Chapitre 1: Brouillard

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La pluie tombe si fort, et le vent souffle d'autant plus. Je n'aime pas ce temps, il se fait tard. Mais quelle débile je suis de rentrer si tard aussi! Je ne sais même pas ce que je fais en fait, ni où je vais... Je crois que je rentre chez moi, ou tout du moins j'essaie. J'ai l'impression d'être totalement perdue, mais je continue à avancer d'un pas sur pourtant. Il me semble être dans une avenue, mais je suis seule, il n'y a personne.

Tiens, une rue m'intrigue, je ne sais même pas pourquoi mais il faut que je l'emprunte. Mes jambes pivotent donc et je pénètre dans cette rue, qui est plutôt une ruelle à présent. C'est de très mauvaise augure par ici, plein de vieux cartons jonchent le sol ainsi que des bouteilles d'alcool en milles morceaux. En temps normal je n'aurai pas emprunté un tel chemin, moi qui suis plutôt méfiante! Je marche, mes jambes ne répondent pas à mes pensées, c'est incontrôlable. Il n'y a aucun lampadaires dans cette rue, je ne distingue plus grand chose, et c'est plutôt flippant.

« Aaaaah ! », je me retourne, ce n'était qu'une souris.

Je relève la tête, cette ruelle à une fin et il y a de la lumière au bout. Pressons le pas ! Je me retrouve alors dans la lumière, c'est tout de même plus rassurant. Je m'oriente à droite, puis à gauche, par où dois-je aller en fait ?

Mais... que ce passe- t- il ? J'ai vraiment peur là, les lampadaires se mettent à clignoter, un gros bruit se fait entendre, et, mais c'est du verre qui se brise ! Ah les lumières se sont entièrement éteintes ! Il faut que je parte d'ici tout de suite, mais mes jambes me retiennent, je suis comme clouée sur place. Mon cœur bat à toute vitesse, je veux courir mais impossible de bouger !

Et c'est brusquement qu'un cris persan se fait entendre, c'est un appel à l'aide ! Il faut bouger de là allez ! Impossible. Le cris résonne à nouveau et je sent mon sang se glacer.

« Aaaaaaaaaaaahhhh !!! », mais où suis-je ? Dans mon lit, dans ma chambre, je suis en sueur et toute essoufflée. Encore cet horrible rêve, je n'en peu plus ! Et comme d'habitude j'ai dû réveiller maman, ah j'entends ses pas dans le couloir. Je me redresse et la porte s'ouvre.

« Mon dieu Alex, ne me dis pas que tu as encore fais ce cauchemar ? Tu as crié tellement fort cette fois ma chérie ! » me dit-elle.

« Je suis désolée maman... J'ai l'impression que c'est de pire en pire ce cris. Il est quelle heure ? » je lui demande.

« Il est 5h30, tu te lève dans une heure. Essaie de te rendormir un peu et calme toi hein ?»

« Oui je vais essayer maman... »

« Bien, allez à toute ma chérie. »

Elle referme alors la porte. Je sais que je n'arriverai pas à me rendormir après ça, c'est toujours la même chose. Ce rêve étrange affole mon esprit impossible de ne pas y penser. Je reste donc assise dans mon lit à réfléchir, et à essayer de comprendre le sens de ce rêve qui habite chacune de mes nuits. Mais je n'en ai aucune idée... Je me lève et tire les rideaux de ma fenêtre, il fait nuit, la rue est calme. Et je reste là à contempler les éclairages de ma ville : Paris.

"Driiinng driiinng" c'est mon réveil qui sonne. Quoi, ça fait déjà une heure que je contemple les alentours absorbée par mes pensées? Il faut que j'aille me préparer maintenant. Je fonce donc dans la salle de bain, m'hablille, me maquille et fais ma toilette. Pfff j'ai une sale tête ce matin! Il faut que je prenne mon petit déjeuner mais je n'ai absolument pas faim... Je me force donc à manger quelque chose et retourne me laver les dents. Quelle heure est-il? 7h45 déjà, allez j'enfile un manteau, mon écharpe, ajuste mes longs cheveux blonds, puis enfile mes gants.

Je me lance dans le froid du matin, il y a du brouillard et c'est dur de se motiver dans ces conditions. Je marche jusqu'à la station de Métro, un chemin que je connais par coeur. Je dois comme tous les matins retrouver mon amie Eloïse sur le quai. Lorsqu'elle m'aperçoit elle me fait un grand sourire que je m'efforce de lui retourner. On enchaine avec la bise biensur et puis elle me pose la question habituelle: "ça va?" Je réponds que ça peut aller, comme ça je lui ment qu'à moitié. Et puis elle se met à compter son week end, je l'écoute tout en appréhendant comme tous les matins la journée. C'est quelque chose que je ne contrôle pas, le fait de prendre le métro me stresse, aller au lycée me stresse. J'ai peur du regard des autres, je préfère me méfier des autres personnes.

Le métro arrive, il faut laisser les gens descendre et lorsque la sonette retentie, on peut enfin rentrer. Biensur il n'y a pas de places assises alors on reste debout accrochées à la barre et serrées contre les autres gens. C'est désagréable...

"Et toi, tu as fait quoi ce week end?" me demande Eloïse. C'est une bonne question ça, qu'est ce que j'ai fait de mon week end?

"Et bien, j'ai révisé, et heu... rien de spécial en fait." C'est souvent ce que je réponds, en plus les personnes autour entendent tout alors à quoi bon donner des détails?

"Ah cool!" C'est toujours ce qu'elle dit, mais dans sa tête elle doit me trouver nulle, c'est sur, elle qui fait toujours plein de choses passionnantes! Puis arrive le grand blanc qui met toujours mal à l'aise, je regarde autour de moi, tant de visages. Personne ne souri, tout le monde a l'air blasé. On arrive enfin à une station, où quelques personnes descendent laissant un peu plus de place et d'oxygène. Malheureusement, ce ne sera pas ce matin qu'on aura des places assises!

"Tu as vu le nouveau film qui est sorti au ciné?" me demande Eloïse, sans doute pour combler le blanc. "Euh non, raconte!" comme ça je vais pouvoir faire semblant d'écouter et il n'y aura plus de vide. Je me sens observée tout d'un coup, je tourne le regard vers la gauche, en effet un homme est en train de me fixer. Je n'aime pas ça, je me sens très mal et je voudrais être invisible durant quelques instants. Je lui donne la quarantaine, c'est juste répugnant je n'en ai même pas 18! Il me dégoute à ballader son regard ainsi sur moi. Les minutes me semblent longues jusqu'à l'arrêt du train à notre station. Mais nous decendons enfin et je peux respirer! On emprunte les couloirs interminables du Métro pour sortire. Eloïse s'est étendu sur un autre sujet alors j'écoute. On emprunte les escalators menant à la sortie, et c'est avec joie que je retrouve l'air frais. Le lycée n'est plus très loin maintenant, ça y est on apperçoit les portes ainsi que tous les lycéens.

Une fois devant, on se glisse dans la foule (en majorité de fumeurs) pour retrouver nos amies déjà à l'interieur du lycée. En effet, comme tous les matins elles sont réunies en cercle entrain de discuter. Il faut donc faire la bise à chacunes d'entre elles et essayer de participer à la conversation pour ne pas avoir le droit à la question: "t'es sur que ça va?" Parce que en effet, ça ne va pas, mais personne ne pourra comprendre... Je suis épuisée de la routine, de toutes ces journées qui se répètent, de tous ces mêmes visages, ces mêmes discussions. Une chose est sûre, il manque quelque chose d'essentiel à ma vie. Ou plutôt quelqu'un. J'en ai le sentiment, mais combien de temps encore vais- je devoir attendre? Je me sens seule plus que jamais.

"Driiinnng" ça y est, il faut aller en cours, pour revoir les mêmes têtes, les mêmes profs et écouter les mêmes choses.

THE TREASUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant