NIGHT CRAWLING

107 8 15
                                    

Hey ! Je vous présente le premier chapitre ''flash-back''. Il est entièrement rédigé en italique pour bien montrer la démarcation avec les précédents. J'espère qu'il vous plaira autant que les autres. Il est un peu - bcp ? - long haha, bref, bonne lecture ;)

- & -

Il posa sa bicyclette contre l'établi de bricolage, là où son père avait pour habitude de passer ses dimanches matins.

Taehyung se rappelait parfaitement de sa silhouette légèrement tordue et penchée en avant, des grimaces qu'il tirait sans cesse, des éraflures qu'il lui arrivait de se procurer à travers le maniement d'outils quelconque. Taehyung se rappelait de bien des choses.

Il fit glisser la pulpe de ses doigts contre sa nuque. Grimpa de huit centimètres. Frôla ses petits cheveux trempés. Remonta encore de deux centimètres. Et il la sentit gronder. Toujours aussi gonflée, toujours aussi poisseuse. Plus il grandissait, plus cette marque s'étendait telle la faille d'un immense séisme.

Elle s'élargissait sans jamais bouger. Taehyung se demandait constamment comment cela était possible.

Figé dans cette position grossière, il se demanda aussi s'il le trouverait minable ce soir. Il se demanda ce qu'il aurait pu ressentir en le découvrant ainsi.

Un petit grattement retentit mais le vélo se maintient droit et il détourna son regard flou de cette vision qui lui filait déjà une surdose de peine. Son bras droit retomba mollement contre ses côtés.

Dans son reniflement, il sentit quelque chose craquer et son nez se remit à se vider de sang comme un porc que l'on étripait sur le chemin de l'abattoir.

Qu'il devait paraître bien minable en cet instant.

Il m'aurait trouvé minable, ça ne fait pas de doute.

L'hémoglobine s'écoula lentement sur le bas de sa gueule d'ange pour s'estomper contre sa gorge nue. Le rouge paraissait si claquant sur sa peau d'ébène qu'on aurait pu le comparer à ces héros grecs poussés au suicide par le destin.

Le magma pourpre paraissait vouloir s'attirer les peines de son maître. La pensée qu'il aurait pu se péter le nez contre le bitume le fit sourire pleinement. C'était un sourire très curieux qu'il montrait là. Ce genre de sourire qu'on lançait à ses amis quand on s'apprêtait à vomir au-dessus de la cuvette d'une boîte de nuit bondée. Ce genre de sourire qui apaisait votre souffrance pour un instant.

Il retira maladroitement son sweat-shirt, grogna à l'instant où son coude lui envoya une décharge douloureuse, mit en boule son vêtement et le colla contre ses narines. Cela ne stoppa rien du tout mais lui évita de tacher la moquette quand il posa les pieds dans le couloir de l'entrée.

Il tendit l'oreille mais ne perçut rien, il supposa que sa mère devait être endormie.

Sa traversée se fit à l'aveuglette totale car, dans son empressement précédent, il avait remarqué que son portable était définitivement foutu.

" Putain de technologie de merde ", avait-il maugréé en imitant Namjoon.

Il tituba bêtement.

Tâtonna les murs, les meubles, manqua de faire tomber un tableau et parvint enfin à appuyer sur la lumière de la cuisine. Le jaune pâle mit plusieurs instant à bien éclairer la pièce et il  regretta son ancien engouement pour ces ampoules plus économiques et écologiques.

Quelle arnaque... pensa-t-il en farfouillant le plus silencieusement possible le tiroir sous l'évier.

Il trouva enfin ce qu'il cherchait et, plaçant sa tête au-dessus du lavabo pour ne pas éclater de sang partout, se démerda pour vider le paquet de mouchoirs. Il en colla cinq sous son nez et espéra que cela serait suffisant pour calmer ses globules rouges.

Face YourselfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant