Sang espoir (Malec AU)

Douleur

Magnus se redressa instantanément aux paroles que prononça Alec. Ils venaient de faire l'amour de façon si fusionnelle et pourtant, la première chose qui lui venait à l'esprit, c'était Simon!

Il repoussa Alec et remit rapidement son pantalon en place. Mais c'était quoi cette manie de revenir toujours à Simon. C'était supposé être lui son petit ami, pas cet homme grognon qui le détestait pour mourir.

— Magnus?!

— Tu en as assez dit Alec. Je croyais vraiment gagner contre Simon. J'Y CROYAIS! Mais après notre... tu vois... je m'attendais à un « Je t'aime » ou « Je recommence quand tu veux ». NON! Tu parles de LUI!

— Non Magnus! Tu n'y es pas du tout!

— Laisse tomber Alec! Tu as encore des sentiments pour lui et tu es incapables de te l'avouer! Je pars ce soir. Ce n'est pas la peine de me raccompagner, je suis grand. J'ai compris maintenant. Je passerai toujours après lui.

Magnus grimpa sur son cheval et dévala douloureusement le domaine. Il venait de se faire ravager les entrailles et, franchement, la course n'était pas des plus confortables. Il appela un taxi dès son retour à la maison et fit ses bagages en un temps record. La voiture l'attendait déjà et il n'eut qu'à donner l'endroit de sa destination au chauffeur qui se mit aussitôt en route.

Comme il avait été aveugle de penser que son Alexander le préfèrerait un jour à Simon. Avait-il déjà au moins essayé d'être totalement avec lui? Non, évidemment que non.

Il fallait être réaliste, il s'était entiché d'Alec probablement parce qu'il l'avait sauvé d'une mort certaine. Maintenant qu'il avait l'heure juste, il devait essayer de ne pas perdre la face en le quittant le premier.

Il retrouva finalement son grand ami Will Herondale qu'il n'eut pas à supplier longtemps. Il était tellement heureux de lui présenter son fils James qu'il avait eut pendant la captivité de Magnus. Il se souvenait de sa femme Tessa. C'était la demoiselle qui l'avait ramené le soir de son enlèvement. Il eut l'occasion de discuter et de la connaître véritablement et, réellement, Will avait choisi d'épouser un ange. Le couple semblait être très heureux. Évidemment, Magnus qui s'était volatilisé pendant deux ans fut questionné longuement.

Puisque Will était détective privé, il n'était pas celui à qui on pouvait mentir facilement. Magnus se confia donc en espérant de tout son cœur que son ami de toujours et sa femme seraient assez ouverts d'esprit en leurs révélant la vérité. Il leurs raconta toute l'histoire, sans omettre les détails les plus affreux. Bien entendu, ils eurent de la difficulté à avaler le compte rendu, mais les marques qu'il portait au cou et aux poignets étaient une preuve assez accablante.

— Disons que je te crois, commença Will. Qu'est-ce que Alexander Morgenstern vient faire dans tout ça. Tu as raconté, à ta conférence de presse, que tu étais avec lui depuis ta disparition. Tu semblais vraiment être amoureux de lui. Je m'étais même fait à l'idée que c'était possible que tu te case. À la télévision, vous sembliez tellement proches. Tout ça, ce n'était que du spectacle?

— Oh! Hé bien, disons que je suis revenu à la réalité. Il n'était pas fait pour moi. Il adore la campagne et moi j'aime beaucoup trop la ville, mentit-il.

Il n'était pas encore prêt à tout lui révéler. Son ami l'avait toujours connu comme un homme butinant ici et là, n'ayant aucun goût pour se poser très longtemps sur une fleur. Les poules auraient donc des dents le jour où il lui avouerait qu'Alexander était la seule fleur sur laquelle il avait eu envie de se poser indéfiniment. Will était bien son ami d'enfance, mais jamais il lui avouerait qu'il était toujours follement amoureux et qu'il avait le cœur en mille morceaux. Il reprit ses esprits et continua.

— Enfin tout cela n'a plus d'importance. Je venais ici pour voir si tu étais capable de retrouver les traces de mes ravisseurs si je te disais où j'ai été retrouvé.

— Magnus tu m'as tellement manqué. C'est certain que je vais t'aider. Nous allons les retrouver et, crois moi, ils vont payer pour ce qu'ils t'ont fait. Par contre, il me faudrait tous les petits détails. Si tu dis que vous étiez au moins cent, et que vous aviez tous votre propre cellule, il faut d'abord chercher un endroit gigantesque.

— Oui, c'était immense!

— Mais encore...

— Des murs de pierres, et en pleine forêt. J'ai couru pendant très longtemps donc, très profondément dans la forêt.

— Ok, Magnus on regardera tout ça plus tard, à têtes reposées. Tu as besoin d'une bonne nuit de sommeil. Je crois bien ne jamais t'avoir vu aussi abattu, comme si on t'avait arraché le cœur. Tu n'aimerais pas qu'on te montre ta chambre?

Le prisonnier releva la tête. Il ne l'avait pas remarqué, mais son corps trahissait tout le poids de sa séparation d'avec Alec. Il était tellement fatigué. Il hocha la tête péniblement pour répondre. Will le guida jusqu'à sa chambre et le prit à nouveau dans ses bras, trop heureux de l'avoir enfin retrouvé.

*****

Alec regardait partir Magnus. Il venait de lui dire qu'il aimait Simon. C'était la pire connerie qu'il aurait pu lui sortir. Jamais il n'aurait de l'attirance physique pour son ami. Il pensait avoir été assez clair. Il n'était qu'un ami et rien d'autre.

Bien sûr qu'il avait pensé à Simon après leurs petites galipettes, mais pas comme Magnus semblait le penser.

Quand tout avait basculé, il avait la tête dans le cou de Magnus, l'endroit le plus chaleureux qu'Alec n'avait jamais trouvé. Il se disait qu'il y était à sa place. Du coup, il avait repensé à leurs parcours des derniers jours.

Depuis son arrivée, Simon n'arrêtait pas de piquer Magnus et ce dernier en faisait tout autant. Il se rappela leur matinée ou Simon s'était invité, bien involontairement, à leur partie de jambes en l'air, les coupant dans leurs magnifiques apogées.

Il aurait crucifié Simon sur place. Tout ce qu'il voulait, c'était de vivre cette félicité.

Ce furent les cris d'Alec qui l'avait alerté ce matin là et il était venu pour l'aider. Les cris des deux hommes étaient tellement plus puissants aujourd'hui et il s'était simplement demandé comment il aurait réagi en les entendant hurler aussi fort, tellement pris par la luxure.

Mais rien ne s'était déroulé comme il l'espérait. Magnus n'avait pas ri. Il avait plutôt pris cela à un autre niveau. Il s'était emporté pour une... une pensée qu'il lui avait demandé de lui faire part. Son cœur s'était resserré à chaque nouvelle phrase qu'il lui lâchait à la figure. Magnus ne l'avait pas laissé placer un mot. Au contraire, il lui avait dit que leur histoire était terminée.

Il s'était enfui en ne lui accordant pas un seul regard. Magnus était sur le point de passer le dernier vallon quand Alec s'était laissé tomber sur les genoux. Tout s'égrenait devant ses yeux sans qu'il ne puisse rien y faire.

Il releva la tête et hurla de tristesse. Atteré, il sentit soudain la colère l'envahir. Cette colère envers Magnus était d'une puissance inattendue. Il lui avait dit qu'il ne le laisserait pas, qu'il voulait rester avec lui. Alors pourquoi s'était-il enfui sans au moins prendre son point de vue? Tristesse, colère, incompréhension, voilà quelques-uns des sentiments qu'il ne contrôlait plus. Toute cette tempête d'émotions le frappait avec une violence qui aurait tout détruit sur son passage. C'était un tsunami de sentiments contradictoires. Son amour pour Magnus était infini, mais il le détestait pour ne pas avoir cru en lui, pour avoir pensé qu'il préférait son ami.

Soudain, il sentit son cou le brûler comme ce midi, dans la loge de Magnus, alors qu'il devenait de plus en plus colérique. Alec hurla de nouveau. Il venait de perdre Magnus et ses émotions se canalisèrent en lui. Leur idylle n'avait été que chaos depuis le début. Son petit ami n'avait jamais réussi à passer par dessus sa jalousie maladive. Il ne lui faisait pas confiance. Il ne lui avait jamais fait confiance et cette vérité termina les dernières résistances d'Alec. Son chagrin quintupla et, soudainement, la chaleur qu'il ressentait à son cou se transforma en une souffrance physique insoutenable. Difficilement, il releva la tête et vit une lumière rouge éclairer le champs. Sa douleur devint tellement puissante qu'il en perdit conscience.