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Je suis attentivement la reco avec Yves pour bien enregistrer chaque détail, dès que j'ai refait le parcours je retourne au paddock pour me remettre à cheval et discuter de quelques détails du parcours avec Léonard. Quand plus personne n'est à pied, en dehors des coachs bien-sûr, dans le paddock je demande un départ au galop qu'elle exécute en montant en l'air, rien de très étonnant. Je n'ai pas envie de la fatiguer en galopant beaucoup mais si je n'obtient pas un galop calme à la détente mon passage en piste risque d'être explosif.

Elle se calme rapidement et à la fin de la détente elle est plutôt très bien, elle m'écoute à peu près et je ne prend pas de mauvaise décision.

-Le dossard 37, Juliette, à la porte. Le dossard 29, Nathan, un cheval…

-Allez c'est parti, Nathan marche le actif.

Je vais jusqu'à la porte, mon estomac se serre et je peine à écouter les derniers conseils d'Yves.

-Vous pouvez entrer.

-Allez Juju fais-toi confiance.

D'une pression de jambe la jument entre au grand trot, je vais lui montrer un peu la piste qu'elle a déjà vu les deux jours précédents.

-Nous accueillons maintenant le premier couple double sans-fautes, il s'agit de Schwartz Frau D sous la selle de Juliette Lavaud aux couleurs des écuries Morin, la Normandie !

Il se passe encore quelques secondes avant que la cloche ne sonne enfin, je demande un arrêt à la jument qui répond en rechignant, elle ne m'attend pas pour repartir au galop. Je ferme mes doigts, apparement un peu trop violemment puisqu'elle me donne un grand coup de tête avant d'accélérer de nouveau, je ne retouche pas aux rênes et je vais dans son sens pour ne pas la perdre. Elle saute très fort sur le numéro un, la réception est difficile mais je reviens vite à ma place et referme mes jambes au contact sans lâcher mes rênes.

J'élargis ma courbe vers la ligne finale, mais madame n'est pas de cet avis, elle me lance coup de cul et coupe complètement. Je rattrape comme je peux mais je suis dans tous les cas de biais, l'oxer est bien carré, je la tend bien et prie intérieurement pour pas qu'elle me lâche. Putain elle est pas devant moi.

-Allez !

Je tiens mes épaules sans oublier de bien avancer mes mains, elle saute comme si c'était facile et met bien quinze centimètres de marge. Je n'ai pas le temps de caresser et soigne comme je peux ma "ligne" vers le directionnel sur palanque. Frau me lance deux énièmes coups de dos qui ne me facilitent pas la tâche.

-Allez princesse s'il te plaît!

J'accompagne l'énorme saut qu'elle me fait et lâche mes rênes pour la caresser dès la réception. Elle me lance quelques coups de dos supplémentaires sous la musique du sans-faute, je repasse doucement au pas un grand sourire aux lèvres.

-Et oui c'est sans-faute pour Juliette et sa princesse !

Je rit tout comme Yves en entendant le commentaire du présentateur, mais il a bien raison, c'est ma petite princesse.

La pause entre les deux épreuves nous permet de nous reposer pour repartir de plus belle sur la deuxième manche de cette journée et la vraie manche de finale. J'arrive quelques minutes avant la reco, je marche un peu rênes longues en discutant avec Nathan qui est aussi triple sans-faute.

-Avant d'ouvrir cette reconnaissance pour la deuxième manche de cette troisième étape du championnat de France des As Cadets, rappelons que les vingt meilleurs couples prendront le départ sur ce parcours dont huit triples sans-fautes. C'est un barème A sans chronomètre au barrage si besoin pour départager le podium.

Objectif Top TenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant