Chapitre Un

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Cette histoire possédant neuf personnages principaux, je conçois qu'il peut être parfois compliqué de s'y retrouver. C'est pourquoi vous trouverez, à chaque début de chapitre, un bref rappel des personnages principaux qui apparaissent dans ce chapitre.

Izaya : Princesse de Saïr / humaine / 19 ans / pronom elle

Arendiel : Valet d'Izaya / demi-elfe / 18 ans / pronom il

Izaya

Le soleil descendait vers l'horizon lorsqu'Izaya soupira. Un jour de plus qui touchait à sa fin. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne les comptait plus. Si son valet ne lui rappelait pas chaque année son anniversaire, elle aurait aussi très certainement oublié son propre âge.

Elle fredonna un air familier, une chanson de son enfance dont elle ne se rappelait plus très bien les mélodies exactes. Elle avait recomposé cet air à sa manière et le chantait lorsque la mélancolie s'emparait d'elle. Ça la réconfortait.

Mais sa voix était enrouée ce soir-là. Peut-être avait-elle attrapé froid à force de contempler le paysage de sa fenêtre alors que les températures ne s'y prêtaient plus.

Les hivers n'étaient jamais rigoureux à Saïr, mais elle était tellement habituée à la chaleur de sa région natale que le moindre courant d'air pouvait la rendre malade.

Tout de même, l'été n'était même pas terminé. Ces récents changements de climat étaient bien inhabituels. Tout comme le fait que son valet ne s'était toujours pas présenté. Il arrivait toujours avant le coucher du soleil pour pouvoir le regarder avec elle.

Une simple pensée pour lui suffit à le faire apparaître au pas de sa porte, semblait-il. Elle tourna son regard vers le jeune homme essoufflé. Ses cheveux blancs d'ordinaire si bien ordonnés étaient coiffés en un chignon négligé. Ses joues et la pointe de ses oreilles étaient rougies par l'effort a priori accompli.

Il leva ses yeux violets vers elle et sortit de sa poche une petite boîte en bois. Izaya soupira de plus belle et la saisit avec délicatesse.

— Je suis... vraiment désolé... princesse ! Le messager les a livrées... il y a une heure à peine ! Attends, j'en peux plus là...

— Une heure ? Ne me dis pas qu'il te faut une heure pour traverser trois pièces et monter quelques escaliers, affirma Izaya d'une voix ferme.

Son valet haussa les sourcils en se redressant. Il prit une telle inspiration qu'Izaya vit son torse se bomber avant qu'il n'expire de manière exagérée. Il souffla encore ainsi quelques fois avant de prendre la parole.

— Non, bien sûr que non ! Mais voilà, Josie avait confondu la boîte avec une autre et je m'étais retrouvé avec la mauvaise, se justifia-t-il. Le temps que l'affaire soit réglée... Enfin, voilà la bonne boîte ! Tu n'es pas à une heure près, si ?

— Quelle insolence, Arendiel ! Tu oublies à qui tu t'adresses, je crois, gronda la jeune femme.

Arendiel resta silencieux quelques instants avant d'éclater de rire. Il fut rapidement suivi par Izaya qui posa la boîte sur sa table de chevet.

— Tu penses pouvoir intimider qui, comme ça ? Demanda le valet en souriant.

— Je suis si peu crédible que ça ? Interrogea Izaya, amusée.

Arendiel semblait avoir saisi la pointe de déception dans la voix de la princesse, car il fut soudainement tout paniqué.

— Ne le prends pas mal, Izaya ! C'est seulement parce que c'est moi, je te connais trop bien pour ne pas deviner quand tu es sérieuse ou non !

Izaya offrit un sourire rassuré à son valet avant de s'asseoir sur la somptueuse couverture rouge de son lit à baldaquin.

— Je sais que tu as raison, je suis juste assez sensible ces derniers temps. Bon, il faut que je prenne ça.

Elle prit la petite boîte d'une main, une de ses bagues claquant contre le bois. Elle l'ouvrit et en sortit une petite gélule transparente. Arendiel venait de remplir un verre d'eau et reposa le pichet sur un guéridon. Il lui tendit doucement, avec un sourire bienveillant.

Elle avala la gélule avec une gorgée d'eau et reposa son verre avec un léger rictus de dégoût.

— Après toute ces années, j'ai toujours du mal à croire que c'est à cette petite chose que je dois mon apparence.

— Tu ne lui dois rien du tout ! Tu as toujours été magnifique, elle t'aide simplement à t'en rendre compte un peu plus chaque jour.

— Vu comme ça... admit Izaya en regardant son reflet dans un le seul miroir de la pièce.

La lumière orangée de l'extérieur se reflétait avec douceur sur sa peau d'ébène. Elle fut bientôt rejointe par le reflet d'Arendiel qui faisait une grimace.

— C'est incroyable tout de même, même ainsi je suis toujours aussi beau.

Izaya leva les yeux au ciel avant de sursauter en entendant le hennissement d'un cheval. Arendiel et elle se précipitèrent à la fenêtre et furent tous deux submergés d'une tonne d'émotions en réalisant ce qui était en train de se passer.

En bas de la tour, un chevalier sur sa monture regardait autour de lui : il semblait complètement surpris par ce qu'il voyait. En levant la tête, il remarqua celles de la princesse et de son valet, penchés à la fenêtre. Il fit de grands gestes à l'aide de ses bras. Arendiel inspira et hurla :

— Attendez ! Ne bougez pas surtout pas d'ici !

Il se tourna précipitamment vers Izaya.

— Tu vois ce que je vois ?

Elle hocha la tête.

— C'est maintenant ou jamais, affirma-t-elle avec autorité.

— Tu en es sûre ? Maintenant...

— Maintenant ! Prépare quelques affaires, trouve le moyen d'avoir les clés, vole une monture !

Arendiel sorti précipitamment de la chambre. Izaya se pencha une nouvelle fois à la fenêtre, vérifiant que le chevalier était toujours là.

— Pas bouger ! Pas bouger hein !

La montée d'adrénaline lui permit de préparer un sac en toute vitesse. Elle réfléchit à peine à ce qu'elle devait prendre : lorsqu'elle eut terminé, Arendiel débarqua une nouvelle fois dans sa chambre, haletant.

- J'ai... assommé Harold ? Pris ses clés... et... sonné la cloche... pour un bain ! La voie est libre. Vite !

Il tenait un sac en tissu contenant quelques vivres, en plus de son sac à bandoulière dans lequel étaient certainement rangés en boule des vêtements. Izaya se demanda comment il avait pu accomplir tout cela aussi rapidement : à moins qu'elle n'ait pris plus de temps qu'elle le pensait pour préparer son propre sac.

Arendiel lui prit la main et descendit avec elle les nombreuses marches de la tour. Ils filèrent vers les écuries : son valet saisit la bride d'un cheval déjà sellé.

Ils coururent vers l'endroit où s'était arrêté le chevalier. Ils découvrirent au même instant qu'il s'avérait être une chevalière.

Ne préférant pas laisser de temps aux questions, Arendiel s'empressa de monter à cheval et Izaya monta derrière lui.

— Partons ! Peu importe où mais partons, vite ! Nous vous expliquerons ensuite, ordonna Izaya.

La chevalière s'apprêtait à rétorquer mais en voyant les regards pressants de la princesse et son valet, elle donna un coup de talon sur le flanc de sa monture qui partit au galop. Izaya et Arendiel la suivirent de près, sans un regard en arrière pour le castel — et pour la vie — qu'ils venaient d'abandonner. 

Chroniques des Neufs - T1 MorsiriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant