La soirée est entamée depuis quelques heures, déjà. N'ayant pas vu l'heure passée afin de me préparer, mon maquillage est simple. Un trait d'eye-liner afin d'agrandir mon regard, une simple couche de mascara rallonge mes cils. Un rouge à lèvre matte, d'une couleur nude rosée met en valeur ma bouche -même si ce dernier, à mesure des verres avalés, s'estompe lentement. De petites touches que j'apprécie, qui contraste avec mes yeux et mon teint beaucoup trop clairs. Je n'ai eu le temps de travailler mes cernes, qui ont toujours été prononcées ; de légères poches se forment régulièrement sous mes yeux, lorsque la fatigue s'installe inlassablement. Mais ces dernières se dessinent également pendant que je souris. Ce n'est pas un complexe prononcé, puisqu'il m'arrive parfois de les apprécier. J'ai pu cependant enfiler une tenue adéquate ; un débardeur noir, ample, mis dans un pantalon blanc dans une coupe droite. Un gilet camel contraste avec ces tons monotones, sublimant l'attirail de couleurs que je porte.
Dans le salon coloré de multiples banderoles, mais aussi jonché de bouteilles et de verres vidés, je regarde la télé passer les différents clips des musiques de cette soirée. Dans une ambiance assombri, aux lumières tantôt aux coloris multiples, tantôt tamisées. La musique vibre, à travers l'enceinte, dans ma cage thoracique. Elle parcourt mon corps, pulse contre ma poitrine, instaurant une fougue dont j'aurai bien besoin. Un gobelet rouge à la main, rempli d'un liquide orangé, je trempe de temps en temps mes lèvres dedans ; sentant l'alcool engourdir ma langue et mon palais, émoustillé la spontanéité de mes pensées, je m'abandonne à ce punch. Mes pupilles sombres cherchent instinctivement Vivi, qui entame à longueur de temps des allées-venues entre la maison et l'extérieur. J'enfonce mon dos dans le fauteuil, un air ennuyé ; Ace est dehors, enchaînant les cigarettes avec ses camarades de classe. La bleutée passe alors l'encadrure de la baie vitrée. Un gobelet vert entre les doigts, je l'observe se faufiler entre les jeunes adultes aux allures éméchés. Ses cheveux lissés tombant sur sa poitrine recouverte d'un haut dragée, ses jambes fines moulées dans un short-jean taille haute, elle s'approche de moi titubant doucement au travers de ce comité bruyant. Un sourire égayant son visage maquillé à la perfection, Vivi s'assoit à mes côtés. Ses longs cils papillonnent vers mon visage, alors qu'un doux rictus étire mes lèvres.
- Ren ! fait alors ma camarade, la voix poussée afin qu'elle évite de se mêler à la musique. Pourquoi tu ne viendrais pas dehors avec moi ? Il fait super bon, eh puis ton frère ne va pas tarder à commencer un jeu à boire.
« Ton frère ». Ces mots résonnent comme un typhon au creux de mes oreilles ; en boucle, inlassablement. Mes idées se confirment à cette phrase ; l'idée que Vivi ait passé une grande partie de sa soirée en sa compagnie me fait tordre le ventre d'un poids que je saurai qualifié. Mes pensées fusent, les unes après les autres. Un torrent d'informations vient embuer mon environnement. Ma respiration se bloque au niveau de ma gorge, qui se serre à mesure que je la sens s'assécher. Une problématique vient suivre une autre, semblable à une délectation morbide dont mon corps raffole.
Cependant, une chose semble particulièrement différente. Ce sentiment si intense, qui ronge ma poitrine jusqu'à exploser au creux de mes intestins, qui refroidit ma peau dans une vague froide, ce n'est pas de la jalousie. Non. Il s'agit d'un mélange étroit de déception, de remords, et de colère. Mais contre qui suis-je réellement irritée ?
- Je pensais plutôt aller danser, dis-je, tentant une nouvelle approche, abordant un sourire faussement enjoué.
- Je n'ai pas envie de danser, renchérit-elle au tac-au-tac. J'ai surtout envie d'aller jouer au jeu avec eux.
- Ou plutôt d'y jouer avec Ace, corrigé-je, sans réellement prendre conscience de mes mots.
A cette phrase, je sens instinctivement les remords grimper et obstruer mes pensées raisonnées. Mes poumons prennent une bouffée d'air, pendant que cette remarque puérile tourne dans le creux de mon esprit. Une pression s'empare de ma poitrine, alors que mes pupilles sombres, gênées, tentent de se frayer un chemin sur le visage de Vivi. Elle plisse les yeux, penchant lentement la tête sur le côté ; ses cheveux turquoise s'emmêlent sur son épaule, alors que ses lèvres se serrent dans une expression suspicieuse. Sa position affirme une sorte de dominance soudaine, la poitrine dressée. Comme si je venais de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité, ma mâchoire se contracte, mon dos se courbe légèrement vers l'avant et l'atmosphère se rempli d'une lourdeur que mon corps peine à supporter. Un long silence intervient, rompant la dernière échelle qui soutenait ce semblant de tensions. Je me sens oppressée. Ma respiration prend un rythme irrégulier, couplée aux quelques verres qui embrouillent ma vision. La culpabilité et la honte grimpe sur les parois de ma gorge, la refermant davantage sur elle même. J'ouvre les lèvres, aucun sons ne peut s'éveiller. Mes yeux se taisent vers le sol.
- Vivi, je-... parviens-je à dire.
- Non, tu as raison. C'est bien pour aller avec Ace, enchaîna-t-elle en me coupant la parole, un sourire presque trop naïf étirer ses lèvres. Je ne pensais pas que ça pourrait te déranger.
Son coude posé contre le dossier du canapé, j'observe sa joue rejoindre ses doigts. Son visage à présent soutenu par son bras, ses iris claires me toisent. Son rictus se transforme rapidement en lueur austère, brillant tel une rhétorique parfaite. Une expression au double-tranchant ; à la fois agressif, mais aussi soupçonneux. La cage dans laquelle je viens de me rendre par mon propre chef se renferme indéniablement sur moi.
- Dis-moi, Ren, quelle est la relation que tu entretiens avec Ace ? fit-elle, la voix plus grave qu'à l'accoutumée.
Un frisson parcoure ma colonne vertébrale dans une vague glaciale. Le regard toujours fuyant, je tente de ressaisir mes idées fuyardes. La pression sur mes épaules poursuit sa torpeur abominable, ma cage thoracique est sur le point d'exploser.
- Fraternelle, réponds-je rendant un semblant de confiance. Peut-être des amis.
- Alors je ne vois pas où est le problème, répond-t-elle, un sourire beaucoup plus sincère.
Un autre calme aux tensions ébranlées se clame. La musique raisonne dans cette fin de conversation étrange. Où le paradoxe atteint son point culminant ; son visage, qui était calqué sur une humeur horriblement étouffante, vient de se métamorphoser vers celui que j'ai toujours connu. Sentant mes poumons se vider progressivement de leur air, je passe maladroitement une main sur mon visage. Il est humide, sous pression intense. Il me faut de l'air. Maintenant.
- Je vais au toilette, commencez le jeu sans moi, arrivé-je à articuler, me précipitant vers les escaliers adjacents au fauteuil.
Une fuite improvisée médiocre. Mes lèvres se plissent, tremblent lentement. Mes émotions ne m'avaient jamais atteinte de la sorte ; un mélange d'opprobre et de confusion flotte dans ma tête, se sondant dans mon corps. Semblable à une main qui m'empêchait précédemment de reprendre mon souffle, j'inspire une bourrasque d'air, puis la relâche aussitôt. Une hyperventilation nécessaire pour que mes membres stoppent leur somesthésie exiguë. Mes pieds engourdis grimpent les quelques marches qui me séparent du premier étage. Qu'est-ce qu'il m'a pris d'engager un argument aussi répugnant que celui-là ?
Je passe la dernière montée, et, dans l'encadrure d'un couloir, je soupir une énième fois. Ma respiration se régule, mais les sensations de fébrilité font encore trembler certaines parties de mon corps. La musique, en bas, est maintenant étouffée par la distance et les discussions qui traversent la salle principale. Je plaque mon dos quelques instants contre le mur, sentant une certaine accalmie revenir. Les yeux fermés, je parviens enfin à mettre de l'ordre dans ces placards désorganisés qu'est ma tête. Juste un instant...
- Ren ! Vient avec nous ! s'enquit une voix, un peu plus loin dans le couloir.
Je reconnais Luffy, avec son timbre si particulier ; à la fois naïf et enjoué. A la perpendiculaire, je passe mon visage afin de répondre au brun. Cependant, ma vision se bloque instantanément sur les personnes qui l'accompagnent. Un garçon au long nez, un sourire prononcé sur le visage. Nami, vêtue d'un croc-top mettant parfaitement en valeur sa poitrine, sublimé par un pantalon moulant. Et... Zoro.
Encore les lèvres entrouvertes, je ne parviens de nouveau pas à prononcer le moindre mot. Juste un instant de répit, je vous en supplie.
[ Hey tout le monde ! Comment allez-vous ? Je suis de retour avec la suite de ce chapitre 8 qui s'annonce un peu plus mouvementée que les précédente x)
Comment l'avez-vous trouvé ? Que pensez-vous qu'il va se passer ? :)
Concernant le titre du chapitre 2, Purple Lamborghini, il s'agissait surtout de montre le contraste entre la vie de Ren avant et après que son père lui ait annoncé son remariage. Comme une sorte d'excentricité de l'argent. Le titre est de de Skrillex et Rick Ross, pour le film de Suicid Squad.
Le chapitre 3 s'appelle the Haunting, avez-vous des idées de pourquoi ? :)
A la prochaine !]
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I Hated [Ace x OC, One Piece]
FanficRen, lycéenne lambda vivant seule avec son père, ne se doute pas que celui-ci procède secrètement à son remariage. Lorsqu'elle l'apprend, elle est loin de se douter de l'importance qu'a Rouge, sa futur belle-mère, au sein de l'empire économique japo...