Pays des Merveilles

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A son retour de Pré-au-Lard en compagnie d'Hermione et de Ron, Harry avait eu la désagréable surprise de découvrir que Dumbledore l'attendait de pied ferme en compagnie de Madame Pomfresh. Ignorant les protestations outrées du Gryffondor, il avait été entraîné manu militari à l'infirmerie.

Il avait croisé le regard nerveux et coupable de ses amis, et il avait immédiatement compris qu'ils étaient pour quelque chose dans cette soudaine inquiétude quand à son état de santé. En se laissant entraîner par la poigne décidée de Poppy, il leur jeta un regard noir, laissant sa colère monter et le submerger. Harry se sentait trahi autant que lorsque Ron lui avait tourné le dos au début du tournoi des trois sorciers. Aussi bien Hermione que Ron savaient pourtant qu'il n'aimait pas que l'on décide à sa place dans son dos...

Une fois dans l'infirmerie, il fit face au directeur et à l'infirmière, les bras croisés sur la poitrine avec une mauvaise volonté évidente, ses yeux verts brillant de colère.
Dumbledore lui sourit gentiment, un éclat calculateur au fond de ses yeux bleus alors qu'il sentait la puissance de son jeune protégé, renforçant sa décision de le remettre sur pieds.
- Harry mon garçon.
Le brun grogna, sourcils froncés. Il n'oubliait pas les articles de journaux le traitant de menteur. Il en voulait à Dumbledore pour son silence sur le sujet et pour la façon dont il l'évitait habituellement.

Cependant, Dumbledore continua, ignorant la réaction de rejet de l'adolescent.
- Plusieurs personnes ont remarqué que tu semblais... fatigué ces derniers temps.
- Je vais très bien Monsieur.

Poppy fronça les sourcils et intervint.
- Ça jeune homme, c'est à moi de le décider.
- Mais...
- Pas de mais ! Je vais t'examiner et ensuite nous verrons exactement ce qu'il en est.

Harry soupira, et leva les yeux au ciel mais il se dirigea à pas lents vers le lit pointé du doigt par l'infirmière. Il savait d'avance qu'il n'était pas de taille à lutter contre le dragon de l'infirmerie.
Elle tira un rideau pour l'isoler du reste de la pièce, le dissimulant aux yeux de Dumbledore et le jeune homme en conçut une joie malsaine. S'il en tenait qu'à lui, il refuserait que le Directeur ne soit informé de son état de santé. Malheureusement il était orphelin et il n'avait visiblement pas voix au chapitre.

L'air soucieux, l'infirmière lança des sorts pour vérifier l'état de l'adolescent. Puis, elle le laissa se rasseoir et le fixa longuement.
- Vous dormez bien, Monsieur Potter ?
Harry hocha la tête. Mais l'infirmière grogna.
- Vraiment ? Vous êtes épuisé. Si vous continuez ainsi, vous allez vous effondrer d'ici peu. Inutile de préciser que vous resterez ici au moins cette nuit. Ne bougez pas, je vais prévenir le directeur.

Lorsqu'il fut seul, assis sur le lit blanc qui commençait à devenir un peu trop familier, Harry se passa les mains sur le visage avec un soupir agacé. Il en voulait terriblement à ses amis pour avoir parlé de sa fatigue derrière son dos, surtout à Dumbledore alors même qu'il leur avait avoué qu'il était en colère contre le vieux sorcier à cause de sa façon d'agir. Il ne digérait pas cette trahison supplémentaire, et il était décidé à leur faire comprendre sa colère et son ressentiment à l'instant où il poserait un pied en dehors de l'infirmerie.

Il entendit le bourdonnement des conversations entre le Directeur et l'infirmière. Curieux, il se leva et se pencha pour essayer d'entendre ce qui se disait. Malheureusement il ne put saisir que la fin de la conversation, qui se termina par la décision inflexible de Pomfresh qui refusait de laisser Dumbledore voir son patient.
Le moral de Harry remonta légèrement, et il fut reconnaissant à Pomfresh de sa décision, même si l'infirmière ne l'avait pas fait pour lui faire plaisir.

Puis l'infirmerie redevint silencieuse, et il se rassit sur le lit, maussade et fatigué. Il n'avait plus qu'à attendre et à se préparer à passer une nuit de plus dans l'infirmerie. Où Pomfresh verrait qu'il dormait parfaitement bien.

**

Hermione et Ron attendaient devant les portes de l'infirmerie, légèrement inquiets. Après leur conversation avec Dumbledore, ils se doutaient bien que ce dernier interviendrait au sujet de Harry.
Cependant, ils avaient imaginé que les choses se feraient plus en douceur.

L'un comme l'autre avait noté le regard noir de Harry et ils savaient qu'ils allaient devoir se faire pardonner.
Ron grogna et jeta un bref regard à Hermione qui allait et venait nerveusement.
- On aurait du en parler à Harry avant. Ne rien dire à Dumbledore.
Hermione lui jeta un bref regard noir et repoussa ses cheveux en arrière.
- Tu sais parfaitement qu'Harry ne va pas bien en ce moment. On a fait ce qu'il fallait, et il faudra le lui faire comprendre.

Ron renifla.
- Tu sais comme Harry peut être têtu. Je t'avais dit qu'il le vivrait comme une trahison.
Avant que Hermione ne puisse répondre, les yeux lançant des éclairs, la porte de l'infirmerie s'ouvrit et Dumbledore en sortit.
Délaissant Ron, la lionne se précipita vers le Directeur.
- Monsieur ? Comment va Harry ?
Le vieil homme lui offrit un sourire rassurant.
- Il est juste fatigué. Rien que ne puisse résoudre une bonne nuit de repos. Nous avons la situation bien en main, et vous pourrez rapidement retrouver votre ami. Malheureusement, vous ne pouvez pas lui rendre visite pour l'instant, Madame Pomfresh est extrêmement stricte sur le bien être de ses patients vous le savez.

Les deux Gryffondor hochèrent la tête, résignés, puis quittèrent le couloir devant l'infirmerie pour se diriger vers la Tour Gryffondor, tête basse et silencieux.

***

Obéissant aux ordres de l'infirmière, Harry s'installa dans le lit. Alors qu'il pensait qu'elle allait lui ordonner de fermer les yeux pour se reposer, elle continua de vaquer à ses occupations.
La porte s'ouvrit et Severus Rogue entra à grands pas.

L'adolescent soupira, décidant que cette journée ne pourrait pas devenir pire. Son professeur l'examina d'un œil critique tout en écoutant les explications de Pomfresh, puis il hocha sèchement la tête.

Il s'approcha ensuite de Harry et lui tendit une fiole emplie d'un liquide bleu nuit.
- Buvez ça.
- Qu'est-ce que c'est ?
L'homme le détailla un bref instant puis il étira ses lèvres en un rictus moqueur.
- Une potion de sommeil sans rêves. Parfait pour vous envoyer aux Pays des Merveilles, monsieur Potter.

Harry lança un regard noir à son professeur mais il prit la fiole tendue et l'avala avec une grimace. Severus hocha la tête d'un air approbateur.
- Vous devriez vous allonger si vous ne voulez pas perdre l'équilibre ou vous endormir dans une position inconfortable. Avec ça, je peux vous assurer que vous n'aurez aucun cauchemar et vous devriez vous réveiller demain reposé.
Harry leva ses yeux verts vers l'homme et il haussa les épaules, indifférent.
- Je ne fais plus de cauchemars, Monsieur.


Prompt de demain : figé dans le temps

Âmes soeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant