Chapitre 7 - Partie 3

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Prenant le chemin inverse afin d'installer la famille qui venait d'arriver, un sourire forcé, je ne sais pas ce qui me déplaît le plus dans cette situation. Le fait que Vivi s'adonne oisivement à une pause improvisée, ou qu'elle tente de m'éloigner ainsi de cette table. Je prends alors note de la commande des visiteurs avant de fébrilement l'exécuter au bar.

Je manipule quelques verres et tasses ; un sentiment désagréable toujours présent dans mes méninges. Il ne veut pas me quitter, malgré mes remontrances afin de me concentrer sur les gestes de préparation. Je grogne doucement, sentant mon visage se tirer dans une expression qui est tiraillée entre l'agacement et une pincée de tristesse. La bleue n'a pas l'air d'avoir l'envie de s'investir dans un projet où tout le monde s'est tué à la tâche pour qu'il soi, en quelque sorte, la fierté de notre classe.

Rapidement, je viens servir les nouveaux clients pendant que j'entends la table ronde des dernières années rire sans retenue. Une ambiance presque festive, avant leur concert de cet après-midi. Une sorte de déstressant avant de monter sur scène, je suppose. Remmenant le plateau au niveau du comptoir, mes yeux se posent sur l'horloge posée contre le mur, en face de moi. Mon emploi du temps, que je prends entre mes doigts, m'indique que j'ai le droit à une petite pause d'une dizaine de minutes. Instinctivement, je me penche sur le comptoir afin de tenter d'apercevoir si quelques autres personnes désirent se poser ici. Voyant que les clients vagabondent autre part, je me permets alors d'entrer dans un petit local, derrière le bar, qui sert habituellement à ranger le matériel de cours.

Je pousse le rideau, qui sert à séparer les deux pièces discrètement, je souffle et retire mon gilet une fois être cachée des regards des autres. Le local est seulement éclairé par une fenêtre, projetant sa lumière sur les étagères de part et d'autres des quatre murs. Mine de rien, plusieurs couches de vêtements finissent par donner chaud. Eh puis, avec le début de l'été, la température extérieure grimpe vite, ces temps-ci.

Mes doigts agrippent une bouteille d'eau, posée parmi d'autres dans un coin de la salle, juste à côté de la fenêtre. Je laisse alors, tout en trempant mes lèvres sur le goulot, mes pensées divaguer sur de multiples sujets, pendant que mes yeux observent la cours animée par quelques stands et files de personnes voulant se renseigner.

Parmi toutes ces familles, beaucoup de parents ont le souhait d'inscrire leur enfant dans un établissement aussi côté que celui-là. L'argent, bien qu'important, ne semble pas rechigner les ménages à s'investir pleinement à l'apprentissage de leur adolescent. Un léger sourire nostalgique s'affiche en regardant éperdument une famille sourire face à leur fille enchantée de visiter les bâtiments aussi grands les uns que les autres. Je sens les commissures de mes lèvres doucement trembler, et des souvenirs dangereux affluer ma tête. Peut être qu'il s'agissait d'un sourire triste, en fait...

Je reprends quelques gorgées d'eau, avant que mes songes ne s'estompent en entendant le bruissement des rideaux poussés par quelqu'un. Vivi, qui doit venir également prendre sa pause.

- Tu devrais prendre une pause après Vivi, ce n'est pas très sérieux si personne s'occupe du café, dis-je calmement tout en laissant mes yeux parcourir la cours de plus belle.

- Ah... Je ne savais pas que je ressemblais à une fille maintenant, répondit alors une voix, plus grave que ce à quoi je m'attendais.

Surprise, je me tourne alors en direction de la sortie du local. Ace, adossé contre une étagère, à quelques mètres de moi. Un léger sourire amusé encré sur son visage, ses bras se croisent nonchalamment sur sa poitrine. Je pouffe doucement de rire en entendant sa remarque, sentant mes pensées hostiles quitter mes souvenirs enfouis.

- Oh, excusez-moi Monsieur, dis-je tout en instant sur le dernier mot, imitant son étirement de lèvres. Cette erreur ne se reproduira pas.

Je hausse un sourcil, ne quittant pas mon sourire égayé. C'est étrange, mais depuis quelques jours, je parviens à découvrir comment il agit, caché derrière des attitudes rustres et détestables. Au fond, j'ose croire qu'il s'agit d'une façade pour se protéger, un mur qu'il faut briser, et que je martèlerai pour décrocher quelques centimètres de sa carapace. Tantôt froid, tantôt doux, il est compliqué de s'adapter face à des personnes ambivalentes. Comprendre son fonctionnement, essayer de se rapprocher, reculer et avancer... Ce sont des choses qui me motivent à apprendre plus sur lui, et sa personnalité qu'il commence seulement à me dévoiler. Ace est un garçon aux multiples facettes, qui m'intéresse comme une sorte de désir inavouable. Un aimant incontournable, où je ne joue qu'un morceau affriandé par le secret et la curiosité.

Il rit délicatement, les yeux posés sur le sol avant de se défaire des étagères et de poser quelques pas en ma direction. Instinctivement, je me redresse tout en le regardant se rapprocher. Les locaux sont privés, et les clients n'ont pas le droit d'y pénétrer aussi facilement... Normalement. Comment fait-il pour que je parvienne qu'aussi peut à lui résister ? Mes armes tombent et grésillent sur le sol, comme ma voix qui n'arrive pas à frémir, mes jambes qui veulent pas bouger, ou mes yeux qui ne peuvent s'empêcher de détailler son visage.

Ace s'arrête en face de moi, son regard sombre plongé dans mes yeux. Je penche doucement ma tête sur le côté, le questionnant silencieusement. Et, comme si l'ambiance autour de nous se tamisait dans un écho lointain, où seulement la musique sonnait sourdement au creux de nos oreilles, je vois son visage se rapprocher du mien. Un baiser, délicat, se pose sur mes lèvres déjà entrouvertes. Presque doux, et simple, il n'a rien à voir avec ceux que nous avions partagé auparavant. Je ne reconnais pas sa façon farouche, et brusque habituelle. Froissant instinctivement son uniforme entre mes doigts, je réponds au baiser, de la même manière qu'il avait commencé. Il ne dura d'ailleurs que très peu de temps, avant qu'Ace ne décide de se relever, penchant la tête pour me détailler.

- Eh bien... je m'attendais à tout, sauf à ça, chuchoté-je tout en laissant mes yeux observer ma main qui revient le long de mon corps.

- Je ne sais pas, j'en avais envie, me répondit-il, tout en laissant son expression de visage reprendre des airs blasés.

- T'es peut être un peu moins « bad boy » que je tu le prétends, dis-je avant de le regarder et rigoler doucement.

- Je peux remédier à ça, si c'est ce que tu veux.

Un sourire étrange vient étirer son visage, pendant que ses iris prennent une lueur qui m'est... un peu trop familière ; malicieuses, préparant un plan sournois. Je bouge alors, lentement, ma tête de gauche à droite, les yeux légèrement écarquillés, comme sur mes gardes face au comportement imprévisible d'Ace.

[ Bonjour tout le monde ! Voici un chapitre qui sort un peu plus tôt que prévu ! Afin de pallier mes longs moments d'absence, vous voilà une nouvelle partie avant de patienter pour la suite !

J'espère qu'elle vous plaira. Bisous !]

I Hated [Ace x OC, One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant