Alcool à brûler

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Ronald Weasley était un Gryffondor convaincu. Lorsqu'il avait eu à suivre Harry dans ses aventures, il ne s'était pas vraiment posé de questions. Leur amitié était plus importante que tous les risques qu'il pouvait prendre. Il ne pensait pas vraiment en terme de danger, d'ailleurs.

La première fois qu'il avait rencontré Harry, il avait d'abord été fasciné, puisqu'il rencontrait le garçon-qui-avait-survécu. Il en avait tellement entendu parler dans son enfance...
En demandant à voir sa cicatrice, il avait senti la gêne de son camarade sans pour autant en comprendre la raison.

Ron n'était généralement pas considéré comme quelqu'un d'intuitif ou de sentimental. Hermione l'avait à plusieurs reprises bousculé, furieuse, en lui hurlant qu'il n'avait aucune espèce d'empathie. Il n'avait pas compris à cet instant à quel point la célébrité pesait sur les épaules du gamin trop maigre qui avait grandi dans le monde moldu.

Cependant, quand Harry avait acheté un échantillon de toutes les friandises qu'il y avait sur le chariot et qu'il avait partagé avec lui sans la moindre hésitation, Ron s'était attaché à son nouveau camarade. Pas grâce à sa gourmandise mais uniquement pour la gentillesse du geste. Harry avait vu sa pauvreté et n'avait pas fait le moindre commentaire désobligeant.

Au fil des jours, puis des mois, ils étaient devenus plus proches. De plus en plus proches, jusqu'à devenir aussi liés que des frères. Bien évidemment, Hermione était leur meilleure amie, mais avec Harry, ils avaient un lien plus profond.
C'était peut être pour cette raison que la famille Weasley dans son intégralité avait adopté Harry. Il était l'enfant brun d'une fratrie de roux, le fils prodigue enfin retrouvé. Molly se montrait aussi protectrice qu'une louve, défendant avec ardeur le jeune orphelin qui avait déjà tant sur les épaules.


Si Ron avait été surpris de se rendre compte que son meilleur ami était désormais aux côtés du Mage noir, tournant ainsi le dos à la lumière, il avait vite compris les motivations du jeune homme. Harry ne voulait pas mourir, et lui ne voulait pas perdre son ami. Mais il savait parfaitement que s'il était resté à Poudlard, le petit brun aurait fini par se laisser convaincre et par se sacrifier.

Harry étant en sécurité, Ron comptait bien protéger sa famille autant que possible. Il était convaincu que tous les Weasley - hormis Percy peut être - seraient prêts à rejoindre Harry, quel que soit son camp.
Lui le savait, et Harry s'en doutait probablement. Maintenant, il restait une personne à convaincre.

Le Mage noir qui terrorisait le monde Magique, au point où personne ne s'aventurait à prononcer son nom.

Ron mobilisa donc tout son courage de Gryffondor pour se rendre dans le salon où Voldemort était le plus souvent. Harry était probablement occupé avec Sirius, et Hermione était dans la bibliothèque. Il avait donc le champ libre pour plaider sa cause, en espérant ne pas être tué ou torturé.


Le mage noir ne sembla pas surpris de voir le jeune homme roux entrer et se planter devant lui, blême et hésitant, mais décidé. Tout en se délectant de la peur du gamin, il devait avouer qu'il respectait son courage insensé. C'était sûrement l'un des effets secondaires de devoir supporter Harry Potter en personne à ses côtés...

Ron inspira un bon coup avant de se lancer, sans fixer l'homme face à lui, préférant garder son regard fixé au sol.
- Je sais que ma famille est considérée comme ennemie par les Mangemorts, mais ils suivront Harry quoi qu'il arrive.
Voldemort leva un sourcil, et fixa un long moment l'adolescent en silence, le laissant se tortiller inconfortablement devant lui.
- Alors quoi ? Je devrais les épargner ?
Sans réfléchir, Ron redressa la tête.
- Oui !
Se rappelant de l'identité de la personne qui était face à lui, il rougit et bégaya, gêné.
- Enfin... Si vous me laissez leur parler, ils ne prendront plus part à la guerre. Ils... ils seront avec Harry, il fait partie de la famille.

Voldemort plissa les yeux et se leva brusquement, pour se rapprocher de Ron jusqu'à le surplomber, menaçant.
- Vraiment ? De la famille ?
Apeuré, Ron hocha la tête, campé sur ses positions. Voldemort grogna.
- Alors pourquoi l'avoir laissé chez ces infâmes moldus qui le blessaient ?

Ron soupira, et secoua la tête. Un éclair de colère passa dans ses yeux bleus, et il pinça les lèvres.
- Parce que vous pensez que maman n'a pas plaidé la cause de Harry ? Qu'on a pas essayé de le récupérer toujours plus tôt ? Mais Dumbledore voulait absolument qu'il s'y rende, pour sa soit-disant protection contre vous... On lui envoyait de quoi manger, et on essayait de lui écrire au maximum... Mais que vouliez vous que nous fassions face aux décisions de Dumbledore ?

Voldemort regarda le jeune homme pensivement. Il était étonné de la fidélité du rouquin envers son ami. Il avait rejoint le mage noir contre qui sa famille se battait sans broncher. Et voilà que malgré sa peur, il venait plaider la vie des siens sans la moindre hésitation.
C'était inattendu pour lui qui avait l'habitude des trahisons et des coups bas. Des lâches et des faibles.

D'un geste brusque, il fit signe au garçon de le laisser sans lui répondre ou le rassurer sur l'avenir de sa famille, perdu dans ses pensées.


***

Pendant ce temps, Hermione était en compagnie de Severus Rogue dans son laboratoire de potions. Elle avait proposé son assistance, déterminée à poser encore des questions à l'homme taciturne.
Elle attaqua presque immédiatement, tout en remplissant le réchaud sous le chaudron d'alcool à brûler comme son professeur le lui avait demandé, sans voir le regard presque amusé de Severus parfaitement conscient de son petit manège.
- Monsieur ? Est-ce que le lien entre Harry et... Et Voldemort pourrait être brisé ?
- Miss Granger...
Hermione le coupa brusquement, les yeux écarquillés, comme si elle se rappelait qu'il était Mangemort et proche du Seigneur des Ténèbres. Qu'il était celui qui avait amené Harry à cet endroit dès qu'il avait eu connaissance du lien.
- Enfin... je veux dire... Je m'inquiète des conséquences de ce lien sur Harry.

Severus perdit toute envie de se moquer de la jeune fille. Il fronça les sourcils et grogna vaguement avant de poser des questions.
- Comment ça ?
Hermione baissa le regard, la voix légèrement tremblante.
- Harry... il se sent coupable de tout ce qui ne va pas autour de lui. Il est encore persuadé qu'il est la cause de la mort de Cédric Diggory même si on lui répète qu'il n'aurait rien pu faire de plus... Alors comment va-t-il gérer d'être lié à un homme qui tue aussi facilement qu'il respire ? Je sais qu'un lien d'âme soeur est précieux et bénéfique mais...

Severus retint son souffle, alors que Hermione terminait sa tirade, la voix brisée par des sanglots retenus.
- J'ai peur que Harry ne finisse par devenir fou, dévoré par toute cette culpabilité, même s'il cache parfaitement qu'il se pose des questions.

Prompt de demain : sac en cuir

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