Chapitre 30.

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Louis

La sonnette retentit.

Harry ne m'avait pas menti. Je l'avais bien compris, il arrivait. Il volait vers moi, les ailes tendues, le cœur battant, il venait me rattraper dans ma chute.

Je fermai mes paupières, laissant mes cils caresser mes joues humides.

De grosses larmes s'écoulaient encore de mes yeux fermés, venant se noyer sur mes joues.

La sonnette se fit plus stridente, me faisant faiblement me lever de mon lit que je n'avais pas réussi à quitter. Lentement, séchant mes joues, calmant mon souffle, je me dirigeai vers l'entrée, ouvrant la porte pour découvrir Harry qui était là.

Qui m'avait répondu, qui était venu.

Je sentais son regard sur moi, mais refusai de lever mes yeux.

- Je peux entrer ? Il demanda doucement.

Me sentant incapable de dire quoi que ce soit, je me tirai sur le côté, lâchant la porte, me laissant tomber contre le mur.

Les roues du fauteuil passèrent la porte, bringuebalant sur le pas de celle-ci.

Je ne levai pas mon visage vers les yeux verts scrutateurs posés sur moi. J'entendis la porte se fermer, avant que ce bruit qui était tristement devenu habituel, des roues sur le sol, s'approcha de moi. Et ce fut lorsque deux mains qui s'étaient tant de fois tendues pour s'envoler, se posèrent sur mes épaules, que mon regard s'entrechoqua au sien.

La glace et les sapins se rencontrèrent, mais nous n'étions pas dans les films. Rien n'allait se passer.

Je ne me faisais pas d'idées. À force de tout perdre peu à peu, nous nous faisions à l'idée de ne plus jamais rien obtenir.

- Je suis sûr que tu veux un thé à la menthe... il souffla, lâchant mes épaules.

Et il me fit sourire. Sourire aux-travers de mes larmes de détresse. Mes larmes de manque.

Harry me fit sourire aux-travers de toutes ces émotions qui coulaient sur mon visage.

C'était ainsi.

Harry tenait une partie de mon cœur et il suffisait qu'il me regarde pour que je sourie.

Je hochai la tête, le voyant partir vers la cuisine. Les roues semblaient frôler le sol, pourtant elles étaient le seul bruit entre ces murs. Le bruit de ces roues et le bruit de mes larmes.

- Viens Louis, il m'appela depuis la cuisine, un instant plus tard. Va t'installer sur le canapé...

Comme si je n'étais plus capable de réfléchir, comme si l'altitude que je perdais en chutant venait bloquer mon esprit. Je ne pouvais que marcher, pensant à Harry en chaise dans ma cuisine et à Victoire. Au ciel.

Et je ne savais laquelle de ces pensées fût la plus douloureuse.

Harry, ou Victoire.

Je ne le saurai jamais, je ne pouvais pas comparer.

La douleur de deux vies retirées trop tôt.

Et moi, qu'on avait épargné. La vie qui restait. La vie qui se devait de protéger celui qui continuait d'avoir un cœur battant. Bien que la sienne l'eut quitté.

- Un thé comme tu les aimes Louis, me dit doucement Harry, déposant devant moi une tasse pleine d'un liquide fumant. J'ai ajouté un sucre... La tasse était dans le lave-vaisselle, je l'ai rincée si jamais elle n'était pas propre...

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant