Regarde-moi

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Simon ouvrit la porte de la maison en soufflant, heureux d'être enfin de retour. Le voyage n'avait pas été de tout repos puisqu'il avait pratiquement fait l'aller-retour en vingt-quatre heures et, il fallait le dire, il était épuisé. À peine la porte s'était-elle ouverte que le groupe entendit les cris de Clary qui résonnèrent pour les accueillir. Elle n'avait pas du tout l'air d'apprécier ce qui se passait. Quelques secondes plus tard, on entendit aussi des grondements inhumains provenant du même endroit.

Izzy et Jace se regardèrent sidérés. Simon et William, eux, n'avaient jamais entendu un son plus effroyable et les cheveux leurs dressèrent sur la tête. Magnus, quant à lui, figea de surprise. Il connaissait que trop bien ce qui se passait à l'étage. Alexander était dans un état second qui arrivait parfois à ceux qui n'avaient pas bu pendant une longue période. Jace se rua dans l'escalier, aussi vite qu'il le pouvait, espérant que la femme serait sauvée avant qu'il la morde. Il retrouva le visage d'Alec à quelques centimètres du poignet de la jolie rousse qu'il avait vue à la télévision, le jour de la conférence de presse. S'il se souvenait bien, c'était la sœur d'Alec.

La jeune femme était en panique, incapable de faire un mouvement, puisque son frère l'avait clouée au mur. Jace se jeta sur le rancher et le dégagea juste assez pour libérer la femme. Il finit par repousser Alec un peu plus loin et Clary lui sauta dans les bras. Elle ne le connaissait pas, mais étant donné qu'elle était apeurée par ce qui venait de se produire, elle chercha immédiatement la sécurité et la protection qu'elle avait besoin. Jace l'entoura de ses bras protecteurs et la transporta au rez-de-chaussée, laissant Izzy gérer le reste de la situation. Bien entendu, Izzy et Magnus étaient intervenus pour retenir Alec qui ne se contrôlait plus du tout.

Il n'y avait aucun doute qu'Izzy était beaucoup plus forte que Magnus. Malheureusement, elle ne fit pas le poids très longtemps contre son frère, beaucoup plus grand et musclé, qui la projeta violemment contre l'autre mur. Affamé comme il l'était, il tenta de tirer Magnus à lui pour le mordre. De nouveau, l'ancien prisonnier se retrouva dans son pire cauchemar. Il ne lui serait jamais possible d'oublier totalement les deux dernières années d'horreur. Malgré tout, et parce que cela impliquait Alec, il prit sur lui et tenta de le calmer.

Il savait qu'il ne fallait pas lutter, que c'était encore pire. Il cessa donc tout mouvement et le regarda plonger sur lui comme s'il était son seul salut à sa soif assassine.

— Ale... Alexander... je t'en...prie... Regarde-moi.

Le rancher tentait d'arracher les colliers qui lui empêchaient l'accès au cou de Magnus.

— Mon... chéri! Regarde-moi!

Alec se redressa par les paroles qu'il reçu en pleine figure. « Mon chéri », c'était le nom qu'il avait employé. Il releva finalement les yeux pour rencontrer ceux de son grand amour. Ils reflétaient la peur, mais aussi la soumission. Magnus se laissait faire, même s'il avait une peur bleue de lui et de son envie incontrôlable.

— Magnus! Aide-moi! Je n'y arrive pas. Tu as peur de moi.

Sa voix était tremblante, mais ses crocs le trahissaient. Il hurla de rage et d'angoisse. C'était la dernière chose qu'il voulait; faire peur à Magnus. Et Clary, elle? Comment pourrait-il la regarder en face, maintenant?

— Magnus! Aide-moi...

Sa voix déchirée était une vraie torture pour Magnus. Il avait laissé Alexander vivre cette souffrance, seul, alors qu'il lui avait promis qu'il serait toujours là pour l'empêcher de perdre le contrôle.

— Respire et regarde-moi, finit-il par articuler.

— Je vais te mordre, cria-t-il désespérément.

— Regarde mes yeux cintaku, je ne te quitte plus.

Le rancher accrocha ses mains aux épaules de Magnus et figea son regard à celui de l'ancien prisonnier. Ses yeux... ils étaient magnifiques... encore plus beaux que dans son souvenir. Il respira un bon coup, comme Magnus le lui avait appris. À sa seconde respiration, la tension dans tout son corps se relâcha. Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux. Il réalisait qu'il ne pouvait pas se passer de Magnus, qu'il n'était qu'une loque sans son amour et qu'il devrait apprendre sans lui. Il ne pouvait pas toujours mettre en danger les gens qu'il aimait, à chaque jour de sa vie, parce que Magnus l'avait quitté.

— Pourquoi?! Pourquoi je ne suis pas comme tout le monde, Magnus? Je ne demande pas d'être riche ou puissant, seulement d'être ordinaire.

Izzy qui s'était remise de sa bousculade, frottait l'arrière de sa tête et était, jusqu'à présent, restée en retrait pour écouter la réflexion de son frère. Elle osa intervenir, quand elle comprit que le danger était finalement écarté.

— Bonsoir Alexander! Je m'appelle Isabelle Lightwood, commença-t-elle en recevant un regard interrogateur d'Alec. Oh! désolée, continua-t-elle en comprenant le questionnement de son frère. C'est Magnus qui nous a amené ici, avec ton ami Simon. Je suis ta sœur biologique.

— Quoi?

— Oui, je t'ai vu à la télévision, avec Magnus, quand il a fait sa conférence de presse. Tu as reçu la marque dans ton cou. C'est celle de notre famille; les Lightwood. Tu es notre frère. Elle caressa l'endroit où se trouvait sa marque.

— Et cette marque, est-elle supposée avoir une utilité, demanda-t-il encore très assoiffé. Magnus semblait dire que c'était une histoire de filiation, mais est-ce qu'elle a une autre raison d'exister?

— Pour les vampires normaux, ce n'est qu'un héritage biologique qui prouve que tu es bien le fils d'un autre vampire. Pour toi et papa, c'est une arme extrêmement puissante.

— Je ne comprends pas. Comment une marque peut-elle être une arme?

— Seuls les héritiers royaux ont une marque différente. Le roi la transmet à son aîné, à ses vingt-cinq ans. On croyais que tu étais décédé et que Jace serait le successeur, mais tu l'as reçue. Il ne l'aura pas, à moins que tu meurs avant d'avoir une succession.

— Tu veux dire que je suis une sorte de prince des vampires?

— Pas un simple prince, mais LE prince héritier.

— Non! Je ne veux pas de ça! Ce Jace peut avoir la marque, s'il la veut.

Isabelle se mit à rire doucement.

— Tu ne comprends pas, Alec. Tu as une telle puissance de destruction. Il ne faut pas mettre ça entre les mains de Jace. Il est beaucoup trop colérique.

— Mais pourquoi? Ce n'est qu'une marque!

— NON! NON! NON! Elle peut détruire tout sur son passage, à des centaines de mètres. Sa lumière fige instantanément tout être vivant qui est touché.

— QUOI? Tu veux dire que mes chevaux sont morts par ma faute?

— Tu as activé la lumière?! Alexander, qu'est-ce qui s'est passé? La lumière ne s'active que lorsque tu es vraiment furieux ou quand tu n'es plus capable de contrôler tes émotions.

— Oui, c'était les deux à la fois, souffla Alec.

Il regarda Magnus, honteux. Il était furieux qu'il n'ait pas eu plus confiance en lui, mais en même temps il avait le cœur brisé et ses émotions avait été catapultées. Sa tristesse, son angoisse, sa peur, elles étaient toutes multipliées au centuple. Il n'avait pas pu gérer son état et il s'était évanoui.

— Je me suis évanoui, après le départ de Magnus, dit-il en retournant son visage vers Izzy. Quand j'ai repris conscience, j'ai vu trois de mes chevaux, morts. Ils semblaient tous avoir été figés dans le roc.

— Ta lumière est très dangereuse, déclara Izzy. Tu dois être prudent, maintenant que tu as la marque.

Simon était monté pendant que la fratrie discutait. Il tendit subtilement une poche de sang à Magnus. Ce dernier posa sa main sur l'épaule d'Alec et demanda au rancher de le suivre dans sa chambre, laissant Izzy redescendre avec Simon.

— Tu dois t'alimenter, Alexander et je n'accepterai pas un non comme réponse.

Sang espoir (Malec AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant