Chapitre Onze

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Cette histoire possédant neuf personnages principaux, je conçois qu'il peut être parfois compliqué de s'y retrouver. C'est pourquoi vous trouverez, à chaque début de chapitre, un bref rappel des personnages principaux qui apparaissent dans ce chapitre.

Izaya : Princesse de Saïr / humaine / 19 ans / pronom elle

Arendiel : Valet d'Izaya / demi-elfe / 18 ans / pronom il

Cassandra : Chevalière royale pour l'armée de Saïr / humaine / 21 ans / pronom elle

Beollán : Scripteur / humain / 19 ans / pronom il

Beollán

Impossible de savoir où il était : tout était noir. Cette torture avait commencé depuis le début de sa pénible convalescence. Il aurait sincèrement préféré être mort que de traverser tout cela. Son esprit lui infligeait, en boucle, les souvenirs de l'incendie, les souvenirs qu'il avait partagés avec ses adelphes, les rires, les discussions, ses entretiens avec Scritoria, les larmes, la frustration, la colère, toutes ces émotions qu'il ne ressentait plus désormais. Il n'y avait que la douleur. Juste la douleur. Parfois, il entendait des voix autour de lui : impossible de savoir si elles venaient de la réalité ou d'une autre de ses hallucinations.

Il ne savait même plus vraiment à quelle réalité il appartenait. Il n'avait plus aucun ancrage, plus rien qui lui permettait de s'accrocher. Alors à quoi bon continuer ? Et si, pour de bon, il se laissait tomber ?

En ouvrant les yeux, il vit le visage d'une jeune femme penché sur lui. Un sourire soulagé se forma sur son visage rond.

— Il s'est réveillé, annonça-t-elle.

Sa voix était mélodieuse, mais elle paraissait trop réelle. La réalité. Beollán venait de la retrouver. Et il se sentait atrocement mal. Tout son corps était douloureux, faible, fragile. Il avait du mal à bouger quoique ce soit.

— Vous m'entendez ? Demanda l'inconnue.

Ses longs cheveux noirs étaient attachés en une tresse, et quelques mèches s'étaient collés sur son front humide. Beollán, au contraire, avait froid. Il bougea faiblement son visage de haut en bas pour répondre à la jeune femme.

— Parfait. Vous devez vous sentir engourdi, c'est normal. Valarie et moi avons fait de notre mieux pour soigner vos blessures. Elles s'étaient gravement infectées, mais vous avez été amené ici juste à temps. Vous allez pouvoir garder tous vos membres... ajouta-t-elle en regardant son bras avec un air désolé.

Beollán l'interrogea silencieusement.

— C'est de graves brûlures que vous avez subi. Je ne pense pas que vous récupérerez votre mobilité d'avant aux endroits touchés. J'espère que vous n'êtes pas droitier.

Il soupira en laissant retomber sa tête en arrière. Le simple fait de respirer était douloureux. Sa gorge, ses poumons, tout son être brûlait, si bien qu'il avait toujours l'impression d'être piégé par les flammes du scriptorium. Dès qu'il y pensait, il sentait les larmes lui venir aux yeux. Il refusait de croire que c'était bel et bien arrivé. Il était perdu, il n'était plus rien, pourquoi vivre si sa vie n'avait plus de sens ?

Surtout, pourquoi de parfaits inconnus avaient tant tenu à ce qu'il soit soigné ? Il s'en souvenait à peine, il avait du mal à visualiser leur visage. Ils avaient fait attention à lui, l'avaient amené ici juste pour qu'il soit guéri, qu'il reste en vie. Ça ne faisait pas sens. Il aurait préféré que personne ne le remarque, lorsqu'il gisait dans la forêt, il aurait préféré mourir seul et n'infliger à personne d'autre le poids de son existence.

Chroniques des Neufs - T1 MorsiriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant