28. Quand les doutes prennent le dessus

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Elle

Je t'aime.

Je t'aime.

Il l'a dit.

Parce qu'il le pensait. Parce qu'il pensait le penser.

Je t'aime.

Depuis sept jours, une semaine, je l'évite. Je sais que ce n'est pas correct, je sais qu'il mérite mieux, mais je suis comme paralysée.

Qu'est-ce que je suis censée dire ou faire maintenant ?

Alors, le lendemain, j'ai dit que je passais la soirée avec Claire. Et j'étais effectivement avec mon amie dont j'ai évité soigneusement les regards en coin et les questions pertinentes.

Ensuite, c'est lui qui a fini tard et m'a fourni une excuse toute trouvée.

Puis, j'ai fait la morte.

Et nous voilà, sept jours plus tard, lui à m'envoyer un message tous les jours pour savoir ce qu'il se passe et moi à me conduire comme la lâche que je suis.

A fuir. Encore une fois.

Claire a remarqué mon changement d'humeur aussi rapidement qu'une nouvelle coupe de cheveux chez une des collaboratrices.

En même temps, ce n'est pas bien dur car je ne fais même pas d'efforts pour cacher l'état de confusion, de peur et de culpabilité dans lequel je me trouve.

Claire a bien essayé de me tirer les vers du nez, à son habitude, mais je me suis montrée plus hermétique qu'une huître, à son grand désespoir. Je crois qu'au fond de moi, je sais ce que va me renvoyer mon amie et que j'ai honte de lui faire part de mes doutes. Ce qui est un sentiment pour le moins désagréable.

Travailler est un peu moins pénible car cela m'occupe l'esprit. Mais lorsque la charge de travail se calme, comme cela est susceptible d'arriver à tout moment de la journée, mes doutes reviennent au galop, tel un troupeau de chevaux en furie, emportant tout sur leur passage.

Nous sommes pile dans un de ces moments-là et je pianote bruyamment mes doigts sur le bureau que je partage avec Claire pour calmer les craintes qui m'habitent.

Mon portable, posé en évidence à côté de mes doigts qui s'activent, vibre, m'annonçant l'arrivée du message quotidien de Jonathan.

Je le range immédiatement mais l'œil de lynx de mon amie, sur ma droite, me regarde de travers.

Elle s'apprête à dire quelque chose alors je me lève et l'informe que je sors fumer, seule échappatoire que je suis parvenue à trouver à son interrogatoire inévitable.

Claire me regarde sortir en fronçant les sourcils et je sens sa désapprobation me brûler le dos et m'accompagner jusqu'à la sortie.

Je sors m'intoxiquer, laissant la fumée de cigarette pénétrer dans mes poumons et m'apporter un apaisement éphémère et illusoire.

Dans mon dos, j'entends la porte du bâtiment s'ouvrir et je ne suis pas surprise de voir Claire se poser face à moi, les bras croisés et le regard fixé sur moi dans une moue mécontente.

Ses cheveux roux flamboient autour de son visage tel un halo de feu. Ses yeux bleus me dévisagent férocement et elle relève le menton telle une lionne prête à défendre ses petits. Toute sa bonne humeur et son rayonnement habituels se sont transformés en une détermination féroce à me tirer les vers du nez.

- Qu'est-ce qu'il se passe avec Jonathan ? Questionne-t-elle sans passer par quatre chemins.

J'inspire une bouffée de ma cigarette et fuis son regard, à l'instar de mon attitude de lâche depuis quatre jours.

Se libérer de son passé (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant