Fly with me (Caspian X)

Chapitre 20: La voix

L'un devant l'autre, ils reprenaient à peine leur souffle. Nella, la bouche ouverte, ne savait quoi penser. Des centaines de questions venaient exploser dans son esprit, la rendant de plus en plus confuse et apeurée. Quand à Caspian, il ne savait pas quoi lui dire. Il ne comprenait même pas ce qui venait de se passer, et, se tripotant les mains, un signe de nervosité, il s'éclaira la gorge. Leur regard se rejoint pour la première fois depuis le baiser, et sentant leur joues s'empourprer, ils rabaissèrent les yeux. Prenant son courage à deux mains, le roi ouvrit la bouche pour dire quelque chose, n'importe quoi pour améliorer leur situation gênante, quand quelqu'un vint les interrompre. Il s'agissait de la jeune femme que Nella avait vu danser avec lui, et alors qu'elle se lançait dans des célébrations, la fée en profita pour s'échapper. Elle se faufila entre les gens, se rendant presque invisible et pénétra dans le couloir. Elle continua son chemin, courant presque, et traversa couloirs après couloirs jusqu'à être sûre qu'on ne la retrouve pas. Elle s'arrêta à coté d'une fenêtre et reprit son souffle, laissant tomber la tête sur le mur. Mais que venait-elle de faire ? Se demanda t-elle. Elle avait embrassé Caspian. Elle avait embrassé le roi ! Et au beau milieu d'une salle remplie de monde ! Elle se retourna sur elle même, son dos s'appuyant contre la pierre froide et relevant les yeux vers le plafond, agrippa ses mèches rousses, tirant dessus de toutes ses forces, espérant que tout ceci nétait qu'un rêve.

- Qu'est ce que j'ai fais ? Murmura t-elle en secouant la tête de gauche à droite.

Soudain, un bruit se fit entendre, et pivotant vers le son, ses yeux s'écarquillèrent en pensant que, peut être, il était parti à sa recherche. D'un coup sec, elle ouvrit la fenêtre, laissant le vent frais de la nuit lui caresser les joues, et d'un dernier regard fuyant vers le couloir, elle vit une ombre avancer vers sa position. Sans perdre un instant, elle se jeta du quatrième étage du château, déployant ses ailes, et gagna de l'altitude, entendant son nom être crié dans la nuit noire. Elle se retrouva sous la lumière des étoiles, frôlant les nuages, voyant au loin les feux d'artifices éclater, recouvrant le noir de la nuit en étincelles de couleurs. Décidant de ne pas rentrer au château, elle descendit jusqu'à un grand arbre qui dominait tout les autres de la forêt et se posa sur une de ses branches, le regard sur l'infini, mais l'esprit fixé sur une seule chose, ou plutôt sur une seule personne. Elle ne dormit pas de la nuit, et quand l'aurore arriva, elle se releva, sachant qu'elle ne pourrait pas se cacher éternellement, et reprit la route vers le château. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle n'allait pas tout faire pour ne pas croiser le roi, et c'est ce qu'elle fit durant les jours suivants. Heureusement pour elle, aucun conseil n'était prévu et cela fut beaucoup plus simple pour elle de l'éviter, même s'il y eut quelques fois où elle dû faire une évasion de justesse. Elle avoua tout à sa mère, ayant besoin de conseil, mais celle ci lui dit simplement d'écouter son coeur. Ainsi, elle se réfugia souvent dans la bibliothèque, préférant se perdre dans les histoires de quelqu'un d'autre que les siennes, et pendant un cours instant, elle arrêta de se sentir si coupable. Mais hélas rien ne se passe jamais comme on le désire.

Deux semaines étaient passées sans que Caspian et Nella ne se parlent, bien que chacun furent contraint d'admettre que l'autre lui manquait. Étonnamment, le roi s'était également mis à l'éviter, sans qu'elle le sache évidemment, et cela rendait chèvre les habitants du château. En particulier Trompillon, qui avait vu toute la scène, lui qui était perché sur une table le soir du réveillon. Et il dut assister à toutes les évasions des deux jeunes dès que l'un croisait l'autre, sans oublier les questions du genre « Comment vas Nella/Caspian ? » qui se croyaient être dites avec toute la désinvolture du monde, ne bernant personne.

Une nuit, alors que la fée dormait comme un bébé dans son immense lit, elle fut réveillée par un son qu'elle commençait à bien connaître. On murmurait son prénom. Rallumant sa bougie, elle s'assit sur son lit, observant sa chambre, son sceptre à la main, prête à se défendre. Nella. Elle l'entendit encore. Nella. Mais il n'y avait personne avec elle. Repoussant les couvertures, elle sortit de son lit, en alerte, regardant partout entre ses quatre murs, dans la salle de bain, et même dans son armoire. Mais rien. Nella. Le son venait de la fenêtre. D'un pas prudent, elle poussa la vitre, le froid de dehors lui donnant un frisson. Nella. Elle sentit ses yeux s'illuminer, et décida de scruter l'horizon, à la recherche de cette mystérieuse personne. Nella. Nella la réponse est là. Fronçant les sourcils, la fée reposa son sceptre, appuyant ses deux mains sur la barricade.