Chapitre 25.

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Harry

Mes yeux étaient perdus. Perdus dans la nuit. Mon regard fixait le noir, les nombreuses gouttes de pluie tombant du ciel. Mais mon esprit était concentré sur les voix venant d'en-haut dessus. De là où tous étaient réunis pour regarder un film quelconque. Leurs éclats de rire résonnaient à mes oreilles, leurs commentaires enjoués aussi. Leurs voix m'accaparaient, semblant venir de partout.

Mais je ne voulais pas les rejoindre. Je ne voulais pas. Après cette journée, j'avais besoin d'être ici. Seul.

Après ce qui me sembla des heures, les voix télévisées cessèrent enfin, ne laissant plus que celles de mes amis résonner dans la maison. Je les entendis monter dans les chambres, se souhaitant bonne nuit. Les lumières du dessus s'éteignirent, me laissant face à la fenêtre seulement éclairé de ma lampe de chevet.

Je ne bougeai pas, laissant mon ombre se peindre sur le mur derrière moi. Une faible ombre dans la clarté. La faible ombre d'un faible homme.

Mes pensées m'inondèrent, ma solitude devint oppressante. Mes jambes étaient lourdes. Si lourdes. Je suffoquai, mes larmes menaçaient, mais je ne les laissèrent pas couler. Elles n'en eurent de toute façon pas le temps.

Je l'entendis arriver.

Les marches craquèrent. Sa main encore bandée se posa sur la rampe d'escalier. Je détournai la tête lorsque son visage apparut, me remettant à observer les gouttes de pluie, roulant sur la vitre.

Une chaise racla le sol et il s'assit à mes côtés.

- À quoi tu penses ? Demanda Louis, posant ses yeux si bleus sur moi.

Je ne lui répondis pas, je n'en voyais pas l'intérêt.

Mais lorsque sa main se posa sur mon épaule, je le laissai faire. Je ne bougeai pas, le laissant être là, près de moi.

- Je sais qu'aujourd'hui a été une dure journée pour toi, il souffla. Je sais que ça n'a pas dû être facile.

- Mes jambes sont lourdes, je chuchotai, désirant presque qu'il ne saisisse pas mes paroles.

Cette fois-ci, ce fût lui qui ne dit rien, me laissant me replonger dans mes pensées, rythmées par cette pluie qui n'avait pas cessé.

Mais Louis était là. Je n'étais pas seul.

- Tu te souviens de quand on était petit ? Il chuchota, se rapprochant de la vitre, y soufflant pour y déposer de la buée sur laquelle les larmes du ciel continuaient de se laisser couler.

Sa phrase resta en suspend, mais je n'y répondis pas. Je savais qu'il n'avait pas fini. Qu'il laissait vagabonder ses pensées pour trouver cet exact souvenir dont il voulait me faire part. Ce souvenir qui lui rappelait ce moment que nous passions maintenant.

Et dans mon esprit, dire qu'il ne se passait pas la même chose serait mentir.

En effet, mes pensées se déroulaient, passant si vite devant mes yeux qu'en saisir qu'une seule était impossible. Alors je n'y fis rien, les regardant simplement se presser devant mes yeux, attendant que Louis ait trouvé la sienne. Celle qui nous serait commune et nous ferait sourire. Celle qui réussirait à me faire oublier mes jambes bien trop lourdes pour un instant.

- On regardait les gouttes couler sur les fenêtres de la cabane... On choisissait une goutte et on faisait la course...

- Finalement, on ne gagnait jamais puisqu'on la perdait en route, ou qu'on commençait à en suivre bien plus... je souris. Bien sûr que je m'en souviens... Un doux sourire apparut sur les lèvres de Louis, me faisant esquisser un rictus.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant