On oublit?

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Finnick a soupé avec nous et est parti après avoir regardé un film avec moi et mes parents.

Sam, quant à lui, n'est toujours pas revenu. Je ne m'inquiète plus. Je sais maintenant qu'il est avec Minnie, grâce à la story Instagram de lui qu'elle a publié. Ils sont dans un club, à bien s'amuser. Tant mieux pour eux.

Je retourne dans ma chambre après avoir parlé à ma mère de mon copain, pour au moins une heure. Elle l'aime bien mais moins que Sam, peu importe le nombre de fois que je lui répète que je ne deviendrai pas la petite copine de Sam.

Je m'installe confortablement dans mes couvertures, alors que le minuit dix minutes brille sur mon cadran dans le noir qu'est plongé ma chambre.

Puis, le cadran reflète deux heures quarante -six.

Et quatre heures piles.

Puis, lorsque cinq heures s'affiche, je sors du lit, plus épuisée que quand j'y suis rentrée et je décide d'aller prendre l'air à l'extérieur.

C'est tout juste quand j'ouvre la porte d'en avant que je le vois, dos à moi, assis sur les marches du perron, à regarder le soleil qui se lève. Je suis à au moins deux mètres de lui, mais je peux très bien sentir la forte odeur d'alcool jusqu'ici. Ses longs cheveux sont en chignon, un peu détruit, avec des petits cheveux mêlés autour de sa tête.

Sans un mot, je vais m'assoir à ses côtés. Il ne fait pas de saut, car il m'a sûrement entendue sortir. Il se retourne lentement vers moi, je le sens me regarder, mais je l'ignore. J'observe la grosse moitié rouge du soleil qui se pointe à l'horizon. Aucun nuage à proximité, que des nuances de rose, bleu, jaune, rouge et même mauve. Je sens Sam se retourner à nouveau pour avoir la même vue que moi. Je pose mes coudes sur mes genoux et mon visage dans le creux de mes paumes. J'aimerais bien que le soleil ne se lève jamais complètement, qu'il reste ainsi pour l'éternité, avec Sam à mes côtés, dans le silence absolu et confortable. Apparemment pas si confortable parce que mon coloc se met à parler.

-Hey.
-Hey.
-Écoute, pour tantôt...
-Sam. Profite d'en ce moment, on en reparlera après avoir dormi, et dans ton cas, douché.

Et c'est ce qu'il fait.

Le lendemain matin, je me réveille avec misère autour de huit heures. Après tout, c'est lundi, et il y a cours. Je me prépare en silence, me maquillant avec soin, comme je le fais rarement. J'enfile des pantalons en tweed gris et un chandail de laine blanche. Il fait maintenant assez froid pour sortir les pulls, autant bien en profiter. J'attache mes cheveux en un chignons bas et met à mes oreilles des anneaux dorés. Après m'être regardée dans mon miroir, satisfaite du reflet, je passe la bretelle de mon sac d'école par dessus mon épaule et me met en route.

L'école est presque vide lorsque j'y arrive. Il est déjà neuf heures et demie, pourtant. Au loin, assise sur un banc dans le couloir, j'aperçois Minnie qui attend devant notre cours de philosophie. Elle est vêtue tellement simplement, d'un jeans foncé et d'un chandail à manches longues blanches. Décolleté, il a beau couvrir la majorité de sa peau, il ne laisse peu à l'imagination quant à sa poitrine. Elle n'a pas toujours été comme ça. Elle aimait être stylée, elle défendait que nous les femmes n'avions pas à s'habiller pour plaire aux hommes en montrant ses assets préférés à ceux-ci. On dirait que maintenant, elle tente d'avantage à plaire aux autres.

Je passe devant elle et vais m'asseoir à l'autre bout du banc.

-On peut parler?

Je lève la tête vers elle. Elle semble triste.

-Je sais pas ce qui nous est arrivé, Cha. Je sais qu'on a jamais été super proche comme des vrais meilleures amies, mais je te considérais vraiment comme une amie proche. Je ne sais pas qu'est-ce qui m'a pris à te dire que tu te jetais dans les bras du premier venu parce que tu sais que ce n'est pas vrai. Est-ce qu'on peut oublier tout ça? Revenir comme avant?

Je lui souris et hoche la tête, comme l'hypocrite que je suis. La vérité, c'est que je ne me sens pas tout à fait bien à son égard. Elle n'a rien fait de mal à part parler dans mon dos à propos d'un sujet totalement inoffensif et pourtant j'ai l'impression d'être fâchée. J'imagine que je vais oublier éventuellement et je pourrai arrêter de fausser. Pour l'instant, je m'approche et l'écoute parler de sa mère qui a un nouveau chum.

***

-Sam, attrape!

Je le vois au loin, aussi beau que les footballeurs dans les films clichés. Il lève à peine sa main pour attraper le muffin que son ami lui lance. Il s'approche d'eux, exécute quelques jeux de mains et s'assit sur le mur de briques, au milieu du groupe. J'arrive à reconnaître Gab et Trevor, mais les autres ne me disent rien. Sam est vraiment beau. Dans son chandail à manches longues Tommy Hilfiger noir et rouge et ses jeans noirs trouées, sa casquette à l'envers et son gros sac noir, on dirait vraiment un cliché. Pour un moment, un bref petit moment de rien du tout, il arrête de parler, regarde aux alentours, comme s'il cherchait quelqu'un, puis, ne trouvant pas cette personne, se concentre à nouveau dans la conversation. Cherchait-il Minnie? Elle est à côté de moi, sur son cellulaire. Mon amie ne les a toujours pas vus.

-Minnie? T'as quelque chose à manger?
-Oui, j'ai une barre tendre au chocolat, tu la veux?
-Oh, non merci, je n'ai pas faim finalement.

Elle lève la tête, curieuse. Sa curiosité ne s'éternise pas, parce qu'elle aperçoit le groupe de gars au loin et son visage s'illumine.

-Viens! On va dire allo.
-Noooon, Minnie on est bien ici.
-Come On! C'est ton coloc, fais pas ta gênée.
-Je ne fais pas ma gênée!
-Alors viens!

Elle me tire par le bras et m'emmène vers les amis de Sam. À vrai dire, je suis plutôt gênée. À part Sam, Gab et Trevor, je ne connais personne et ça m'intimide légèrement, surtout qu'ils sont tous pas mal beau.

-Hey, Cha, je te cherchais!

Ah, alors c'est moi qu'il cherchait des yeux tout à l'heure. Pas Minnie. Je souris intérieurement.

Minnie, quant à elle, fait le tour des gars en se présentant. Je vais m'asseoir sur le mur de briques à côté de Sam. Il se baisse vers moi et chuchote:

-T'es partie tôt ce matin, on a pas eu le temps de parler.
-On peut oublier tout?

Il se redresse, surpris. Je lui souris et pose ma tête sur son épaule. Ça, c'est avant que tout les amis de Sam dirigent leur attention vers moi. Il demandent tous à Sam je suis qui, d'où je le connais, si c'est moi sa coloc dont il parle tout le temps. Flattée, mais légèrement embarrassée, je me sens rougir, et non pas à cause du froid. C'est à ce moment là que Minnie décide qu'elle n'a pas assez d'attention et commence à parler de elle, comment elle connaît Sam. Je n'ai jamais autant aimé Minnie pour prendre toute l'attention de moi.

Quelques instants plus tard, tranquillement, une conversation coule, où Minnie n'est pas le sujet principal et tout le monde participe. Trevor raconte comment il s'est cassé une jambe en déboulant les escaliers. Je suis vraiment attentive de ce qu'il dit, jusqu'à ce que je sente la main de Sam se poser sur ma cuisse, comme si c'était la chose la plus normale à faire. Comme si c'était naturel. Je lève la tête vers lui, il n'a même pas changé d'expression faciale, il écoute le récit de son ami.

Je sais que je devrais enlever sa main de ma cuisse mais je n'en ai pas envie, et je me sens stupide. Parce que si Finnick arrivait en ce moment même, je ne crois pas que ça lui plairait.

Mais je suis bien.

En Coloc avec mon Meilleur EnnemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant