Les lois de la physique

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Lorsque l'on mange une sucrerie, on la déguste lentement, avec appétit. Puis le paquet se présente devant nos yeux, encore plein et juste entrouvert pour y laisser passer une main. On pioche dedans sans trop y penser, et à un moment donné, ça en devient écœurant. Le gout du sucre trop fort dans la bouche donne une impression de nausée. Quand on achète plusieurs fois la même friandise, on finit par s'en lasser, quitte à ne plus l'aimer.

C'est comme ça que sont faits tous les plaisirs du monde, non ? Alors expliquez-moi donc.

Pourquoi sa fichue présence, son rire, sa joie, ses expressions, son être, ses lèvres, me hante sans que je ne m'en lasse jamais ? Enfin, quand même, ce n'est pas rien. Ça défie les lois de la physique, très chers. Donnez-moi un seul bon argument qui justifierait le fait que mes prunelles sont sans cesse rivées vers cette personne ? J'ai l'impression d'être ce pitoyable aimant en cour de physique-chimie (dont je ne comprenais pas un mot, du temps où j'étais à l'école) que nous avons tous vus durant notre vie.

Je sentis soudain une pression sur mon épaule, et sursauta de surprise.

Chenle : DIS DIS DIS DIS DIIIIS JUNG ! JE SUIS AVEC JISUNG OLALA !

Encore perdu dans mes pensées, je lui souris doucement. Il portait un tour de cou noir et fin, de velours qui montrait en évidence sa peau blanche et immaculée. Sa chemise d'écolier flottait autour de son corps petit, avant de rentrer en quelques plis dans un pantalon large coupe qui le rajeunissait. Il ressemblait à un ange sauveur prêt à sa mission, tant et si bien que quelques mots s'échappèrent de ma gorge.

Jungwoo : Pourquoi Yukhei est comme ça ?

Le petit homme face à moi haussait un sourcil tracé minutieusement au crayon.

Chenle : Pardon ? Lucas ? Il est comment.

Jungwoo : Bandant.

J'ouvris des yeux ronds, tandis que les siens s'étendaient tel des soucoupes. Petit à petit dans le moment présent, j'analysais mes anciennes paroles.

Pardon ?

Hein ?

Quoi ?

Surpris par moi-même, je m'étouffai parfaitement avec ma salive, avant de tousser de façon si peu glamour que je voyais le chinois rire en se tenant le ventre. D'un rire aigu qui eut le don de m'énerver. M'ébouriffant rapidement les cheveux, je le toisais d'un regard mauvais. Au moment où j'allais me mettre à crier plus fort que sa voix infernale, plusieurs personnes s'invitèrent à la conversation, discutant ensuite de tout et de rien. L'un d'entre eux souriait de toutes ses dents, observant ses amis de ses beaux yeux au regard intense.

C'est lorsqu'ils tombèrent à l'encontre des miennes que je me sentis presque trembler. Son nez rougis par le froid hivernal le rendait si mignon, lui qui avait pour habitude de se montrer sous sa forme viril et envoutante, il ressemblait à un petit garçon innocent et joyeux. Ses cheveux soyeux coupés récemment et repeints de bleu lui donnaient un côté calme et simple, une simplicité qui contrastait avec son buste parfaitement développé. A mesure que ses orbes se concentraient à admirer mieux les miennes, je sentais ce noyau de bonheur tinter dans un coin de mon être, propageant ses paillettes partout. C'était si spécial. Comme si le temps, les bruits alentours, le monde, s'arrêtait rien que pour nous, pour nous laisser ce moment secret.

Le coin de ses lèvres s'étirait un peu plus, suivies rapidement des miennes.

Il fallait éviter ce sentiment. Ce sentiment qui pourrait se transformer en danger si je m'y abandonnais plus que ça. J'avais presque dépassé la limite du raisonnable or il était encore temps de tout arrêter. Il fallait faire vite.

oupsi! luwooOù les histoires vivent. Découvrez maintenant