3 heures du matin

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   3 heures du matin, c'est une heure sombre qui reflète l'esprit noir qui m'appartient. Une heure libérant l'acteur de son personnage qui s'éteint. Une insomnie épuisante, une solitude séduisante, heureux d'une malédiction m'enfermant avec ce que je suis réellement. Ces heures nocturnes sont vécues dans un bien-être recrachant par sa plume ce qui pollue mon être.

Mon esprit est chamboulé par une triste envie. Mon âme m'a quitté, me laissant ici. Je ne suis qu'un corps qui marche sans direction, je ne suis pas le bon résultat de l'équation.

Les débris ne sont pas encore tombés que j'envisage déjà ce soir, de m'en aller. Je me fuis et me répète, condamné à me voir devenir celui que je ne veux pas être.

Je me balade entre les lignes de mes pensées, je me perds dans l'imaginaire d'un triste rêve abandonné. Parfois, je ressens cette vie m'échapper, parfois, je ressens cette imposture me posséder. Tout ce temps passé a reculer, tout ce temps perdu à m'oublier, je vis mon rêve sans en être conscient, je vis le triste mensonge à plein temps.

Je me perds dans l'imaginaire de ma vie, mon bonheur n'existe que dans ces rêves incompris. Résultats négatifs sont enchaînés par ce sentiment de non-appartenance, ce que l'on m'impose est loin d'être pris comme une chance.

Personnage discret, plutôt gentillet, cache une nature plus sombre, semblable au reflet d'une peinture qui s'effondrent. Le spectacle s'éteint suite au couché d'un soleil épuisé, une lumière me parvient, venant d'une lune réveillée.

J'encaisse coup sur coup sans jamais flancher, pourtant la douleur est réelle et me foudroie sans arrêt. Je m'assombris sans m'en apercevoir, ma folie s'estompe sous aucun regard. Ce présent ne m'appartient pas, je suis perturbé par ces rêves qui ne s'éteignent pas. Aide moi, aime-moi, je n'arrive plus à rattraper cette vie qui m'échappe, je suis toujours la silhouette à l'avenir grisâtre.

Je plane sans y penser, je médite sans vérité, je m'enferme en moi sans me connaître, je ne réalise toujours pas mon propre mal-être. Mes yeux reflètent le vide qui m'est imposé, je reste absorbé par un but qui ne souhaite pas se montrer.

J'avoue avoir peur de rêver, je sais que rien ne pourrait réellement me combler. Le temps me rattrape, demandant ce que je ne saurais donner, comment produire cette chose que je ne sais pas consommer ?

Devenir l'homme que je n'ai pas décidé, participé à ce monde superficiel sans pouvoir le changer, voici une lourde condamnation que je ne pense pas pouvoir supporter.

Je souhaite m'endormir sans jamais me réveiller, je n'ai jamais demandé à faire partie d'un univers imparfait. Ma place ne peut pas s'échanger, ma fuite serait le voyage sans retour que tout le monde redouterait.

Mon souffle est coupé par une triste envie, tristes pensées viennent m'étouffer sans un bruit. Il y aura toujours une belle mélancolie dans les plus belles mélodies, voici une malédiction qui affectera ma propre vie.

Je m'endors en étant fière d'un talent transparent, à jamais considéré comme la métaphore de l'homme mourant.

Le mensonge se perd dans la vérité qui se révèle, scanner sur ma vie pose enfin le problème. Je suis le seul cancer qui m'enferme, je m'enterre moi-même en m'endormant dans mon enfer.

   10 heures du matin, le jour est déjà levé, je me suis endormie sous la même lumière qui m'a réveillé. Pourtant, mes doutes se sont éteints, et mon mal-être n'est désormais qu'un simple fait anodin. Je ne suis plus le spectateur des vies qui s'élancent, j'ai enfin compris avoir cueilli ce trèfle portant chance.

Mon bonheur se trouve dans la feuille-morte qui s'envole, ma vie est semblable à l'arbre qui l'abandonne. Le vent la pousse vers une mort certaine, voici la dernière saison avant que tout s'éteigne.

J'inspire, j'expire, ce sont toutes ces choses banales qui font que l'on existe. Cette feuille-morte m'inspire, c'est dans son image que se trouve la seule chose réaliste.

Restant figé devant le paysage orangé et meurtri par le temps que nous impose la vie, je reste tout de même convaincu que le réel n'est qu'un sens unique sans magie.

Voici ma dernière vision avant que tout s'éteigne, voilà le dernier spectacle venant effacé ma peine.

Stupides PenséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant