Chapitre 34.

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Louis

Harry dormait encore. Ses boucles chatouillaient mon bras que j'avais remonté près de son visage, posé sur le dossier du canapé. Il semblait calme, tous ses soucis semblaient s'être envolés. Loin, très loin. Ma tête posée sur son cœur, j'entendais ses battements, je les sentais.

Mon regard s'accrocha finalement à ses joues, ses lèvres. Je voulais les embrasser. Encore, encore et encore. Je ne voulais jamais m'arrêter. Lorsque hier soir, nos lèvres s'étaient rencontrées, je m'étais senti si bien. Lorsque nos torses s'étaient touchés, je m'étais senti chez moi. À la maison. Je m'y étais accroché, je l'avais tenu contre moi. J'avais eu peur qu'il réalise ce qu'il faisait et qu'il le cesse soudainement.

Cet instant ne pouvait pas prendre suite. Ça ne pouvait pas continuer.

Même si je le voulais, Harry n'allait pas l'accorder. Harry n'était pas pour moi, Harry était pour Mya. Ce matin, il réaliserait ce qu'il avait fait puis il prendrait la fuite. Et il aurait raison. Je n'avais aucun droit de prendre part à cet instant. Par ma faute, par mon accord qui m'avait été impossible à refuser, Harry avait trahi Mya, qu'il aimait.

En soupirant, le quittant des yeux, je ramenai mon bras le long de mon corps, me relevant lentement de son torse, me décollant de lui. À contre cœur, mais à courant de raison.

Soupirant, les doigts tremblant, j'allai à la cuisine, préparant deux chocolats chauds. Je savais qu'il les aimait autant que moi. Alors que le lait chauffait, je me remis à le fixer. Je ne pouvais m'en empêcher, c'était au-dessus de mes forces. Il semblait si paisible, il semblait si calme. J'avais arrêté de compter le nombre de fois où, petit, je m'étais levé de mon matelas sur la pointe des pieds pour aller le voir dormir. Je me souviens de ses boucles éparpillées en couronne autour de son visage enfantin. Il était si mignon.

Mais aujourd'hui, posé sur ce canapé, les boucles entourant son visage, il n'était plus mignon.

Il était devenu beau. Si beau. Tout autant beau que la plus belle vue que les montagnes puissent nous offrir. Même plus.

Le bip du micro-onde me fit sursauter, me sortant de mes pensées, mon observation. Je me retournai pour ajouter le chocolat dans les tasses, mélangeant lentement, perdu, loin. Très loin. Puis, les portant à bout de doigts, je pris les deux tasses jusqu'à la table du salon. Et à contre cœur, je m'installai sur le fauteuil, face à Harry plutôt qu'à ses côtés, sur le canapé.

Je restai là, jusqu'à ce qu'il ne commence à bouger. Lentement, mouvant sa main sur son ventre, avant de se frotter les yeux pour les ouvrir en écarquillant les yeux.

- Louis ? Il demanda, posant ses mains sur le canapé en fronçant les sourcils. Louis ?

- Je suis là... À peine eus-je eu le temps de terminer ma phrase qu'il releva ses yeux encore bouffis de sommeil vers moi.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je t'ai préparé un chocolat chaud... Je viens de me réveiller, je tentai de dire d'un air détaché.

- Pourquoi tu es là-bas ? Je fronçai mes sourcils. Pourquoi tu n'es plus ici, avec moi ?

Mon cœur sembla sursauter. Comment étais-je censé le lui dire ? Je ne voulais pas le faire maintenant, alors qu'il venait de se réveiller, alors que son jour venait de commencer.

- Je ne voulais pas te réveiller, je dis alors.

- Pourquoi tu ne viens pas ? Je ne sus que répondre. Mais je n'allai pas. Je restai là, sur mon fauteuil, face à lui. Face à son visage, face à ses yeux, face à ses lèvres.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant