Coeur de glace

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Rentrée des classes, cinquième année

De retour à Poudlard, les cours avaient repris. C'était un point de normalité dans le chaos, et Harry avait bien besoin de ça. Ses camarades le regardaient d'un air soupçonneux et nombreux croyaient la Gazette qui le traitait de menteur et de fou.

Même si Ron et Hermione l'entouraient efficacement et essayaient de le défendre à chaque instant, Harry était la plupart du temps crispé par la colère, furieux de voir que ceux qui l'avaient adulé à son arrivée dans le monde magique étaient ceux qui le repoussaient désormais. Et il savait que ces mêmes personnes exigeraient de lui qu'il se batte quand ils découvriraient que Voldemort était bel et bien de retour... Pire encore, Dumbledore l'ignorait ostensiblement, le rendant amer.

Malheureusement pour le jeune homme, les cauchemars ne l'avaient pas laissé en paix avec la rentrée. Il jetait des sorts de silence sur les rideaux de son lit, et il les tirait soigneusement en se couchant. Le premier soir, Ron l'avait regardé s'isoler l'air inquiet, puis il avait lourdement soupiré avant de se coucher à son tour. En effet, dans le dortoir, ils laissaient souvent les rideaux ouverts la nuit. Après tout, ils étaient entre amis... Seul Harry ressentait le besoin de s'isoler ainsi, défiant quiconque de faire la moindre remarque.

Une nuit, Harry s'éveilla en sursaut, le coeur au bord des lèvres. En sueur, il haletait. Il venait de faire un cauchemar terrible, et il se sentait nauséeux.
Il s'était vu arriver au Ministère, puis progresser dans un couloir dallé de marbre. Ou plutôt glisser. Dans son cauchemar, il était le serpent de Voldemort, mais il pouvait ressentir l'excitation et le contentement du Mage noir.
Ils étaient entré dans une grande salle, pleine de globes de cristal posés sur des étagères. Et Harry avait reconnu l'homme qui était de dos, surveillant visiblement les lieux.

Arthur Weasley.

L'adolescent aurait aimé s'interposer, faire quelque chose. Cependant, la joie mauvaise du serpent fut plus forte et balaya la conscience du garçon. L'instant d'après, Harry était partagé entre la satisfaction d'avoir attaqué l'homme qui était sur leur chemin et ses propres sentiments d'horreur et de dégoût.

Harry s'obligea à se souvenir de la gentillesse d'Arthur. De la façon dont il l'avait accueilli chez lui. De son réconfort un peu maladroit parfois. Et enfin, il réussit à s'éveiller, à bout de souffle, les larmes coulant sur ses joues, choqué au delà du possible.

Il se leva en trébuchant, sans même attendre de reprendre son souffle, se moquant de réveiller ses camarades. Il ne prit ni sa cape, ni la carte des Maraudeurs. Peu importait s'il était surpris par un professeur : il devait voir de toute urgence le directeur... et cette année, il ne connaissait pas le mot de passe qui conduisait au bureau du Directeur. Il semblait que Dumbledore ait décidé de ne plus lui faire confiance.
Par chance, ce fut Minerva MacGonagall qui le surprit lors de l'une de ses rondes. La professeur de Métamorphose n'eut pas le coeur à réprimander le garçon quand elle vit son état de panique et de détresse. Elle se laissa attendrir par les larmes qui coulaient sur les joues de l'adolescent et par son inquiétude visible. Elle le conduisit avec douceur dans le bureau du Directeur, réveillant Albus pour qu'il écoute ce que le jeune homme avait à dire.
La sévère écossaise devait avouer qu'elle était inquiète pour le garçon, tant il semblait près de s'effondrer à cet instant.

Face à sa professeure de métamorphose horrifiée et à un Albus impassible, Harry raconta son cauchemar d'une voix hésitante, s'animant à la fin en demandant à ce que quelqu'un aille secourir Arthur Weasley avant qu'il ne meure d'une voix pressante. Alors que l'adolescent était secoué par des sanglots nerveux, Albus ordonna calmement aux personnages des tableaux présents dans son bureau d'avertir les personnes concernées, pour tirer Arthur de ce mauvais pas et le mettre en sûreté. Sans un regard vers Harry, il envoya également un message à Severus Rogue pour lui demander de les rejoindre au plus vite.

Voyant son manège, ainsi que l'état de désespoir de Harry, Minerva pinça les lèvres prête à réprimander son collègue pour l'insensibilité dont il faisait preuve tout Directeur qu'il fut. Cependant, avant qu'elle ne puisse intervenir, Harry s'était énervé, et hurlait après le directeur, perdant toute maîtrise de ses nerfs. Il lui reprochait de l'ignorer, de ne rien lui dire, de le tenir à l'écart de tout alors qu'il était le premier concerné.
- Regardez-moi !
Le cri final du garçon fit sursauter l'écossaise et Albus soupira juste. Tournant toujours le dos à Harry, il posa une question qui semblait n'avoir aucun rapport avec la situation.
- Harry. Quand tu as fait ce... cauchemar... Étais-tu au dessus de l'action ? Ou à côté du serpent ?
Comme l'adolescent restait muet, surpris de ce changement de sujet après son éclat soudain, Albus insista, le ton dur.
- C'est capital Harry. Réponds moi ! Où étais-tu pendant ce cauchemar ?

L'adolescent sembla se ratatiner sur lui-même et il haussa les épaules, ressemblant soudain à un petit garçon perdu.
- Ni l'un ni l'autre Monsieur. J'étais... J'étais le serpent.
Dumbledore grogna et marmonna. Cependant ses mots furent parfaitement audible pour tous.
- C'est pire ce que je pensais.

Severus était dans l'ombre, près de la porte, et Dumbledore se tourna vers lui.
- Severus ? Mon ami je pense qu'il est temps d'agir. Je pense que ça ne peut pas attendre demain matin.
Le maître des potions grogna un assentiment, répugnant visiblement à faire ce qui était attendu de lui. L'homme jeta un regard noir au gamin et lui fit un signe agacé pour qu'il le suive. Harry hésita puisque Dumbledore lui tournait toujours le dos, mais Minerva eut un petit sourire d'encouragement, pour essayer de rassurer son élève préféré - bien qu'elle tentait de le cacher.

Harry suivit Rogue dans les couloirs de Poudlard sans un mot, presque dans un état second. Il entra dans un salon chaleureux - les appartements de l'homme visiblement.
L'homme s'adoucit légèrement face au gosse perdu.
- Potter... Le Seigneur des Ténèbres a la désagréable habitude de s'immiscer dans l'esprit de ses ennemis pour les attaquer de l'intérieur. Il est capital que vous appreniez à fermer votre esprit.
Harry leva ses yeux verts perdus vers lui, ébranlé.
- Vous pensez que... ?

Severus grimaça, repoussant l'envie de consoler le gamin.
- Il a un coeur de glace. Bien évidemment qu'il n'aurait aucuns scrupules à vous rendre fou avant de vous achever !

Harry ferma un instant les yeux, et il hocha la tête, murmurant d'une petite voix, vaincu, semblant si jeune que le sévère professeur se laissa légèrement attendrir.
- Que dois-je faire Monsieur ?
- Videz votre esprit Potter. Et essayez de me repousser lorsque je tenterais d'entrer dans votre tête.



Prompt de demain : Esprit vide

Âmes soeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant