Chapitre 9.

42 7 1
                                    

Harry

J'ouvris les yeux, descendant en silence de mon lit pour attraper ma veste et mes chaussettes. Faisant le moins de bruit pour ne pas tous les réveiller, je traversai la chambre sur la pointe des pieds, refermant la porte derrière moi, arrivant, seul, dans le couloir.

Je descendis rapidement les marches en pierres, prenant garde de ne pas trop faire résonner mes pas dans la vieille bâtisse, pour arriver devant la porte jamais fermée. Je me retrouvai bien vite dans l'air de la montagne, froid même en mai, lorsque les températures en plaine se faisaient plus clémentes.

Comme hier matin, je m'assis sur un rebord de pierre, fixant simplement le paysage noir devant moi.

Le lac n'était plus visible, les montagnes non plus, elles-aussi camouflées dans la noirceur de la nuit.

Ma main me brûlait affreusement. Ma main blessée que Louis ne cessait de bander et rebander, panser et repanser, ne cessait de me lancer. Sur mon muret, c'était effectivement à ça que je pensais.

Ayant l'impression que ma main abîmée suffoquait sous le pansement que Louis avait soigneusement pris le temps de faire hier soir, j'attrapai le bout de la bande, la déroulant délicatement d'autour de ma main.

Lorsqu'enfin le vent froid balaya ma plaie maintenant à l'air, je retins de justesse un grognement de douleur, tant le froid s'incrustant dans ma blessure fut tranchant.

Utilisant la faible lumière lunaire, j'observai précautionneusement ma main, jurant contre elle en me rendant compte que la plaie ne s'était toujours pas améliorée et que je n'avais aucune idée de comment remettre en place ce pansement. Or, Louis n'apprécierait que très peu mon ravage.

Je le savais.

Pour tout dire, je savais beaucoup de choses sur Louis.

Quelques années auparavant, je le connaissais si bien que j'étais près de prédire ses plus petites actions. Je le connaissais depuis petit. Tout petit.

Nous étions ce genre d'enfants à tout faire ensemble. Grandir surtout.

Lorsque nous étions petits, nous étions si souvent ensemble, que ce fut presque main dans la main que nous avions fait nos premiers pas. Et ce que je pouvais affirmer, c'était que durant toute notre enfance, nos mains ne s'étaient pas lâchées.

Nous avions toujours été là l'un pour l'autre, marchant ensemble, sur les même traces ; lorsque j'avais commencé l'escalade avec mon père, c'était Louis qui m'avait suivi. Nous avions gravi nos premières voies ensemble, nous avions avancé ensemble, nous étions tombés ensemble.

Puis lorsque nous avions commencé l'école, nous avions rencontré Liam, Zayn et Niall qui habitaient tous les trois le quartier de Louis. Au fil des années, nous étions tous amis au même titre, pourtant, je savais au fond de moi que Louis avait toujours ce petit quelque chose en plus. Lorsque nous allions tous grimper, c'était Louis dont je prenais le plus soins, c'était lui que j'assurais... Il agissait pareillement. Nous avions toujours été plus proches.

C'était lui qui venait visiter mon père en Suisse, avec moi, c'était lui qui venait dormir à la maison, c'était lui à qui je disais tout, c'était avec lui que j'avais les plus gros fous rires. Nous étions complices et partenaires de crimes.

Le cauchemar pour tous parents et le rêve de chaque amitié.

Mais jamais rien n'était parfait.

Ça s'était arrêté subitement. Abruptement. Comme une falaise.

Notre amitié avait été une falaise. Une abrupte falaise.

J'étais tombé, mais lui, s'était envolé et une fois n'était pas coutume, ce n'était pas moi à ses côtés. Et au fil des jours, cette coutume était devenu une habitude.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant