1° Colocation, confinement et ménage

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Chapitre 1.

🏐🌸🍙

— Kotaro... Ne me dis pas que c'est là dedans que tu vis ?

Son capitaine lui jeta un regard étonné.

— Bah si pourquoi ?

Akaashi crut qu'il allait s'évanouir. C'était trop pour lui. Une montagne de vaisselle sale débordait de l'évier et s'étendait jusque sur la table de la cuisine. Des boîtes de pizzas et des canettes de coca vides jonchaient le sol, sans compter les vêtements éparpillés un peu partout dans le trente-deux mètres carrés. Le lit n'était pas fait, le ménage non plus - il ne fallait pas être un maniaque pour le deviner - et tout le studio empestait l'humidité.

Keiji se demanda ce qui avait bien pu passer par la tête des parents de Kotaro pour le laisser s'émanciper seul dans un appartement. C'était de la folie pure, tout simplement.

— Pas question de cohabiter dans ces conditions.

— Je vois pas ce que tu reproches à mon appart, il est très bien.

Là n'était pas le problème. Le studio en lui-même avait effectivement l'air chaleureux. C'était la façon dont il était entretenu qui posait soucis.

— C'est une porcherie.

— Tu exagères.

— À peine.

Keiji se pinça l'arête du nez. Discuter ne les mènerait nulle part. Il se retroussa les manches, bien décidé à redonner à cet endroit une apparence convenable.

Ça faisait déjà quelques semaines que Keiji avait remarqué la déprime de Kotaro. Ce n'était pourtant pas nouveau. Le mental de son capitaine était assez fragile, il lui suffisait de rater un smash pour le mettre dans tous ses états. Seulement là, c'était différent. La pandémie du coronavirus mettait tout le monde sur les nerfs, que ce soit à la télévision ou à la radio, tout était réuni pour vous faire peur et vous inciter à devenir paranoïaque.

Kotaro avait toujours été quelqu'un de très candide. Mais surtout, c'était une éponge à sentiments. Le genre à absorber toutes les émotions de son entourage, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Si le monde allait mal, Bokuto n'allait guère mieux, c'était ainsi. Au fur et à mesure que la situation dégénérait et échappait au contrôle du gouvernement, Kotaro devenait de plus en plus pessimiste et renfermé sur lui-même. Si ses coéquipiers ne semblaient pas l'avoir remarqué, pensant quil s'agissait encore d'un caprice sans importance de leur capitaine, ce n'était pas le cas de son passeur qui s'inquiétait.

Akaashi savait que son comportement avait quelque chose de différent. De plus grave. Alors lorsque l'annonce du confinement avait été prononcée, et qu'il avait reçu un message dans la seconde suivante de son capitaine qui lui demandait s'il voulait venir habiter avec lui le temps que les restrictions soient levées, Keiji n'avait même pas songé à refuser. Le laisser seul, c'était la déprime assurée. Et Akaashi l'aimait trop, il ne se pardonnerait jamais si Bokuto se laissait s'auto-détruire, accablé par le poids de la solitude et de ses émotions négatives.

Ça ne faisait que deux jours depuis l'annonce du président, et Akaashi pouvait constater que l'état de Kotaro était effroyable. Il suffisait d'observer son appartement: Bokuto n'avait jamais été quelqu'un de très organisé, mais il n'avait encore jamais été aussi négligé. Des poches grosses comme un ballon de volley pendaient sous ses yeux, ses cheveux étaient en bataille et l'odeur qui émanait de lui était loin d'être aussi agréable que celle que Keiji avait l'habitude de sentir lorsqu'ils se changeaient proches l'un de l'autre dans les vestiaires.

— Je rangerai mes affaires plus tard. La priorité, c'est de nettoyer ce capharnaüm. Je ne sais même pas par où commencer...

— Flemme de faire le ménage.

— Je pars.

— Quoi ?! Attends Keiiiiji ! Me laisse pas ! Je retire ce que j'ai dit, j'ai hâte de me mettre à faire le ménage !

Akaashi sourit. Il savait exactement quoi dire pour faire réagir son capitaine. Il le connaissait par cœur.

— Où sont tes sacs poubelles ? demanda le passeur qui ôtait ses chaussures.

— Aucune idée.

Akaashi retint un soupir. Ça allait être long, très long.

Laissant sa valise dans l'entrée, il se dirigea dans la cuisine pour fouiller les placards. Il ne voyait pas dans quel autre endroit il aurait pu ranger un rouleau de sacs poubelles. Quoique, vu le désordre, Keiji n'aurait même pas été étonné de trouver les sacs dans son réfrigérateur. Il grimaça en sentant une substance visqueuse sur ses doigts qu'il avait posés sur la poignée d'un tiroir. Akaashi ne voulait même pas savoir ce que c'était...

— Lève-toi, et viens m'aider à ramasser tout ce qui traîne, interpella
le passeur qui venait de mettre la main sur ce qu'il cherchait. Quoique, j'ai changé d'avis. Va d'abord te laver si tu respectes un minimum mon odorat.

— Keiiiiji ! T'es méchant !

— Non. Juste honnête.

Bokuto arbora une moue boudeuse tout en râlant comme un enfant, provoquant le sourire de son nouveau colocataire. C'était à la fois pitoyable et adorable, et le passeur s'en voulait d'être si faible face à la candeur de son hôte.

Satisfait de voir Kotaro lui obéir, Akaashi s'attaqua de son côté à débarrasser le sol de tous ces détritus indésirables. Non sans une grimace de dégoût sur les lèvres, il s'affaira à jeter boîtes de conserves et boîtes de pizzas, canettes et bouteilles vides, mouchoirs sales - Keiji ne voulait définitivement pas savoir à quoi ils avaient servis - et emballages de bonbons. 

Il déposa alors le sac poubelle plein à craquer dans l'entrée avant de s'attaquer aux vêtements sales qui traînaient dans l'appartement. Il les mit dans un panier à linge devant la salle de bain occupée par Bokuto; il se chargerait de faire une machine à sa sortie. Il ouvrit les fenêtres, fier de lui. Il se sentait mieux, il pouvait enfin respirer un air digne de ce nom. Néanmoins, sa joie fut de courte durée en remarquant l'état du sol, puis des meubles. La poussière n'avait pas été faite depuis longtemps, il pouvait l'affirmer.

— Keiiiji ! Woaw, c'est vraiment mon appartement ? demanda avec émerveillement Bokuto qui venait de sortir de la douche, une simple serviette nouée autour de la taille en guise de vêtement.

Si Akaashi avait été dans un anime, il aurait sans aucun doute saigné du nez. Une telle vision était une épreuve pour son cœur et sa libido. Il détourna rapidement la tête, espérant que ses rougeurs aient échappées à son capitaine.

— Habille-toi et viens m'aider, crétin.

— Keiiiji ! Arrête de m'insulter !

— Seulement quand tu mettras un pantalon.

— Ça va, on est entre mec !

Sauf que l'un des deux mecs ne rêve que de te retirer cette serviette pour te faire passionnément l'amour, songea fugitivement Akaashi qui se remettait à faire le ménage.

Chocolat et sauce piquante Où les histoires vivent. Découvrez maintenant