1. Nouveau départ

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Elle

En sueur, j'essuie les gouttes qui perlent sur mon front et en profite pour discrètement renifler mon aisselle.

Une bonne douche s'impose.

J'étire les muscles de mon dos en soupirant et contemple le chantier en face de moi. Des cartons s'entassent anarchiquement un peu partout dans l'appartement en plus de quelques sacs et valises contenant le reste de mes affaires. Deux chaises sont posées contre le mur. Je les déplie et m'installe sur l'une d'elles. Je grimace et mon postérieur proteste. Après un déménagement aussi sportif, il aimerait se vautrer dans un canapé bien moelleux et ne plus s'en déloger.

Comme je le comprends.

- C'est bon Alex, frigo et machine à laver installés.

Je regarde mon ami depuis plus de dix ans avec reconnaissance. Il me sourit tout en passant une main dans ses cheveux bruns rasés de près.

- Super, merci pour ton aide Marc.

- A quoi serviraient les amis sinon ? Et puis, sans moi, je ne vois pas comment tes deux petits bras auraient pu porter tout cela.

Il esquisse un geste de la main pour englober tout le foutoir qui se trouve dans mon nouveau salon. Je soupire.

- Il va falloir ranger tout cela maintenant.

Nous nous regardons sans rien dire. Avec sa carrure et sa coiffure, Marc a tout du style militaire. Il n'en est rien mais il faut reconnaître qu'en plus d'être agréable à regarder, son physique avait été d'une aide précieuse aujourd'hui. Et pouvait encore l'être d'ailleurs.

Les commissures de mes lèvres se remontent dans un léger sourire tandis que je le regarde en papillonnant des yeux.

- Dans tes rêves, Alex !

- C'est toi qui a dit « à quoi serviraient les amis sinon ». Et là, clairement, j'ai encore besoin d'un ami.

- Hors de question !

- Mais, comment je vais pouvoir le faire toute seule ?

- Non, non, non. N'y pense même pas. Imagine qu'en déballant tes cartons je tombe sur tes culottes de grand-mère. Ou pire, sur ton godemichet.

Marc mime le geste de vomir. J'attrape la bouteille d'eau à mes pieds et la lui balance dans la figure. Peine perdue, il la rattrape sans difficulté en rigolant. Je jure, irritée de ne pas avoir atteint ma cible, ne faisant qu'accentuer son hilarité. Devant l'allégresse de mon ami, aussi rare que contagieuse, je ne peux m'empêcher de retenir un rire qui franchi mes lèvres.

- T'es vraiment grave ! Je me demande d'où tu sors des trucs comme ça.

- De mon cerveau tordu, Alex, c'est de famille. Tu sais de quoi je parle.

Mon rire se stoppe net et mon visage se ferme, comme toujours à chaque fois que Marc tient ce genre de propos. Un pincement désagréable se fait ressentir dans mon cœur, protestant contre cette vision si négative que Marc peut avoir sur lui-même.

Mais mon cerveau raisonne mon cœur dans une réplique d'une évidence tristement formelle.

Il a raison, tu le sais bien.

Marc saisit l'autre chaise, la déplie et s'assit dessus, en face de moi. Je fuis son regard et un silence inconfortable s'installe.

- Quand commences-tu ton nouveau travail ?

Marc connaît pertinemment la réponse à cette question. C'est mon ami depuis plus de dix ans et la seule personne sur cette Terre à connaître les moindres détails de ma vie, des plus banals aux plus douloureux.

Se libérer de son passé (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant