Château de sable

1.1K 101 11
                                    

Voldemort avait clairement menacé son Mangemort, pour qu'il fasse en sorte que tout se passe pour le mieux avec Sirius Black. Il connaissait le lourd passé des deux hommes - il faisait en sorte de tout connaître ou presque de ses fidèles pour avoir des moyens de pressions sur eux s'ils se décidaient à le trahir ou à lui faire défaut - et il préférait dès le début prévenir Severus plutôt que d'avoir à arbitrer une bataille rangée entre deux anciens rivaux.

Severus Rogue n'avait pas besoin de savoir que l'une des premières demandes - exigences - de Harry Potter avait été de ne pas blesser ses amis et famille - les Weasley, la jeune Granger, le loup-garou, Sirius Black. Et le gamin avait inclus dans sa protection Severus Rogue avec un regard de défi.

Voldemort n'ignorait rien de la façon dont le professeur de potions s'acharnait sur son élève, se montrant particulièrement injuste. Étrangement pourtant, Harry semblait lui offrir sa confiance, comme s'il voyait autre chose dans son comportement mesquin. Il était bien décidé à percer un jour ce mystère, mais il avait pour l'instant plus important à penser, comme la guerre en cours.

**

Le Mage noir était en pleine réflexion de ses prochains mouvements quand il fut dérangé par l'arrivée de Sirius Black. Ce dernier semblait un peu hésitant et effrayé mais avec une lueur de défi toute Gryffondor dans le regard.
Bien que frondeur et plein de courage, Sirius commença leur conversation par des paroles d'apaisement, craignant visiblement la colère du mage noir.
- Je ne compte pas vous créer de problèmes.
D'un geste sec, Voldemort lui fit signe de s'asseoir face à lui, et il le dévisagea avec attention jusqu'à ce que l'homme ne se tortille sur place, mal à l'aise. Finalement, l'animagus soupira et baissa la tête, l'air un peu perdu.
- Je... Je vous remercie de... pour Harry. Je ne l'avais encore jamais vu si... détendu.

A ces mots, celui qui fut Tom Jedusor ne put s'empêcher de sourire. Si au départ il avait voulu dépecer Bellatrix pour son petit rituel stupide, il se rendait maintenant compte des avantages. Et rendre heureux le gamin qu'il voulait tuer autrefois était un bien faible prix à payer.
Inconscient des pensées du Seigneur des Ténèbres, Sirius continua.
- Harry m'assure que vous ne pouvez plus le blesser. Que vous êtes obligé de composer avec lui, à cause du lien qui vous unit.

Le Mage noir grogna.
- Il dit vrai. Je suppose que vos parents vous ont parlé des liens d'âme soeur ?
Sirius sursauta et écarquilla les yeux. Visiblement, il avait entendu parler de ce lien, puisqu'il regardait son vis à vis différemment désormais.
Plus détendu, Sirius hocha lentement la tête.
- Je reste près de Harry.

Voldemort haussa les épaules, avec un peu de lassitude. Il n'avait même pas envisagé d'écarter Black, sous peine de se retrouver avec un adolescent en pleine rébellion. Satisfait de son absence de protestation, Sirius se laissa aller en arrière dans son siège.
- Que comptez-vous faire ? Pour la guerre en cours ? Le monde magique ne peut pas rester indéfiniment plongé dans le chaos.

Le mage noir renifla d'un air méprisant.
- Dumbledore est en équilibre précaire sur un château de sable qui menace de s'effondrer. Il a pris le rôle de leader de la lumière en s'opposant à Grindelwald, mais après qu'il ait envoyé son vieil ami à Numengard, il n'y a pas eu d'autre coup d'éclat. Il est redevenu puissant uniquement parce que tout le monde sait qu'il est le protecteur du Sauveur.
L'air écœuré, Sirius secoua la tête.
- Il s'est servi de Harry. C'était l'atout caché dans sa manche. Toutes ces années, alors que j'étais enfermé pour un crime que je n'avais pas commis.
Voldemort acquiesça.
- Il a tenu le gamin caché, tout en se présentant comme une espèce de tuteur. Il voulait en faire sa marionnette... Et sans cette situation invraisemblable, il aurait réussi.

Sirius renifla, et jeta un regard plein de défi au mage noir.
- Que cela soit bien clair. Je n'approuve pas vos idéaux. Cependant, je refuse que Harry soit sacrifié. Je préférerais que Dumbledore soit un vieux fou assoiffé de pouvoir au lieu d'un stupide manipulateur prêt à tout pour le bien tel qu'il le conçoit, parce qu'il serait plus facile de lui tourner le dos. Si la vie de Harry n'était pas en jeu, je n'aurais jamais envisagé de... de venir face à vous.

Nullement vexé, Voldemort ricana.
- J'en suis conscient Black. Peut être qu'un jour vous comprendrez que ma vision des choses n'est pas aussi noire que vous le pensez.


Harry choisit ce moment pour arriver, et Sirius eut juste un rictus amusé, prouvant qu'il doutait de l'affirmation du Seigneur des Ténèbres. Ignorant l'interruption de Harry, Voldemort reprit, sans quitter Sirius des yeux.
- Donc. Dumbledore est fragilisé. Il est un vieil homme après tout, et nombreux sont ceux qui ont oublié ses exploits de jeunesse. A votre avis, que feront les sorciers anglais quand ils découvriront que leur précieux Sauveur, l'incarnation de leur espoir, marche à mes côtés ?

Harry roula des yeux avec exagération tout en s'appuyant contre Sirius. Depuis qu'ils étaient réunis, l'adolescent semblait avoir en permanence besoin de toucher son parrain pour s'assurer qu'il était bel et bien présent près de lui. Pour s'assurer que ce n'était pas une illusion.
- Les sorciers sont stupides. Ce n'est pas parce qu'ils ne suivront plus Dumbledore qu'ils se tourneront vers toi. A chaque article de Skeeter me traitant de fou ou de menteur, tu n'as pas eu plus de recrues Mangemort non ?

Sirius ébouriffa les cheveux du gamin, et se chargea de répondre.
- Skeeter qui s'en prend à toi, c'est une façon de nier la réalité. Les sorciers ne veulent pas admettre que... Que Lord Voldemort est de retour, car ça implique le retour de la guerre, le risque de mourir ou de voir mourir ses proches. En te traitant de fou, elle ne fait pas choisir un autre camp, elle... leur laisse juste croire qu'il n'y a pas de danger.
- C'est stupide.

Le ton bougon du jeune homme fit sourire Voldemort. Il se pencha légèrement jusqu'à se noyer dans les yeux verts qu'il commençait à bien connaître désormais, avant de déclarer, terriblement sérieux.
- Bientôt, Miss Skeeter se verra obliger de s'excuser pour la façon dont elle t'a traité. Encore un peu de patience Harry.
Harry sembla déchiré entre la reconnaissance d'être défendu, et l'horreur à l'idée de ce qui arriverait à la terrible journaliste. Finalement, il détourna les yeux, un peu pâle, et haussa les épaules.
- Peu importe. Je me moque bien de ce qu'elle écrit.

Prompt de demain : crabe

Âmes soeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant