Le lendemain matin, je décide d'être gentille et de faire des crêpes à mon coloc et à moi. Il sort de sa chambre pile au moment où je termine ses crêpes à lui.
-Je t'ai fait des crêpes, je m'écris en les pointant, fière de celles-ci.
Je me suis mise mignonne aujourd'hui. Avec mes shorts en jogging grises et mon chandail décolleté à manches longues rose, j'ai mis tous mes meilleurs aspects en valeur.
Il s'assoit à la table, les dévore en à peine trois bouchées et part au salon. Stupéfaite, je le regarde s'installer alors que dans mes veines, mon sang commence à bouillir. Lorsqu'il s'aperçoit que mon visage vient de plus en plus rouge, il esquisse un léger sourire.
-C'est pas en me faisant des crêpes qui étaient, soit dit en passant, absolument délicieuses, vraiment exquises, que je vais devenir ton ami. On sera pas amis, je te l'ai déjà dis.
-Je ne voulais pas être ton amie, connard, je voulais juste être gentille.Je me remets à mes crêpes, penaude. Et alors que je suis en train de manger ma dernière, il s'approche doucement.
-Tu veux m'en faire une autre?
Je me lève de ma chaise, range mon assiette très lentement en le regardant dans les yeux, place les poêles dans l'évier, ferme le four, prend mon sac à dos sur le comptoir et enfile mes souliers.
-Bye.
Je claque la porte de l'appartement derrière moi et me met en marche vers l'université.
J'entend la porte se rouvrir et une voix me crier après.
-Méchante!
Je souris malgré moi.
***
-Donc ce que tu me dis, c'est que ton coloc est une vraie chaudasse mais un vrai trou du cul?
-C'est exact.
-Et tu veux qu'il t'apprécie?
-Mais oui! Tu sais bien plus que quiconque qu'il faut que tout le monde m'aime! Je déteste ne pas me faire aimer.
-Oui je sais ça.Ma meilleure amie me contemple, désespérée.
-J'ai deux solutions. Utilise la première: sois gentille. Il craquera bien un moment donné.
-Et la deuxième?
-Ce sera le plan B si le plan A ne fonctionne pas.Sur ce, elle me fait un sourire diabolique que je qualifierais de louche et elle reporte son attention sur le cours.
***
-Hey, ça va?!
-Hey, oui, toi?!Finnick me donne une accolade lorsque dans le corridor, nous nous croisons.
-Ça va mieux depuis que je te vois, dit-il en m'adressant un clin d'œil.
-Tu t'en vas à l'appart?
-Ouin.
-Je te raccompagne, s'écrie-t'il avec un enthousiasme profond qui me fait sourire.Pendant la prochaine demi-heure qui passe, nous parlons d'absolument tout, la conversation coule parfaitement, et même rendus dans l'appart, nous nous assoyons face à face et continuons à parler.
Finnick, donc, vient du Brésil. Il y est né, dans une petite ville près du Venezuela. Sa mère était polonaise alors ils sont retournés en Pologne lorsqu'il avait 10 mois mais ils ont vite décidés de déménager à nouveau aux États-Unis. Il a deux sœurs plus jeunes que lui, il aime les sushis plus que tout (comme moi 😍) et il aime encore plus la crème glacée. Il connaît Sam depuis le début de son bac à l'université, il y a donc deux ans. Il habite encore chez ses parents. Il étudie en médecine.
-Qu'est-ce que vous faites?
Nous nous tournons soudainement vers mon coloc qui vient d'arriver.
-Nous discutions sagement sur ton canapé mon gars.
Finnick se lève, puis se penche pour me donner la bise, très lentement et très près de la bouche. Il me fait un clin d'œil, salue son ami et part.
Je suis fâchée. J'avais une bonne conversation avec lui et Sam a tout gâché.
Soit gentille. Gentille gentille gentille.
-Passé une belle journée? Je demande en le rejoignant à la cuisine où il défait ses sacs d'épicerie.
-J'ai acheté plus de trucs pour que tu fasses des crêpes.
Il range les sacs et va se renfermer dans sa chambre. Merde. Mon plan coule déjà et c'est à peine si je l'ai commencé.
-Tu veux manger quoi pour souper? Je demande de l'autre côté de sa porte.
-Fais ce que tu veux, j'ai un rendez-vous avec une fille moi ce soir.Ah.
Ce sera donc pizza pour moi.
Je rejoins ma propre chambre et enfile un pyjama confortable (shorts et chandail à manches courtes). Mais alors que j'enfile mon t-shirt, Sam rentre.
-Nan mais t'es malade?! Je hurle en me lançant sur mon lit pour me cacher. Tu cognes à la porte avant de rentrer!
-Oui, oui, désolé.Un silence s'installe. Je le vois lorgner mon dos nu.
-Je peux faire quelque chose pour t'aider?
-Oui, en fait je me demandais si t'étais capable d'attacher ça, dit-il en pointant sa cravate.
-Attend une seconde.Un silence.
-T'es con ou quoi? Je te demande une seconde pour pouvoir mettre un t-shirt, ça serait plaisant que tu quittes la pièce.
-Ah.Il referme la porte derrière lui et j'enfile le haut de mon pyjama rapide presto. Je sors de ma chambre et atterris nez à nez avec lui. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi proche de ma porte. Je retiens mon souffle, il est si près. Il baisse les yeux sur sa cravate et en deux trois mouvements, je lui fais un noeud comme j'ai appris à le faire avec mon frère.
Sans dire merci ou sans dire bonne soirée, il se retourne, prend son portefeuille et ses clés et se dirige vers la porte d'entrée.
-En passant, t'as oublié de mettre tes shorts.
Et sur ce, me laissant bouche bée devant ma stupidité, il ferme la porte derrière lui.
***
Je prend une dernière bouchée de ma pointe de pizza lorsque mon film termine. J'en installe un autre et ferme les yeux. Je suis si fatiguée.
J'ouvre les yeux tranquillement lorsque sur la peau de mes jambes je sens la main chaude de Sam se poser. Le canapé s'enfonce lorsqu'il vient s'asseoir à côté de moi. Je le vois à peine mais je devine qu'il m'a volée une pointe de pizza et qu'il regarde le film, une main toujours posée sur mes jambes qui sont passées par-dessus ses cuisses. Son beau noeud de cravate n'est plus qu'un souvenir, sa chemise est à moitié déboutonnée et sa ceinture n'est plus. Le chignon qu'il s'était fait est maintenant un amas de cheveux dans un élastique. Il est beau.
Je me rendors, sans trop y mettre de signification à ce geste.
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Le gars sur la photo c'est comment je m'imagine Finnick, clickez dessus pour mieux le voir. :)
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En Coloc avec mon Meilleur Ennemi
RastgeleC'est l'histoire de Châtelaine qui habite enfin en appartement pour être plus près de son université. Excitée par la liberté de cet appartement sans ses parents toujours sur son dos, elle oublie un petit détail: son coloc. Sam, ce dernier, est d'une...