qui d'autre ? Et je n'ai pas vraiment eu le choix.

Je rigole. Oui, forcément. Il n'y a que notre ami aux origines suédoises et aux manières guindées pour être capable de dégotter une tenue comme celle-ci à Marc et réussir à le forcer à la porter.

- Peu importe, tu es parfait. Moi aussi je vais devoir surveiller tes arrières !

Marc passe sa main sur son crâne rasé, dans un geste machinal.

Se libérer de son passé (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant