Depuis que Harry Potter avait disparu, Dumbledore était inquiet. Terriblement inquiet.
Il avait l'habitude de faire confiance à ses pressentiments, mais ce qu'il suspectait était presque inconcevable.
Il était sûr que Harry n'aurait jamais pensé à les trahir. Le gosse était bien trop naïf et idéaliste pour seulement penser à monnayer sa vie en rejoignant Voldemort. Il s'était rendu compte que l'adolescent n'avait pas eu une enfance heureuse, mais il n'avait pas cherché à l'aider. Le plus grand bien nécessitait que l'élu du monde magique reste près de la famille qui lui restait. Il ne voulait pas d'un garçon gâté par sa célébrité mais d'un jeune homme ordinaire, prêt à lui obéir pour sauver le monde magique.
Il n'avait pas osé avouer à l'Ordre du Phénix que la protection du sang qu'il invoquait à chaque fois n'était qu'une hypothèse qu'il était incapable de vérifier. Il imaginait sans peine les hurlements de Molly Weasley et la colère de Sirius Black. Néanmoins, compte tenu de la situation du monde magique, il ne pouvait pas ignorer la moindre possibilité de donner plus de chances à Harry d'aller jusqu'à la confrontation finale.
Depuis que la prophétie avait été prononcée, le vieux sorcier attendait avec impatience le moment où le Sauveur serait assez âgé pour mettre fin au règne de terreur. Il s'était rapproché des Potter, persuadé qu'ils étaient ceux concernés par les paroles cryptiques de cette folle de Trewlanney.
A la mort des parents Potter, il avait été soulagé de découvrir qu'il ne s'était pas trompé : l'enfant était bien l'Élu. Il était encore un bambin sachant à peine parler, et il avait déjà mis hors d'état de nuire le seigneur des ténèbres pour quelques années.
Dumbledore avait écarté l'enfant du monde magique : il ne voulait pas en faire une star imbue de lui même. Et surtout, il voulait le tenir loin de lui, après avoir vu la cicatrice sur son front, la marque infligée par Voldemort. Il avait senti la magie noire en émaner et il avait pensé que le gamin grandirait bien mieux loin du monde magique.
Il avait laissé les sorciers fêter la fin de la guerre, alors qu'il savait que ce n'était au mieux qu'une armistice. La guerre était loin d'être terminée. Voldemort avait certes perdu une bataille, mais il reviendrait, assurément.Dumbledore fut distrait de ses pensées par l'arrivée de Maugrey Fol'Oeil dans son bureau. Il soupira et lui fit signe de s'asseoir.
- Alors Alastor ? Des nouvelles ?
L'Auror grogna, visiblement de mauvaise humeur.
- Aucune trace de ton foutu gamin, Albus. Tu es certain qu'il n'est pas prisonnier de Tu-sais-qui ?Le Directeur de Poudlard se frotta les yeux d'un air fatigué.
- Severus me l'aurait dit.
- Ton espion hein... Celui qui t'a trahi pour retourner se terrer dans les robes de son Maître encore une fois...
- Il nous a bien aidé non ?
- C'est un foutu Serpentard, Albus. Il est resté près de toi pour éviter Azkaban, et maintenant que le petit Potter a disparu, il est retourné avec ses amis Mangemorts. Si je m'écoutais, j'enfermerais les gosses de ces maudits criminels pour les interroger sous veritaserum.
- Voyons, mon ami. Bien que tentant nous ne pouvons pas nous attaquer à ces enfants sans la moindre preuve.
- Parce qu'ils ont besoin de preuves pour tuer d'honnêtes sorciers ? Pour dévaster des villages entiers ?Albus soupira une fois de plus, et leva des yeux fatigués vers son ami.
- Je commence à avoir un terrible doute. La disparition de Harry. Celle de Sirius. Ses amis qui partent soit-disant à sa recherche, puis Severus qui retourne du côté des Ténèbres...
- Le gamin a trahi...Maugrey s'était penché en avant, son œil magique tournoyant follement, visiblement furieux. Il grimaçait plus qu'à son habitude et il secoua la tête en grognant.
Dumbledore hocha la tête.
- Je ne comprends pas pourquoi, mais j'en ai peur. Il n'y avait aucune raison qu'il ait cette idée... Quelqu'un a dû le pousser dans cette direction.Maugrey renifla.
- S'il n'est pas avec nous, ton précieux sauveur, il est contre nous. Il faut l'éliminer purement et simplement de l'équation.
A une époque, Dumbledore aurait vivement protesté. Il aurait défendu le jeune Gryffondor, assurant qu'il était essentiel pour le futur. Mais s'il avait réellement rejoint Voldemort...
Le Directeur haussa les épaules.
- Tu as probablement raison, mon ami. Nous devrions faire en sorte... qu'il soit... éliminé. C'est triste, mais nécessaire. Pour le plus grand bien.***
Tout à leur conversation, les deux hommes ne se rendirent pas compte qu'une élève était derrière la porte, les yeux écarquillés et une main plaquée sur la bouche, horrifiée.
La jeune fille était juste venue demander des nouvelles des disparus à un homme en qui elle avait confiance et elle venait de découvrir une terrible réalité.Sans un bruit, elle fit demi-tour : elle n'avait pas besoin d'en entendre plus. Elle avait une lettre à écrire à destination de ses parents, certaine qu'ils sauraient quoi faire.
A l'intérieur du bureau directorial, ni Albus, ni Maugrey et son oeil magique n'avaient remarqué quoi que ce soit. Ils étaient bien trop pris dans leur conversation, trop occupés à fomenter un complot ignoble, persuadés d'agir pour le mieux. Uniquement pour le monde magique. Rien d'autre. Le plus grand bien appelait parfois à de terribles sacrifices.
***
L'élève de Gryffondor ne perdit pas de temps. A peine rentrée dans sa salle commune, elle écrivit sa lettre d'une main tremblante, relatant tout ce qu'elle avait entendu. L'hypothèse de la trahison de Harry Potter, et les projets de Dumbledore à ce sujet.
A la fin, lorsqu'elle écrivit que le Directeur voulait tuer Harry, une larme coula sur sa joue et tomba sur l'encre à peine sèche. Elle ne s'en préoccupa pas, puisqu'elle repartit en courant en direction de la volière.Avec un soupir soulagé, elle attrapa le hibou de son frère et attacha la missive à sa patte. Puis, elle lui murmura la destination.
- Allez Coq. Au Terrier, au plus vite. C'est vraiment urgent, je compte sur toi.Le minuscule hibou s'envola, surexcité comme à son habitude, et Ginny Weasley le regarda partir, jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.
Elle soupira et espéra que son frère et Hermione étaient réellement partis rejoindre Harry et qu'ils l'avaient trouvé. Dans son esprit, le Sauveur - son héros - avait quitté Poudlard pour partir à la recherche de Voldemort, seul. C'était idiot mais terriblement courageux. Elle ne pouvait que lui souhaiter de réussir, et elle priait qu'il revienne en bonne santé...Prompt de demain : horloge brisée
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Âmes soeurs
Fiksi PenggemarLa jalousie d'une femme, un sortilège noir, très noir. Et la vie de deux personnes bascule. Le destin est parfois étrange, et complique singulièrement une vie déjà bien remplie.