Chapitre 10.

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Louis

- Louis, s'exclama Victoire en débarquant dans la chambre où je rangeais mon sac. Je me retournai pour la voir complètement excitée au coin de la porte.

- Oui ?

- Harry, il a une copine !

Je restai immobile, la fixant longuement en clignant bêtement des yeux.

- La fille qui l'a appelé, c'est sa copine, il me l'a dit ! T'y crois ça ! Monsieur cœur de pierre est amoureux !

À ces mots, je sentis mon cœur se serrer. Je ne sus pourquoi, mais cela me fit mal.

Peut-être parce qu'enfin, je me rendis compte de combien lui et moi, nous étions éloignés. Il ne me l'avait pas dit, je ne l'avais même pas soupçonné. Je l'avais perdu. J'avais définitivement perdu Harry.

Perdre quelqu'un qui avait toujours été dans votre vie, ça faisait mal. Et jamais la douleur que je n'avais ressenti face à cet éloignement avait été autant douloureuse.

Perdu et peiné, je m'assis sur le lit, fixant un pied de celui de Zayn, face au mien.

Victoire ne fit pas long pour venir près de moi, me serrer contre elle.

C'était d'exactement ça dont j'avais besoin et je me laissai pleinement aller dans ses bras, soupirant en contrôlant le torrent d'émotions qui s'écoulait dans mes veines.

Victoire ne dit rien.

Elle savait combien Harry et moi étions proches, elle comprenait chaque réaction que j'avais lorsque cela le concernait. Elle ne posait jamais de question, respectant mon silence. Et lorsque je parlais, elle m'écoutait simplement, seulement témoin de ma détresse, de ma rage, de ma tristesse et même de mon indifférence.

- Je l'ai perdu... N'est-ce pas ? Je l'ai perdu...

Il y a si longtemps, il m'aurait tout dit.

Harry serait arrivé vers moi tout sourire, m'annonçant qu'enfin, il avait trouvé quelqu'un. J'aurai été le premier au courant. Avant même que sa mère ne le sache, avant Gemma, avant Victoire. Ça aurait été moi, j'en étais sûr.

Mais aujourd'hui, ce n'était plus moi.

Notre amitié, notre complicité, tout s'était effrité entre nos doigts, s'envolant dans le vent, loin dans les montagnes.

Au fond, sans ces montagnes, peut-être que nous n'aurions jamais été le Louis et le Harry que nous avions été. C'était elles qui nous avaient rapproché, passionné. Nous partions tous les deux grimper, marcher. Nous parlions, nous riions, nous nous complétions.

Mais tout ça était terminé aujourd'hui.

- Tu ne l'as pas perdu Lou, chuchota Victoire en caressant mes mèches. Rien n'est jamais perdu... Tu ne penses pas ?

- Il est trop loin... Beaucoup trop loin, je ne peux plus le rattraper.

- Tu ne lâches jamais rien. Tu ne lâcheras jamais Lou. Souviens-toi de ça. Souviens-toi de ce qu'il t'a dit. Tu ne peux pas lâcher.

- Je l'ai déjà perdu... Je l'ai déjà lâché...

Elle secoua la tête, faisant rebondir son chignon chocolat. Je relevai mes yeux, fixant le nœud bleu sur ses mèches. Je le suivis des yeux, finissant par pouffer, alors que Victoire ne cessait de secouer la tête dans le but de me faire rire. Lorsque sa mission fut achevée, elle me serra plus fort, déposant un bisou sur mon front, avant de se relever en me tendant ses deux mains.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant