[Je bouge alors, lentement, ma tête de gauche à droite, les yeux légèrement écarquillés, comme sur mes gardes face au comportement imprévisible d'Ace.]
Et, sans que je ne puisse faire aucun gestes contrôlés, le noiraud se dépêche de prendre la bouteille d'eau qui était encore dans l'une de mes mains, l'arrachant de mes doigts, afin de l'ouvrir et de me renverser quelques grosses goûtes sur ma tête. Mon visage, penaud, et surtout blasé, laisse les filets d'eau longer mes joues pour s'écraser sur ma chemise blanche.
- Oups, dit-il, prenant un air faussement mignon.
- Putain, t'abuses, grogné-je presque trop calmement.
Je soupire alors, tout en sentant une envie irrésistible de rire au milieu de la gorge. Je n'arrive plus à sentir les maux de colère qui m'étreignaient autrefois lorsqu'il agissait comme ça. Je me sens mise à nue devant lui, où mes filtres d'humeurs s'envolent pour laisser place à un autre chaud, et apaisant.
Machinalement, je passe une main dans mes cheveux afin de les mettre en arrière ; il me regarde, je sens son regard parcourir mes gestes, pour ensuite suivre les légères courbes de mon corps. Mes lèvres s'étirent malicieusement à leur tour, et, tout en voyant que sa vigilance est partie autant que sa discrétion, je laisse ma main propulser quelques gouttelettes d'eau sur son visage.
Comme un enfant, son visage se ferme pendant que ses épaules se redressent ; une moue rajeunie s'affiche alors, et, il passe ses doigts afin d'essuyer son faciès. Un air mi-ennuyé, mi-joueur me toise lorsque sa main revient rejoindre le long de son corps. Instinctivement je tire le bout de ma langue, taquine de ce qu'il vient de ce passer. Mon humeur joueuse, comme celle-là, ne se montre que très rarement. Et, il faut dire qu'une douce sensation s'éprend de mon corps, comme une sorte de bien être inexplicable.
- Tu veux jouer à l'audacieuse ? Me demande-t-il tout en attrapant le bout de ma langue entre deux doigts.
Malgré le petit handicap qu'il vient de créer en m'attrapant la bouche, un rire délicat traverse mes lèvres pendant que je tente de me délivrer de son emprise. Je mets une main contre la sienne, et la tire afin qu'il puisse me lâcher ; cependant, il ne semble pas de cette avis, et en tire même une certaine satisfaction. Son sourire malicieux me regardant, et ses pupilles allumées d'une lueur joueuse.
Deuxième bruissement de rideau, Ace se tourne instinctivement, autant que mon regard bascule sur le côté pour voir qui nous rejoint. Vivi, tout d'abord en train de nous toiser, un à un, avant que ses lèvres ne soient étirées pour rendre une attitude enjouée et... presque séductrice. Ace se recule, elle s'avance vers nous.
- Ace ! Commença-t-elle en se postant devant lui. Je voulais savoir si tu restais pour le feu de camps, tout à l'heure ?
Je reprends mon gilet entreposé précédemment sur une étagère ; il est temps que j'envisage de retourner m'occuper de la salle. Je passe alors à côté des deux adolescents en train de parler de la grande soirée prévue ce soir chez nous. De ce que j'ai cru comprendre, beaucoup de personnes étaient invitées, et notamment des dernières années ; dans mon ancien lycée, j'étais assez renfermée sur moi, et les soirées où les gens pullulaient, et les effluves de cigarette et alcool pouvaient me répugner. Cependant, depuis que j'ai trouvé certaines personnes, les changements successifs dans ma vie, le déménagement, je pense avoir évolué ; eh puis, je n'ai pas vraiment le choix, après tout. Autant que j'apprécie la soirée comme elle viendra à moi. Cela sera l'occasion de connaître un peu plus de monde.
Passant le seuil des rideaux du local, omettant complètement d'écouter leur conversation, je me retourne légèrement, afin de pouvoir voir Ace ; jetant un léger regard à son visage, je peux remarquer qu'il pense à la même chose que moi. Nos iris se croisent et se regardent, avant que, à l'unissons, nos lèvres s'étirent face à ce geste dont nous sommes tous les deux coupables ; se chercher mutuellement.
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Dévêtue de mon uniforme de bar, type serveur français, j'ai revêtu des vêtements un peu plus confortables face à l'activité que nous allons faire. La journée des portes ouvertes terminées, les familles ayant regagné le portail afin de sortir, le lycée a proposé d'organiser l'apogée de ce début de soirée en remerciant les élèves ; un tas de bois, au centre de la cours, délimité par quelques pierres afin que les flammes ne dansent pas trop loin. Les élèves sont autour de ce feu, allumé précédemment par les professeurs ; des groupes se sont formés, parsemés ici et là. Quelques élèves tiennent leur verre entre leurs doigts, tout comme moi. La musique raisonne et forme une sorte de valse enfermée dans les mur, ce qui n'est pas pour me déplaire. D'autres dansent un peu plus près du foyer de flammes, et bougent leur corps au gré de la musique.
Accompagnée de Vivi, je trempe mes lèvres dans le punch sans alcool que j'ai été prendre il y a quelques minutes déjà. Vivi me suit, tout en regardant de ses yeux grisés le feu se mouver au loin.
- Je compte inviter Ace à danser un slow avec moi, annonce-t-elle, le regard perdu dans les étincelles.
En sentant ma gorge se serrer à cette remarque, le liquide que j'étais en train de boire manque de se renverser sur le sol, caché de ma bouche. Mon cœur rate précipitamment un battement, pendant que je tente de calmer les picotements de ma tranchée en toussotant sur le côté. Une fois plus sereine, dissimulant mes lèvres pincées, je replace mon verre au niveau de mon visage, les yeux observant anormalement le ciel.
- C'est cool que tu prennes ton courage à deux mains, je ne peux que t'encourager, dis-je, lui rendant un faux sourire.
Pitoyable. Mes yeux cherchent un endroit où fuir face à la réponse que je viens de lui donner ; mon intention a sonné forcée, et mes encouragements ont été aussi utiles qu'un silence gênant. Prise alors d'une gêne incontrôlée, je place mon bras de libre au niveau de ma poitrine, comme cherchant à me serrer moi-même. Mon cœur gronde, appelant de l'aide face à mes réactions de plus en plus désagréable. Cependant, pour Vivi, je ne dois rien faire paraître, et rester stoïque.
D'ailleurs, je sens que ses yeux, presque contents, me regardent quelques secondes avant de balayer la cours du regard. Arrêtant de cacher mon visage avec le liquide orange, je l'imite timidement.
- Je ne sais pas comment l'aborder, je t'avoue que je stresse, m'avoue Vivi tout en laissant son regard se poser sur l'intéressé.
- Ne te prend pas la tête, dis-je au tac-au-tac. Invite-le avec les premiers mots qui te viennent, c'est ce qui fera que ta demande sera authentique.
Baissant les yeux vers le sol, je sens un poids me peser doucement sur mes épaules ; serais-je en train de regretter de donner des conseils vains à mon amie ? Malheureusement, mon tempérament est terriblement ambigu, et... c'est comme si je n'arrivais pas à trouver les mots, ou m'exprimer correctement. Tout semble faux, lorsque j'ouvre la bouche et même aider Vivi, la personne avec qui je suis la plus proche, me paraît inatteignable.
Je redresse la tête, croisant les iris d'Ace au loin. Mon coeur commence à s'accélérer, et le même sentiment que tout à l'heure, dans le local, s'empreigne en moi. Mes membres sont comme plus souples, et mes épaules s'abaissent, comme si j'étais rassurée. Pourquoi est-ce que je sais que c'est moi qu'il regarde ? Pourquoi, parmi toutes ce monde, je sais que ses yeux sont sur moi et personne d'autre ? Et pourquoi est-ce que je me sens si heureuse de cette situation ?
J'arrive à percevoir Vivi trésailler, le rouge lui picotant ses joues rebondies et ne peux m'empêcher de me sentir coupable. Il est possible que... nous aimons le même garçon.
[ Les choses ne font que s'accentuer et se concrétiser ;) Que pensez vous de cette partie ? Pouvez vous me dire ce que vous imaginez pour la suite ?
Hâte se découvrir vos théories !A la prochaine ! Bisous]
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I Hated [Ace x OC, One Piece]
FanfictionRen, lycéenne lambda vivant seule avec son père, ne se doute pas que celui-ci procède secrètement à son remariage. Lorsqu'elle l'apprend, elle est loin de se douter de l'importance qu'a Rouge, sa futur belle-mère, au sein de l'empire économique japo...