Alec sauta de son cheval et se précipita au chevet de l'homme qui gisait dans la neige. Habitué de prendre ses propres signes vitaux, il voulut placer ses doigts sur sa gorge, mais vit que l'inconnu était blessé à cet endroit. Il décida d'utiliser son poignet, mais fut surpris de retrouver des blessures aussi fraîches. Un examen rapide lui fit froncer les sourcils. Alec distinguait un tas de cicatrices similaires aux alentours du poignet.
Qu'à cela ne tienne ! Il venait de voir passer un nuage de condensation près de la bouche de l'individu. Celui-ci était en vie et il se devait d'agir très rapidement. Enlevant son manteau, il recouvrit l'homme avant de le prendre dans ses bras. Alec avait toujours été bien plus fort que la moyenne et, si on considérait que le type était plutôt grand, c'était surprenant qu'il ait été si léger. Le cow-boy comprit finalement que l'homme n'avait pas vécu dans d'excellentes conditions. Son poids plume ainsi que la saleté qui recouvrait son corps en étaient les évidences accablantes.
Sans plus attendre, il le manipula avec soin et l'installa facilement devant lui, sur son cheval. Claquant sa langue, le rancher enfonça ses pieds dans les flancs de l'animal, puis, il le poussa au galop. Chaque minute rapprochait l'inconnu d'une mort certaine. Sans chaussures et portant un vêtement aussi mince, un homme ne pouvait pas survivre longtemps par un temps pareil. Le printemps était bien arrivé, mais mère nature s'était déchaînée la nuit précédente. C'était le dernier soubresaut de cette grande dame avant les jours chauds et ensoleillés. Mais en attendant, le mystérieux jeune homme était dans un état sérieux.
Alec cria à son cheval, le poussant à son maximum tout en se maudissant d'avoir acheté un si grand domaine. Ils dévalèrent rapidement les hectares, craignant de plus en plus pour la vie de l'individu. Un soupir de soulagement lui échappa quand il finit par apercevoir les toits givrés des nombreux bâtiments qui constituaient son ranch. La tête rousse de sa sœur, qui était occupée à ferrer un autre cheval, détonnait sur la blancheur du tout dernier tapis de neige. Alec la dépassa à toute vitesse, lui criant de le rejoindre à l'intérieur, sans lui laisser la chance d'argumenter.
Il s'arrêta au pas de la porte, sautant alors que le cheval ne s'était pas complètement immobilisé. Le rancher était dans l'urgence et laissa Clary, qui courait déjà vers eux, s'occuper d'attacher l'animal. Prenant l'homme dans ses bras, il le transporta à l'intérieur. Quand le cow-boy passa devant Simon, qui préparait le repas du soir, il ne lui adressa même pas un regard. Son ami n'était pas idiot, il comprendrait qu'il y avait urgence.
Alec portait toujours ses bottes, mais ne s'en préoccupa nullement, bien trop occupé à grimper les marches pour se rendre à la salle de bain. Il regarda, de nouveau, l'homme inerte qui gisait dans ses bras et s'agenouilla près de la baignoire. Le rancher fit couler une eau à peine tiède afin de ne pas brûler la peau fragilisée de l'inconnu. Il savait qu'en cas d'hypothermie, ce n'était pas recommandé d'utiliser l'eau chaude.
Pendant que la baignoire se remplissait, le cow-boy déshabilla l'inconnu le plus rapidement possible. Pauvre homme ! Il faisait pitié à voir. La crasse recouvrait son corps amaigri et des effluves nauséabondes, rappelant son manque d'hygiène, s'échappaient jusqu'aux narines de l'apprenti sauveteur. Décidément, ce bain serait une bénédiction, ce qui le conforta dans sa décision de le nettoyer.
Alec le plongea doucement dans la baignoire et s'activa en l'effleurant de son gant de toilette. La peau d'une personne en hypothermie étant extrêmement plus réactive au toucher qu'une peau normale, il fallait être très prudent tout en étant le plus rapide possible. L'homme devait, sans tarder, être emballé dans une serviette chaude pour ainsi espérer que sa température corporelle ne chute davantage.
Soudainement, Clary s'engouffra dans la salle de bain.
— Alec ?
— Clary, fait chauffer le plus grand drap de bain que nous avons dans le sèche-linge et dit à Simon de préparer un chocolat chaud. S'il se réveille, il pourra se réchauffer avec cela.
Elle comprit immédiatement l'urgence et rebroussa chemin jusqu'à l'armoire contenant le nécessaire. La jeune femme flanqua le drap de bain dans l'appareil et hurla à Simon du haut de l'escalier.
— Du calme, Clary ! J'ai des oreilles. Je peux t'entendre, tu sais.
Il était monté sans que ni l'un ni l'autre ne s'en soit rendu compte.
— Tu ne comprends pas, Simon. L'homme qu'Alec a ramené est mal en point. On veut le réchauffer. Redescends. Et dépêche-toi !
— Quoi ? Je croyais que c'était un animal qu'il venait de trouver et qu'il voulait en faire des steaks.
— Mais quel con ! Mon frère n'aurait pas fait ça dans la salle de bain. Mais ! Bouge, voyons !
Alec, de son côté, termina de nettoyer l'homme. Celui-ci avait un visage qui lui était familier. Plus il le regardait, plus il était certain de l'avoir déjà vu quelque part. Maintenant qu'il était propre, il le trouva d'ailleurs assez séduisant. Ses pommettes saillaient sous sa peau, signe de sa malnutrition, mais ses yeux bridés ne trompaient pas ses origines asiatiques. Pourtant, il avait un teint cadavérique, bien loin du beau doré qu'on leurs connaissait. Cette constatation le sortit de sa contemplation et il tendit le bras à Clary qui lui remit la serviette sans avoir besoin de dire un mot.
Il transporta le jeune homme jusqu'à son lit et le couvrit avec ses draps et sa couette. L'asiatique n'avait pas encore repris conscience et cela devenait inquiétant. Pendant que Simon et Clary discutaient de ce qu'ils devraient faire ensuite, Alec s'attaqua à la faible barbe de l'inconnu. C'était certain, il avait déjà vu cet homme quelque part. Alors qu'il terminait la seconde joue, Simon suggéra, enfin, un truc qu'il venait de trouver sur Internet.
— Ils disent que si la personne ne récupère pas des degrés rapidement, il faut s'étendre, peau contre peau, avec le blessé, pour lui transmettre notre propre chaleur.
— Pas question que je fasse ça, répliqua Clary en croisant les bras.
Simon se retourna vers l'individu et ensuite vers Alec.
— Non ! Moi non plus ! J'ai dormi un nombre incalculable de fois avec toi, mais là, c'est pas pareil. Fais-le toi, Alec. C'est toi qui est gay.
— Ça va, bande de froussards. Il est à peine vivant. Vous croyez qu'il pourrait vous faire quoi?
Il enlevait déjà sa chemise. L'homme n'avait gagné aucun degré. Pire encore, sa température avait encore chuté. Ce n'était décidément pas le temps d'être douillet.
— De toute manière, je n'ai pratiquement pas dormi, cette nuit, avec toutes ces rafales de vents qui affolaient les animaux. Je vais essayer de rattraper mon sommeil en même temps.
Alec souleva les draps pour se faufiler à l'intérieur, vêtu que de son slip. Il dégagea le corps de l'homme du drap de bain et l'enlaça pour lui donner toute la chaleur qu'il pouvait. Il plaça sa tête sur son torse pour s'assurer que son cœur battait toujours. Bien ! Il était faible, mais il battait. Ensuite, le jeune homme mêla ses jambes à celles de l'inconnu. Ses pieds étaient glacials, mais honnêtement, c'était le moindre de ses soucis.
Clary regarda son frère une dernière fois et tira Simon par le bras.
— Bonne nuit, cria Simon.
— Appelle, si tu vois que ça empire, continua Clary.
— Bonne nuit les froussards.
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Sang espoir (Malec AU)
FanfictionAlexander dit Alec, adopté par les Morgenstern, est malade depuis sa naissance. Cette maladie du sang, inconnue de tous, l'oblige à recevoir des transfusions sanguines tous les jours. Ses goûts culinaires plutôt incongrus ne plaisent pas à ses paren...