Chapitre Cinq

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Cette histoire possédant neuf personnages principaux, je conçois qu'il peut être parfois compliqué de s'y retrouver. C'est pourquoi vous trouverez, à chaque début de chapitre, un bref rappel des personnages principaux qui apparaissent dans ce chapitre.

Izaya : Princesse de Saïr / humaine / 19 ans / pronom elle

Arendiel : Valet d'Izaya / demi-elfe / 18 ans / pronom il

Cassandra : Chevalière royale pour l'armée de Saïr / humaine / 21 ans / pronom elle

Arendiel

Arendiel avait cherché dans toute la pièce : aucun miroir n'était à disposition. Comment était-il supposé se coiffer, vérifier qu'il était aussi beau que d'ordinaire, s'habiller correctement sans miroir ? Izaya était déjà prête, lui restait assis sur le bord de son lit à se morfondre.

— Aren, tu es aussi beau que d'habitude, je te le promets, insista Izaya pour la troisième fois.

— Non Izaya, tu ne comprends pas ! riposta-t-il en levant les bras. Si je ne peux pas le vérifier moi-même je ne pourrai jamais le croire ! J'ai si mal dormi que je dois avoir des cernes immenses ! Mes cheveux sont poisseux, j'ai les lèvres sèches, et...

Izaya soupira avec insistance, et Arendiel décida de se taire. Avec un regard de mécontentement pour elle, il se leva à contrecœur et s'habilla avec les mêmes haillons que la veille : il en eut un frisson de dégoût.

— Que doit-on faire aujourd'hui, déjà ? Demanda-t-il en ajustant sa ceinture.

— Acheter des vivres, se procurer de nouveaux vêtements, se débarrasser des anciens et trouver où aller ensuite.

— Quoi ? s'exclama le demi-elfe, abasourdi. J'ai bien entendu ?

— Je pense que tes oreilles sont suffisamment grandes pour ça, oui.

— Se débarrasser de... répéta-t-il tristement en regardant son sac.

— Oui, ça nous prend de la place pour rien, c'est stupide de les garder alors que nous ne pouvons même pas les mettre, expliqua Izaya.

Arendiel soupira et ne protesta pas. Son amie avait raison. Il prit son sac et suivit Izaya qui sortit de la chambre. Elle reprit la clé derrière eux et ils descendirent. L'aubergiste les accueillit avec la même chaleur que la veille.

— Alors, vous avez bien dormi ?

Arendiel allait répondre qu'il n'avait jamais vu d'endroit aussi inconfortable, sale, peu recommandable, insalubre, intolérable... mais Izaya lui fit signe de se taire.

— Oui, c'était parfait, merci beaucoup, dit-elle en appuyant sur les deux derniers mots.

Elle lui donna la clé et ils quittèrent l'auberge aussitôt. La ville, de jour, était complètement différente. Des odeurs florales et d'épices se mêlaient aux bruits de la foule. Les vitrines des échoppes attiraient l'œil, et certains marchands criaient par-dessus le bruit ambiant pour parler de leurs prix imbattables. Il y avait tant de couleurs différentes que c'en était presque douloureux à regarder. Les bâtisses arrondies et aux courbes impressionnantes étaient toutes peintes d'une couleur vive, souvent du bleu ou du jaune. Près du château, des toitures dorées scintillaient sous le soleil et mettaient en valeur les tuiles colorées et vernies des autres habitations. Si Arendiel ne connaissait pas déjà un minimum la ville, il aurait eu du mal à croire qu'elle était bien réelle. Elle semblait tout droit sortie d'un conte.

Une boutique de vêtements et de tissus se présenta sur le chemin qu'empruntèrent la princesse et son valet. Ils s'y arrêtèrent. Encore une fois, ils furent assaillis par une explosion de couleurs. Il y avait des tonnes de tissus et Arendiel ne put s'empêcher d'arrêter son regard sur de sublimes soies d'un bleu profond. Il revint désagréablement à la réalité lorsqu'Izaya lui présenta une cotte et des braies en toile de qualité médiocre, et aux couleurs tristement ternes. Il chercha dans le magasin de quoi compléter cet affreux ensemble et de quoi en composer une autre. Sous le regard intrigué du vendeur, il choisit aussi une ceinture — c'était en vérité une lanière de cuir avec une simple boucle en fer. Izaya avait aussi terminé et elle demanda à payer le tout. Elle donna une trentaine de pièce de bronze au tenancier de l'échoppe et sortirent. Arendiel n'était pas totalement satisfait : ces vêtements n'étaient pas d'aussi bonne qualité qu'il l'aurait voulu, mais il devait reconnaître qu'ils semblaient déjà plus adaptés pour leur futur voyage. Ils flânèrent ensuite au marché, se promenèrent parmi les stands variés et en profitèrent pour remplir leurs sacs de nourriture. Un stand particulier retint l'attention d'Izaya, et il fallut quelques secondes à Arendiel pour remarquer qu'elle s'était arrêtée. Il fit demi-tour et se plaça à côté d'elle : elle était en pleine discussion avec le vendeur, un vieil homme barbu.

Chroniques des Neufs - T1 MorsiriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant