Les mains d'Orion glissent encore un peu plus sous la robe de Bazile. Depuis combien d'années attend-t-elle ça? Trop longtemps en tout cas.
Elle ne désire qu'une chose: qu'il la possède complètement et la prenne encore et encore pour rattraper tout ce temps perdu.Mais soudain, une pensée qui l'avait alors complètement abandonnée revient soudainement.
Elle sépare sa bouche de la sienne.-Attends.
-Quoi?
-On ne peut pas.Un rictus vient couvrir sa bouche:
-Dit celle qui a osé m'embrasser sur un balcon à deux mètres de nos familles puis derrière un fauteuil où n'importe qui aurait pu nous voir. Et c'est une porte fermée à clef qui vous fait peur mademoiselle?
-Non... mais...
-Mais quoi?
-Béatrice.Orion perd son sourire.
Bazile pose une main sur son torse pour le pousser suffisamment pour qu'elle puisse descendre du rebord du lavabo et remet correctement sa robe en place.-On n'aurait jamais dû aller si loin. Mais c'est ma faute. Je ne sais pas ce qui m'a pris ce soir là sur ce balcon. Je reviens sur ce que j'ai dit: si en fait je regrette. Parce que je ne pourrai jamais me le pardonner vis à vis d'elle, et encore moins après ce qu'on vient de faire. On ne doit plus jamais reparler de ca. Et surtout: on doit oublier.
Comme si elle allait oublier elle même...
Elle veut déverrouiller la porte pour sortir mais alors il l'arrête:
-Attends. Il faut que je te parle à propos de Béatrice...
-Qui y a t'il?Il soupire, se racle la gorge et reprend:
-Tu te souviens sur le balcon la dernière fois, quand je t'ai dit que nous nous étions mariés pour avoir la paix de nos familles respectives...?
Bazile hoche la tête.
-Et bien voilà. C'est tout ce que c'est. « Pour avoir la paix ». Notre mariage ce n'est rien d'autre que ça.
-Je ne comprends pas...
-Notre mariage n'a rien de vrai ou d'authentique. Je connais Béatrice depuis le lycée et nous avons toujours été très amis. Nous avions le même problème: nos familles. Nous voulions tous les deux voyager, elle continuer ses études tout aussi bien que moi, et nous voulions être libres sans avoir la pression de nos familles. Quand j'ai dit que je te respectais parce que toi tu t'en foutais tu ne peux pas imaginer à quel point je le pense. Tu es courageuse. Nous non.
-Attends... Orion tu es en train de me dire que...
-Oui. Béatrice et moi ne sommes qu'amis. Des amis très proches, ça n'en doute pas, mais dont la relation est tout à fait platonique. Nous marier nous a permis de voyager, comme voyagerai deux bons copains ensembles, et de nous libérer de cette pression sociale. Mais surtout nous sommes libres de vivre nos vies chacun de notre côté. Moi avec les femmes et elle... avec les femmes aussi.
-Qu...quoi?! Béatrice est lesbienne?Orion hoche la tête en passant sa main dans ses cheveux.
-Tu comprends pourquoi je te disais que les enfants étaient loins d'être d'actualités. Et aussi pourquoi il était impossible pour elle d'assumer son homosexualité au grand jour avec sa famille...