Cauchemars

611 58 105
                                        

Alec se réveilla alors qu'il faisait nuit. Il ne comprenait pas ce qui venait de se produire un peu plus tôt. Encore sonné par son évanouissement, il chercha son cheval et le retrouva étendu par terre. À sa seule vue, il comprit qu'il était décédé. C'était bien sa veine. Même son cheval l'avait lâchement abandonné. On aurait même dit qu'il avait trépassé debout et qu'il gisait maintenant dans la position qu'il avait à ce moment, mais sur le côté.

Alec se retourna et voulut utiliser l'un des deux chevaux toujours dans l'enclos. Il fut boulversé de s'apercevoir que les deux animaux avaient subi le même sort que le premier.

Soucieux, il examina les lieux. À perte de vue, il pouvait dire que le champ avait été pulvérisé. Le seul endroit encore intacte se trouvait à être celui où Alec s'était réveillé quelques secondes plus tôt.

Machinalement, il retourna aux chevaux et les examina plus minutieusement. Ils n'étaient pas seulement morts, ils s'étaient pétrifiés comme de la pierre.

Perdu par tant de choses inexplicables, le jeune homme se résigna à faire le chemin du retour à pied. Il se trouvait maintenant près de l'endroit où il avait retrouvé Magnus dans la neige. Il commençait sa montée vers le ranch quand il entendit un murmure tout près de lui. Curieux, il balaya les champs sans rien voir.

— Magnus? C'est toi?

D'autres chuchotements le firent se figer. Il savait exactement d'où venaient les voix. Elles venaient de la forêt d'où était sorti Magnus avant de s'effondrer dans la neige. Il plissa les yeux et aperçut finalement quatre points lumineux, à l'orée du bois, qui brillaient comme un feu rougeoyant. Il divaguait certainement. Quand il s'était évanoui, il avait dû heurter une roche. C'était impossible que ce soit ce qu'il croyait.

Il se frotta les tempes pour se remettre les idées en place. Quand il regarda à nouveau, les yeux avaient disparu. Un peu plus sûr de lui, il se remit en route, songeant à ce qui l'attendait maintenant. Magnus l'avait abandonné et sans celui-ci pour l'aider à contrôler sa soif, il n'y arriverait pas.

Cette fois, ce n'était pas la colère mais bien la peur qui le gagna. Il se mit à courir jusqu'à la maison, voulant rejoindre Magnus avant qu'il ne le quitte définitivement. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était et monta les marches quatre à quatre sans se soucier du bruit qu'il faisait. En ouvrant la porte de sa chambre, il tomba à genoux, pour la seconde fois aujourd'hui.

Magnus était vraiment parti. Il n'y avait plus rien qui lui appartenait dans la pièce. Il l'avait quitté comme tous les autres. Il ne pouvait pas l'avoir fait, il lui avait dit qu'il l'aimait et qu'il ne l'abandonnerait pas. Pourtant, c'était bien le cas.

— Alec?!

La voix de Clary avait raisonné dans la pièce. Elle se précipita devant lui et l'examina.

— Ça ne va pas?

— Il est parti, Clary! Il m'a abandonné! Je ne vais pas pouvoir sans lui! POURQUOI? POURQUOI je ne suis pas normal?

— Alec, il va revenir voyons. Il disait qu'il devait régler quelques affaires. Il en a seulement pour quelques jours.

— NON! Il croit que je suis amoureux de Simon! J'ai tout fait foirer, Clary. Merde! Je l'aime tellement!

— QUOI! Tu aimes Simon?

— NON! Mais pourquoi tout le monde croit ça? Si même ma sœur ne peut pas voir que j'aime Magnus comme un dingue, alors qui me croira?

— Moi je te crois, Alec.

Simon venait d'entrer derrière le frère et la sœur en pyjama et à moitié endormi.

— Ouais ben, je ne crois pas que Magnus voudra t'entendre le lui dire. C'est à cause de toi qu'il est parti.

Il s'effondra dans les bras de Clary et pleura toutes les larmes de son corps. Elle l'aida à se relever et le guida jusqu'à son lit. Instinctivement, il prit la place de Magnus et enfonça son visage dans l'oreiller. Un hurlement de douleur le traversa quand il sentit l'odeur encore récente de son amant. Il ne serait jamais capable de sortir à nouveau de ce lit. C'était la seule trace qui lui restait de lui.

*****

Magnus se réveilla en sueur. Il faisait encore et encore le même cauchemar. Il était attaqué par des vampires qui aspiraient son sang et le laissaient, mourant, au milieu de la forêt. La dernière chose qu'il voyait, avant de mourir, c'était Alexander qui enlaçait Simon et qui partait en sens inverse, en souriant à Simon amoureusement, sans aucun regard vers l'ancien prisonnier.

Quand il se réveillait, la première chose qu'il cherchait, c'était les bras rassurant d'Alexander. Malheureusement, il ne pouvait pas s'y réfugier puisqu'il l'avait quitté depuis maintenant une semaine et demi.

Cette nuit n'était pas différente des précédentes et son cœur, encore meurtri, ne le lui faisait pas oublier, en l'insinuant dans tous ses cauchemars. Magnus en avait fait de mauvais rêves, mais le plus terrifiant était bien celui-ci. Perdre Alexander, une dizaine de fois chaque nuit, pour ce minable de Lewis, le grugeait de l'intérieur.

Ce matin encore arriva péniblement. Il n'avait pas eu le courage de s'occuper de ses affaires juridiques et se morfondait chez Will depuis ce jour fatidique. Lentement, il se leva pour rejoindre la salle à manger, traînant de la patte en n'ayant aucune envie de se coiffer et encore moins de simplement s'habiller.

— Bonjour, souffla-t-il à Will de sa voix cadavérique.

Son ami, qui était à la table, travaillait déjà sur son portable alors qu'il était à peine 6h. Il devait être sur une bonne piste car, d'ordinaire, il préférait largement se reposer tandis que son fils était toujours endormi. Ce petit monstre, qui avait pourtant une bouille angélique, pouvait devenir le diable en personne quand il les réveillait à des heures abominables.

— Magnus! Bonjour! J'ai une bonne nouvelle pour toi! Je crois avoir trouvé qui est la famille d'Alexander.

— WoW! Je suis TELLEMENT enthousiaste de savoir que je n'aurai jamais à les connaître puisque je ne ferai jamais partie de cette famille. Et, au fait, tu sais que je connais déjà sa sœur Clary.

— MAGNUS BANE! Je m'acharne à t'aider pour retrouver tes bourreaux et, toi, tu ne penses qu'à ta petite peine d'amour. Tu as un million de prétendants et prétendantes qui font la file pour avoir le « bonheur » d'être dans ton lit, alors arrête de te plaindre, OK?

— Il était tellement plus que ça, Will.

— Plus tard...

Son ami, ne pouvait pas comprendre. Il l'avait toujours vu avec une personne différente chaque soir. Comment pouvait-il savoir qu'il était si désespérément amoureux; qu'il détestait maintenant tous les fans qui se présentaient, chaque jour, à la porte de Will afin de pouvoir recevoir un autographe; qu'il fuyait toute cette troupe qui n'attendait qu'une sortie de Magnus pour le toucher et l'embrasser alors qu'il ne s'y attendait pas.

— Je te parlais de sa famille biologique, Magnus. Regarde cette photo. C'est probablement sa famille. Tu as vu? Robert Lightwood a la même marque sur son avant bras.

Magnus regarda plus attentivement l'article dans le magazine réputé. Robert Lightwood avait effectivement la marque d'Alec qu'on distinguait facilement. Sa tenue de golf pouvait la laisser voir et, bien entendu, la population n'y voyait que du feu en s'imaginant qu'il portait un tatouage et non une marque d'appartenance. Il lut l'information que l'article contenait et put comprendre que Robert Lightwood avait trois enfants plus jeunes qu'Alec. En tournant la page pour lire la suite, il tomba sur une photo de famille et il se laissa choir sur la chaise à côté de Will.

Le plus jeune des enfants Lightwood, celui qui s'appelait Max, il ressemblait tellement à son Alexander. L'enfant n'avait que dix ans, mais c'était clairement une réplique de son frère aîné que Magnus tentait vainement d'oublier.

Sang espoir (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant