Chapitre 33.

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Harry

Je l'avais dit. Ces mots avaient dépassé mes lèvres. Ces mots avaient atteints les oreilles de Louis. Je ne pouvais pas revenir en arrière. Je savais qu'il se souvenais autant bien que moi de ce souvenir. Je savais qu'il savait. Maintenant, il le savait.

Il se souvenait de ce jour. Il suffisait de voir son visage qui semblait figé pour en être sûr. Nos regards étaient accrochés; et pour rien au monde, à cet instant, je ne les aurais voulu séparés.

On se regardait, pourtant, derrière nos yeux je savais que ce même instant se présentait, se déroulait telles les bandes d'une cassette devant nous.

Alors je continuai de le regarder. Visionner ce souvenirs.

Dans son bleu, je vis deux jeunes courir. L'un avait de fines mèches châtains, le second d'épaisses boucles indomptables.

Je les fixai, courir, le sourire aux lèvres. Courir dans la montagne. Je les fixai, fixai, fixai, jusqu'à ce qu'ils soient les deux seuls choses perceptibles.

Ce fût comme si je fermai mes yeux. Mais mon regard était ouvert, perdu dans celui de Louis.

Alors ce fût les yeux ouverts que je laissai ce flash-back me rattraper, m'emporter deux ans et plus auparavant. Vers ce lac.

- Louis, viens !

En riant, je le voyais courir sur les rochers, son sac à dos sur les épaules. Il sautait de roche en roche, me fixant en riant. Il savait que je n'aimais pas lorsqu'il faisait ça, les cailloux étaient glissants, je ne voulais pas qu'il se blesse. Mais je souriais tout de même.

Il finit par me rejoindre, essoufflé, me faisant rire de lui. Et ensemble, nous nous mîmes enfin en avant pour les derniers mètres. Les derniers mètres jusqu'au chez-nous qui était ce lac.

- On y est, sourit Louis lorsque je posai mon sac sur un caillou, à quelques pas de la surface argentée qui brillait près de nous.

Soupirant, posant mes mains sur mes hanches, je fis tourner mon regard autour de nous, admirant ces chaînes de montagnes qui nous entouraient. C'était beau, si beau. Dans l'eau clair, les cimes se reflétaient, nous époustouflant de leurs grandeur, leurs sommets enneigés, leurs gris, leurs blanc, le ciel bleu. Je voulais rester ici, longtemps. Avec Louis, coincés dans cette carte postale. Sans problème, sans galère, juste nous deux et la montagne. À quelques nombreuses dizaines de minutes de chez mon père.

Peut-être que je disais souvent que sa cabane était mon chez-moi. Là d'où je venais. J'y étais attaché, certes. Mais au fond, c'était ici que je me sentais le mieux.

Et quand je tournai ma tête je vis que Louis aussi. Il aimait être ici, autant que moi. Nous semblions être comme ça ; là où il était bien, je l'étais aussi.

- On mange et on va se baigner, ou on va se baigner et on mange ? Il demanda, en détournant son regard des montagnes pour me regarder. Comme si c'était moi. Moi son entière chaîne de montagne.

- On va se baigner en mangeant ?

- Harry, dégage, il s'esclaffa, me bousculant. Le sourire aux lèvres, je lui rendis sa bourrade, faisant passer mon t-shirt par-dessus ma tête.

- Moi je vais me baigner.

Louis rit. M'avançant vers l'eau cristalline, je sentais son regard dans mon dos. Je le sentis si fort que je me retournai, lui tirant la langue en lui faisant signe de venir me rejoindre. Il n'en fallut pas plus pour que son torse finement musclé soit découvert et qu'il vienne me rejoindre, dans le lac.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant