Chapitre 19.

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Harry

Encore une fois, ce matin, je réussis à sortir moi-même de mon lit.

Cela faisait une semaine peut-être que je réussissais à le faire. Mais pourtant rien ne changeait. Je me sentais toujours autant inutile, incapable. Je ne pouvais plus marcher, plus grimper. Je ne verrai peut-être même plus jamais mon père.

Chaque matin pourtant, je me levais et je voyais le soleil se lever lui-aussi. Avec Louis.

Mais aujourd'hui, il ne semblait pas encore s'être réveillé. Alors je me mis à pousser sur mes bras, avançant dans la cuisine, me démenant pour faire bouillir de l'eau. Ne pouvant attraper les tasses, j'ouvris plutôt le meuble, y sortant deux bols, réussissant avec peine à attraper deux sachets.

Au fil de mes mouvements, le soleil se levait toujours plus, l'heure tournait et Louis n'apparaissait pas. Toujours pas.

Je versai l'eau fumante dans les bols, me brûlant les doigts en en attrapant un pour aller passer le pas de la fenêtre ouverte sur la terrasse. Je refis le chemin, attrapant le second, allant le déposer aux-côtés du premier, restant près d'eux deux à observer le soleil face à moi.

Peu à peu, la fumée des thés bouillant s'évapora de moins en moins dans le ciel devenant rose. Louis n'étais toujours pas là.

J'avais soif, mais je ne voulais pas entamer mon thé. Je voulais l'attendre.

Alors je regardai cette boule de feu grimper dans le ciel, escalader les nuages, sortir de la chute qu'elle faisait depuis s'être couchée hier soir.

Comme moi, elle tombait. Mais elle, elle se relevait chaque matin, continuant de grimper encore et encore dans le ciel, me laissant continuer de tomber, dans cette chute sans fin.

Soudain, l'un des deux bols disparu, me faisant brusquement me retourner pour me retrouver face à Louis, le soleil se reflétant dans ses yeux bleus qui semblaient enflammés.

- Bonjour, je dis, le regardant toujours. Il termina sa gorgée, avant de baisser ses yeux vers moi et de légèrement me sourire.

Aucun de nous ne prononça une chose de plus. Nous laissâmes seulement le vent de cette chaude aube d'été, balayer nos cheveux, remplissant le silence.

C'était devenu une habitude. Peut-être bien.

Le soleil se levait devant nous, nous ne parlions pas. Nous n'avions rien à nous dire, je tombais et lui, il volait. Puis Niall venait nous rejoindre sans poser de question, il s'asseyait et Louis partait. La journée passait ainsi. Je restais avec ma mère ou Zayn, Liam et Niall. Nous passions la journée sans Louis.

Il semblait s'isoler, il ne venait plus avec nous. Et lorsqu'il était là, il ne souriait pas, il restait à l'écart, alors que j'écoutais les autres parler de montagnes.

Je voulais y retourner.

Je voulais retourner dans ces montagnes. Je voulais continuer de les gravir, les apprendre, les connaître. Je n'avais que vingt ans et rien ne m'était plus possible. Ma vie était foutue, terminée. Me battre ne servait plus à rien, j'étais devenu inutile. Un fardeau pour les autres, c'était tout. Je ne parlais pas, je ne riais plus, je ne bougerai plus jamais. À quoi servais-je ?

À plus rien.

Et pour je ne sais quelle raison, ce fut la question que je posai à Louis le matin suivant.

À quoi servais-je ?

Pourquoi à lui. Je n'en savais rien.

Peut-être parce qu'il me semblait encore le seul à véritablement me regarder. Par pour celui que j'avais été, mais pour celui que j'étais maintenant. Dans son regard, il n'y avait rien d'autre que ce qu'il voyait.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant