Chapitre 23.

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Harry

- Je ne voulais pas te faire pleurer... je soufflai, regardant délicatement Louis, de fines larmes coulant sur ses joues.

Il releva doucement son regard bleu rendu encore plus brillant suite à l'émotion qui y débordait. Nos regards se croisèrent une demi-seconde, assez pour que j'y lise tout ce que ses paroles n'arrivaient pas à formuler.

De la gratitude.

Mais qu'avais-je fait pour en recevoir de sa part ?

Je baissai mes yeux, fixant mes doigts qui se tordaient, perdant mes pensées sur ces mains qui avaient vues tant de choses. Qui avaient tant donné.

Je n'avais plus rien à dire. Je ne savais plus que dire à Louis pour l'aider. Pour le rattraper alors que moi-même, je tombais. J'étais perdu. Vide de paroles. Vide sous mes pieds. Vide entre nous.

Mais bien trop de pensées qui s'emmêlaient dans ma tête.

Qui m'enfonçaient encore plus.

- Merci Harry, murmura Louis. Je sentis son regard bleuté se poser sur moi, mais je ne fus pas assez brave pour le croiser. Alors ma tête resta penchée en avant et je haussai des épaules. -Merci de me comprendre, il souffla à nouveau, me faisant mal au cœur.

De cette douleur soudaine, brute, forte. Je ne bougeai pas, je ne montrai rien, pourtant, mon cœur avait mal.

Mal de souvenirs. Mal de ce temps qui s'était déroulé, tombant dans ce vide entre nous.

Je comprenais Louis. Je l'avais toujours compris. Cela n'avait pas changé. Je le comprendrai toujours.

Nous avions passé trop de temps ensemble pour ne plus pouvoir lire les émotions de l'autre. C'était impossible, impensable. Même si durant ces deux années, nous nous étions à peine adressé la parole, les dix-huit que nous avions passées côtes à côtes ne pouvaient pas s'effacer comme ça.

Que nous le voulions ou pas, nous avions été bien trop proche pour pouvoir nous séparer, nous éloigner à jamais.

Malgré ces deux ans, Louis restait Louis. Harry avait changé, Harry avait souffert ; mais Harry restait Harry. Et Louis et Harry avaient été amis. Frères.

Même le temps ne l'effacerait pas. C'était trop de souvenirs, trop de rires, trop de bons moments, trop de soutien, trop de tout. Trop de vie.

Mais aujourd'hui, nous étions face à un choix. Notre propre choix.

Je me laissais tomber, arrêtais définitivement de lutter, m'éloignant encore et encore, indéfiniment, de Louis qui volait au-dessus de moi. Ou alors je reprenais mon combat contre la vie qui n'avait jamais voulu me laisser en paix. J'essayai de rebattre des ailes, me battant contre le poids de ma chute, le poids de mes jambes, pour rejoindre Louis.

Et je ne voulais pas perdre contre la vie.

Comme je venais de le dire à Louis, nous n'avions que vingt ans. C'était trop tôt pour nous laisser abattre.

Mais surtout... Louis était à côté de moi. Plus proche que jamais il ne l'avait été durant tout ce temps.

Et je ne voulais pas encore une fois le laisser voler à tire d'aile, alors que je resterais derrière, trop faible pour le suivre. Tombant sous lui dans une chute qui annoncerait ma fin.

Je ne voulais pas de cette fin. Mais j'étais perdu. Tellement perdu.

J'avais le vertige.

Moi Harry, qui avais dédié sa vie aux plus hautes choses que la nature avait créées. Moi Harry qui avais toujours aimé ce vide sous mes pieds, cette seule roche qui m'empêchais d'y tomber, j'avais peur du vide. J'avais le vertige dans ce combat contre la vie, contre moi-même.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant