Chapitre 2 - Partie 4

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La fin la journée commence à poindre doucement. Même si elle a été riche en nouvelles choses, il me presse de me rendre au plus vite chez moi, d'enlever rapidement mes chaussures et de m'allonger sur ce lit qui m'attend depuis ce matin.

Durant ces longues heures, j'ai pu rencontrer quelques-uns de mes professeurs et mon emploi du temps m'est parvenu dans le courant de l'après-midi. Quand mes yeux ont survolé la fiche, je me suis dit qu'il y avait des choses bien pires. Je suis satisfaite, pour le moment.

Ma conscience m'a obligée à réfléchir aux évènements fâcheux qui auraient pu se produire aujourd'hui, cependant, je me suis tellement attendue à des choses péjoratives, que maintenant, je me sens juste heureuse.

Une partie lourde de mon être m'a quittée, progressivement au cours de la journée. Je me sens légère, comme si tout ce poids m'avait empêché de profiter pleinement d'aujourd'hui, m'avait fait prisonnière d'un cercle vicieux et imprenable.

Je me dirige à pas las devant le lycée, faisant le chemin inverse de ce matin –qui n'allait pas tarder à devenir une habitue lassante et continuelle. Mes pensées s'emmêlent doucement, m'emportant progressivement dans un univers totalement différent.

Rêver me permet toujours de m'évader. Je suis quelqu'un de très reculée, pensive et idéaliste dans ses idées. C'est sans doute pour ça que j'apprécie énormément la philosophie et tout ce qu'elle contient. Je trouve que les sujets concernant les sentiments humains sont particulièrement intéressants et exploitables à son summum.

L'être humain est compliqué, rude et parsemé de secrets encore inavoués. Mes pieds trainent posément contre les pavés blancs ; je ne tiens pas à me dépêcher, une irrésistible force invisible m'incite à prolonger ma présence en cet endroit.

Un cri, d'abord sourd, parvient jusqu'à mon oreille. Ma tête inclinée auparavant se redresse, coupant tout contact avec mes rêveries futiles. Deuxième cri. J'arrive à percevoir mon prénom. Je me retourne, et voit au loin cette fille. Celle de ce matin.

- Ren ! Tu m'attends enfin ! fait-elle essoufflée de sa douloureuse course. Je devais te donner mes cours pour que tu puisses les rattraper (une moue boudeuse s'empare de son visage)

- Oh ! Je suis désolée, ça m'est complètement sorti de la tête, ris-je timidement.

- (ses lèvres s'étirent, oubliant l'expression qu'abordait son visage) T'inquiètes ! (elle se penche pour sortir quelques classeurs) Normalement, il y a tout.

- Mais ne t'embête pas, je peux attendre un peu avant de-...

- Demain, si tu ne comprends pas quelque chose (la pile de classeurs se retrouve sur mes bras) tu me demanderas, sourit-elle.

- Ou-Ouais.

- (son regard s'adoucit progressivement) Ah mais, j'suis bête ! (ses traits font mine d'être gênés) Je m'appelle Vivi, Nerfertari Vivi.

Je me tâte pour éviter que la pile tombe. Concentrée dans cette réflexion, je ne prends pas le temps de lui répondre. Mes joues s'empourprent une nouvelle fois, mes lèvres bafouillent des choses incompréhensibles pour la remercier. Je me déteste, parfois.

- Tu sais, tu n'es pas obligée de rester aussi polie et timide avec moi. (elle rigole et me pousse doucement d'un coup de hanche) Je vais devoir y aller.

- (mes épaules se détendent et mon visage s'apaise) A demain.

- A demain.

Je vois ses longs cheveux bleus flotter en l'air pour rejoindre un bus de première classe. Je ne peux m'empêcher de réprimer un sourire. Elle me fait des signes de la main, je lui réponds en souriant sincèrement, pas une sorte de facette ou je ne sais pas quoi d'autre, non, un sourire normal, ni forcé, ni implicite d'un quelconque mal caché. Puis, elle disparait de ma vue en entrant dans son moyen de transport.

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Minuit et quelques. Mes doigts sont toujours en train de recopier bêtement les cours demandés. Les cursus ne sont évidemment pas les mêmes ; dans mon nouveau lycée, les activités sont beaucoup plus poussées et travaillées. Tout y est détaillé pour réussir.

Vivi prend des notes étonnamment propres, construites et remplies. Depuis que je suis rentrée, je m'y atèle. Rouge m'a proposé de me les photocopier.

Cependant, je n'aurais daigné les lire, alors les écrire et les copier me font gagner du temps dans l'apprentissage. D'ailleurs, je ne me souviens même pas avoir mangé, ce soir. Il ne me reste, normalement, plus énormément d'écrits à recopier.

J'ai remarqué qu'elle est inscrite aux cours de philosophie, ce qui m'aide beaucoup. J'ai pu apprendre que le sujet principal de cette première période d'année scolaire est « L'Homme et ses sentiments ». Je me réjouis d'avance d'assister à ces heures qui s'annoncent passionnantes.

Mes doigts continuent, souffrent d'une douleur compréhensible, mais continuent à onduler en fonction des lettres.

Depuis vingt-deux-heure du soir, je travaille dans le salon, où je me sens plus à mon aise. Je me trouve assise au sol, le dos plaqué contre le canapé, penchée nonchalamment sur la table basse.

Il me faudrait une pause ; mes yeux piquent, j'ai un mal atroce à pouvoir garder le stylo entre mes doigts souffrants. Ma bouche s'ouvre, pour laisser passer un affreux bâillement imprévu. Mon dos s'affale contre le canapé. Je lâche mon stylo pour me frotter les yeux. La fatigue me ronge lentement. Mes iris se lassent et la lumière qu'émane les lampes me parait comme éblouissante.

Un petit effort, et je reprendrai tout cela après. Je me lève ; il me faut au moins un verre d'eau pour continuer. Je prends soin d'allumer toutes les lumières sur mon passage, ayant une peur bleue de l'obscurité. Cette phobie est loin d'être agréable. Je crains les pièces plongée dans une obscurité totale. Je crains la nuit. Je crains ce ciel noir.

Mes doigts tâtent doucement le mur à la recherche de l'interrupteur de la cuisine. Une fois allumée, je me presse d'aller prendre un verre et de verser le contenu liquide et transparent dedans. J'avale d'une traite le contenu, puis refait les mêmes gestes une deuxième fois.

Je souffle et me tapote doucement les pommettes. Courage, courage. Je remplie une énième fois mon verre, puis retourne dans le salon en prenant soin d'éteindre après mon passage.

Presque une heure du matin. Je souffle une dernière fois ; enfin terminé. Les derniers mots ont été très difficiles à noter et à comprendre, mes forces et mes capacités à réfléchir instantanément m'ont quittées et abandonnées.

Néanmoins, je ressens cette satisfaction d'avoir fait une chose qui me sera utile pour plus tard. Je range mollement les classeurs et mes fiches de travail dans ma sacoche. Je m'étire, mes muscles se tendent, certain de mes os craquent dans un bruit horriblement seyant. Je me redresse sur mes pieds.

Cette journée en cours va être longue, je pense. Un énième bâillement s'empresse de sortir de ma bouche. Je dois aller dormir. Pendant que je marche vers les escaliers, un bruit de cliquetis me parvient de la porte d'entrée. Mes yeux s'écarquillent et mes musclent se crispent.

Une adrénaline indescriptible m'envahie de toute part. J'entends le grincement épouvantable de la porte, des pas feutrés entrés, suivi d'un claquement qui résonne dans toute la pièce. Mon corps sursaute, mes sens sont à l'affut.

Je me retourne, prudemment, et me dirige vers l'entrée. Mon corps se fait le plus discret possible dans ses gestes, un réflexe que je ne peux contrôler. Des bruits sourds semblables à des marmonnements s'estompent doucement dans l'espace. J'aperçois une lumière tamisée et blanche s'allumer, suivi d'un grondement creux contre le sol.

- Putain !

Mes paupières clignotent. Mes talons heurtent le sol, ne semblant plus faire attention. Je me hâte vers l'entrée. Le corps titubant d'Ace est là, se tenant au mur.

Il me fixe de ses yeux impénétrables et vide de sens. Une odeur d'alcool et de cigarette s'empare aussitôt de mes narines, me les chatouillant. Je... C'est une blague ?     

I Hated [Ace x OC, One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant