16. Sèche tes larmes et relève toi

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Elle

Dimanche, mon esprit vagabonde dans tous les sens. Je ressasse les évènements récents qui ont ponctué ma vie ces derniers temps. Et je pense à Jonathan, bien sûr. A ce rapprochement qui s'est opéré et qui échappe à tout contrôle.

Jonathan me fait ressentir des émotions qui me dépassent. Et je ne suis pas sûre d'aimer ça.

Trop nouveau, trop soudain, trop fort.

Je me sens perdue et inquiète, comme si une partie de moi, secrètement enfouie au plus profond de mon âme, se retrouvait exposée et à nue, à la merci de n'importe qui.

C'est déstabilisant, surprenant et effrayant.

Pourtant, je mentirais si je ne m'avouais pas l'attirance que je ressens pour lui et l'envie de le revoir la semaine prochaine.

Trop de contradictions. Je réfléchis trop.

Je soupire, atterrée par ce déferlement de sensation qui m'oppresse la cage thoracique.

J'en suis à me ronger les ongles, cherchant des réponses à mes questions, des raisons à mes émotions, quand la sonnerie de mon téléphone sauve mon cerveau de la surchauffe.

Je réponds mécaniquement en voyant le prénom qui s'affiche sur mon écran et je suis accueillie par une voix sanglotante qui me ramène à la réalité plus vite qu'un seau d'eau glacée au visage.

- Qu'est-ce qui se passe ? M'alarmé-je, craignant déjà le pire.

- Je l'ai quitté, Alex, ça y est. Je l'ai quitté, répète-t-elle.

Je soupire, de soulagement, aussi bien qu'il ne soit rien arrivé de dramatique, que de satisfaction que Claire ait pris cette décision, la meilleure qui s'imposait pour son bonheur, à coup sûr.

- Envoie-moi ton adresse, j'arrive.

J'ignore quelle soudaine poussée m'enjoint d'être présente pour elle dans cette épreuve. La certitude qu'elle souffre bien plus que le suggère ses quelques sanglots étouffés, l'évidence qui s'impose à moi lorsque je ressens l'envie d'être présente pour celle que je considère comme mon amie, ou encore la volonté farouche de ne pas ignorer sa détresse latente.

Ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Claire essaye tant bien que mal de me dissuader de sauter dans le premier métro pour la rejoindre, arguant qu'elle va bien et qu'elle n'a pas besoin de moi. Mais, sa détermination faiblit au même titre que la mienne reste intacte me permettant d'obtenir son adresse dans un soulagement évident de l'autre côté du combiné.

Bien sûr, qu'elle a envie que je vienne.

Trente minutes plus tard, j'arrive chez Claire. Je sonne à l'interphone et mon amie m'ouvre sans un mot depuis chez elle. Je gravis les deux étages à pied et trouve sa porte entrouverte, dans une invitation silencieuse à pénétrer chez elle.

J'entre donc dans son appartement en refermant sa porte derrière moi et laisse mon regard découvrir où loge mon amie.

J'arrive dans un salon où les couleurs se multiplient en totale harmonie, à l'aide d'une décoration savamment étudiée.

Le tout est classe, coloré et chaleureux, à l'image de la femme que j'ai appris à connaître mais qui aujourd'hui, se tient voûtée dans son canapé anthracite en fuyant mon regard.

Je m'installe à côté d'elle et la dévisage quelques instants. Sa chevelure est toujours flamboyante et brillante à souhait mais le reste de son visage semble épuisé d'avoir trop pleuré. Claire finit par relever ses yeux bleus magnifiques vers moi dans lequel j'y décèle aisément tout son désarroi.

Se libérer de son passé (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant