Chapitre 16: Danger

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La troupe rentra au château et le calme reprit le dessus. Quelques patrouilles sillonnaient les villages à coté de la frontière des géants et Caspian envoya de l'aide pour reconstruire les maisons détruites et des vivres. Nella n'oublia pas ce qu'il s'était passé lors de la bataille et se distança de plus en plus des autres, restant dans sa chambre ou sur son balcon, perchée sur la barricade. Elle pouvait rester des heures debout sur ce petit bout de bois, observant la forêt, les cheveux dans le vent. Cela la calmait mais jamais pour très longtemps. Son esprit restait perturbé sur ses pouvoirs et elle se demandait toujours quel pouvait être l'étendu de ses dons. Et ne pas savoir lui faisait peur. Elle était tout le temps effrayée et c'est pour cela qu'elle restait seule. Elle savait que ses pouvoirs étaient contrôlés par ses émotions et elle ne voulait pas se mettre en colère et blesser quelqu'un, ou pire, le tuer. Ses parents venaient toquer à sa porte chaque jour, ainsi que son petit frère qui ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas le voir. Caspian venait aussi la voir, lui promettant de l'aider mais jamais elle ne répondait. Trompillon en était même venu aux menaces, mais rien n'y faisait, elle refusait de les voir. Pour leur protection se disait-elle. Elle passait beaucoup de temps aussi dans la forêt, interrogeant les arbres, qui l'ignoraient depuis peu. Elle était seule et elle était effrayée. Un matin, alors qu'elle était de nouveau perchée sur la balustrade, elle entendit de nouveaux coups à la porte.

- Nella ! Cela fait trois semaines que vous restez enfermé dans votre chambre ! Vous devez nous laisser vous aider ! Ça ne peut plus durer !

Caspian était derrière la porte, criant et frappant le bois. La fée tourna la tête vers la porte bleue, les larmes lui montant aux yeux, mais elle détourna le regard après quelques instants, pensant qu'il était parti.

- Très bien vous ne me laissez pas le choix. Je vais défoncer cette porte !

Il y eut un coup violent sur l'entrée, un grognement, puis un deuxième coup. Un troisième et enfin, au quatrième coup, la porte s'ouvrit. Il y eut un petit mouvement de poussière, et le roi entra, posant de suite les yeux sur le visage de la fée, qui paraissait terrifiée. D'un geste, elle déploya ses ailes, prête à s'envoler quand le telmarin cria :

- Oh non on ne s'enfuie plus !

Il se jeta sur Nella qui venait de prendre son envol et réussit à lui attraper la cheville, l'empêchant de partir.

- Laissez moi ! cria t-elle, volant sur place.

- Non ce n'est pas sain pour vous comme pour nous ! Laissez moi vous aidez, vous cacher ne mènera à rien.

- Vous avez vu ce que j'ai fait à ces géants, je pourrais vous tuer d'une simple pensée. Je suis maléfique!

Sa voix craqua lorsqu'elle se prénomma ainsi, lançant un coup dans le coeur du roi, qui n'aimait pas l'entendre parler ainsi.

- Ça ne s'est pas reproduit et ça ne se reproduira pas, j'ai confiance en vous, je n'ai pas peur.

- Mais j'aurais pu ! J'étais insouciante et j'ai participé à toutes ces festivités sachant que j'étais un danger!

Elle mit toute son énergie pour se dégager de la prise du roi et lorsqu'elle réussit enfin, elle s'éleva de quelques mètres au dessus de la fenêtre, se retournant vers lui une dernière fois, une larme roulant sur sa joue :

- Vous ne pouvez pas m'aider.

Elle allait disparaître quand il hurla :

- Je vous l'ais dis, je n'ai pas peur, et si vous ne me croyez pas, alors je n'ai plus qu'une option.

Il monta sur la balustrade à son tour, la fixant, aucune trace de peur dans les yeux, et d'un murmure, il dit :

- Sauvez moi.

Puis il sauta. Il sauta de la fenêtre, se laissant tomber dans le vide de plusieurs mètres. La fée hurla de terreur, ne perdant pas un instant pour se laisser tomber à son tour, positionnant ses ailes pour gagner de la vitesse. La main tendue vers lui, elle gagnait du terrain vers lui, et réussit à lui attraper le poignet gauche, l'attirant vers elle, puis ils se posèrent dans un atterrissage forcé, brûlant ses ailes face à la pression. À terre, essoufflée, elle vit le roi qui ouvrit les yeux pour voir qu'ils étaient sains et sauf et il sourit. Décontenancée, la fée se mit à le secouer par les épaules tout en rugissant :

- Vous êtes malade ! Pourquoi faire une chose pareille vous auriez pu mourir ! J'aurais pu ne pas être assez rapide ! Vous vous rendez compte de ce que vous venez de faire ?!

- Je savais que vous me rattrapiez. Sourit-il. Vous voyez à présent, j'ai confiance en vous, alors laissez moi être là pour vous.

- Vous êtes un idiot.

- Restez.

Elle souffla, secouant la tête avant d'accepter. Ils se relevèrent difficilement et prirent la route vers l'entrée du château.

- Nous devrions examiner la bibliothèque, peut être y a t-il quelques ouvrages sur les fées. Proposa le roi.

- Et s'il ny a rien ?

- Nous trouverons. Mais pour l'instant nous allons manger. Et vous allez vous excuser auprès de votre famille. Ils étaient très inquiets vous savez.

Se sentant soudain coupable, elle baissa la tête. Elle le suivit jusqu'à la salle à manger où ses parents, son petit frère, ainsi que Trompillon, Chasseur-de-truffes et Ripitchip les attendaient déjà.

- Nella ! Crièrent-ils en la voyant arriver.

Ses parents vinrent l'enlacer, que la fée réciproqua difficilement, ayant toujours peur d'elle même.

- Content de vous avoir de nouveau parti nous Nella.

- Il était temps, gronda le nain.

Ils s'installèrent et d'un coup de coude de Caspian, elle s'excusa :

- Je suis désolé de m'être isolée. C'est juste que que je peux faire des choses terrifiantes maintenant et....Et j'ai peur de vous faire du mal.

Elle n'osait regarder personne mais une main prit la sienne. Elle releva les yeux et vit sa mère lui sourire tendrement :

- Tu n'as pas à avoir peur mon ange, je sais que tu ne nous fera jamais rien, pouvoirs ou non.

Elle serra la main de sa mère, d'un sourire tremblant sous l'émotion. Le moment s'échappa lorsque Caspian lui servit un bol de soupe aux orties suivit d'une assiette de rôti de dinde et pommes de terre. Elle se tourna vers lui, qui était à sa droite et sourit.

- Merci.

- Mais de rien. Mangez tant que c'est chaud. L'incita t-il en souriant joyeusement.

Le roi entama sa propre assiette, insouciant du regard de la fée, qui pour la première fois, le voyait autrement. S'il avait détourné les yeux, il aurait pu voir toute la pureté et toute la douceur de son regard, et peut être aurait-il pu le comparer au même regard qu'il lui avait lancé quand elle s'excusait à ses parents quelques minutes auparavant. Mais cela ne se produisit pas, et les deux amis restèrent inconscient de leurs propres sentiments.

Fly with me (Caspian X)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant