San fixa le reflet que lui renvoyait son minuscule miroir fendu bloqué au fond de son casier. Il y voyait un jeune homme blanc, les yeux fuyants comme de l'eau et une bouche abîmée d'avoir était trop mordillée. Il y voyait son stress lui être balancé au visage sans complexe. Soupirant, il claqua la porte métallique, fit d'un geste mou son code et s'empara de son sac à dos qu'il avait maladroitement déposé contre sa jambe.
Sans un regard, il se faufila dans la masse d'élèves.
Ils étaient nombreux autour de lui à rigoler. À parler trop fort. À grommeler. Voir même à chuchoter pour se moquer de la jupe d'une de leur camarade. Ils étaient nombreux autour de lui à ne se soucier de rien. Il les enviait légèrement. Il les enviait d'une façon si fine qu'on aurait pu comparé ce sentiment à une coupure produite par du papier. Ce genre de douleur qui vous surprend mais qui, en un instant, s'enfuit au loin. Voilà, le lycée pour lui, ce n'était qu'une coupure occasionnelle.
Il les enviait de profiter de ce moment pour ce décontracter. Certains iraient rejoindre des cours du soir. D'autres rentreraient chez eux pour s'attarder un long moment sur leur devoir. Puis, lui, il se rongerait les ongles jusqu'au sang en relisant ce petit morceau de papier. Encore et encore. Comme il l'avait fait le soir d'avant. Comme il l'avait fait dans le bus ce matin.
Au creux de son thorax, battait un bout de chaire qui lui intimait de foncer, de ne pas regarder en arrière. Puis, bordel... Qui s'en rendrait compte ? Pas grand monde, lui susurra son cerveau.
Une épaule lui rentrant dedans le tira de ses pensées.
Au-dessus de cette masse d'adolescent prêt à entrer dans l'âge adulte s'étendait des rangées de néon vieillissant qui n'arrangeaient en rien leurs teints fantomatiques. On aurait cru voir se développer une sorte de parodie grecque. De celles qui ne font pas rire mais qui vous font envier la douleur.
Dans un petit saut, il parvint à s'exfiltrer du groupe pour venir sentir l'air frais de cette fin de journée.
Il jeta un œil creux à son portable.
Son fond d'écran aux couleurs d'une idole quelconque l'éclaira une seconde avant qu'il ne découvre l'heure : 17h06.
Le bus n'allait pas tarder. Il débarquerait fièrement, à peine remplit d'étudiants provenant du second lycée de la ville. Le privée.
San descendit les marches. Autour de lui, quelques camarades discutaient, prônaient le droit de rire, mâchaient des chewing-gums bas de gamme. Dans ses narines, un relent de parfum lui retira l'envie de rester là. Prostré, dans une attente immense quoi que légère.
17h07.
Il soupira et, comme attiré par l'ombre d'un grand arbre abîmé par l'âge, il alla s'y abriter.
Les nuages aux tons sombres ne présageaient rien de bon.
Il posa une épaule fatiguée contre le tronc de cet arbre. Puis, il examina les lieux. De loin il aperçut les silhouettes de quelques-unes de ses voisines de classes. Il vit aussi le dos d'un des archers de l'équipe ; pas suffisamment doué mais assez pour espérer tenir les bouteilles d'eau pendant les compétitions.
Cette constatation lui rappela que lui aussi, il devrait fournir un peu plus d'énergie lors des entraînements. Aux côtés de Ho Jin ou Jungkook, il devait paraître bien trop médiocre.
San frotta ses mains pour se réchauffer.
17h08.
Peut-être que le bus serait en avance aujourd'hui ? Rentrer à pied ne l'enchantait guère.
VOUS LISEZ
Face Yourself
Fanfiction" CASSE-TOI ! La voix de Taehyung vrilla sur la fin, et Jungkook le vit fondre à nouveau en larmes. Tu ne comprends rien, tu ne comprends rien... C'est de ta faute et ça l'a toujours été. " Jungkook avala sa salive et baissa vivement les yeux pour c...